Dans quelques jours, cala fera trois ans que ma compagne a fait une rupture d’anévrisme. Depuis ce jour terrible notre vie a complètement changé: nous avons du oublié nos rêves, comme fonder une famille, et voir notre autonomie diminuer.
Trois années, ça peu par être long, mais j’ai l’impression que c’était hier. Je pense souvent à notre vie d’avant, et à la nuit du drame. Je n’arrive pas à tourner cette lourde page de ma vie. J’imagine que tout va redevenir à la normal, comme par magie.
Je vous propose un poème sur mon ressenti face aux hauts et bas de la vie.
Souvent j’ai la sensation d’être dans une petite embarcation sur une mer déchainé Suis ballotté en tous sens, sans pouvoir réellement choisir le cap Les éléments naturels en rages me désorientent M’obligeant à chaque fois à changer de destination Puis il y a les vagues, tel des murs d’eau voulant me submerger Je les monte, en espérant voir l’horizon ensoleillé Plein de projets me viennent en tête, même de trop Des rêves irréalisables, démunis de sens J’arrive à leur sommet, tel un roi Mais il n’y a pas d’horizon Juste une longue descente rapide Oublié les projets et les rêves Me plongeant dans un long désespoir Finalement le creux de la vague me propose une accalmie Avant d’en monter une nouvelle
Nous, qui devient un joli mot, prévoyons des projets impensables auparavant, à cause de mon handicap
Enfants, voyages et peut être un mariage
Nous avançons vers le soleil, main dans la main
Soudain, sans prévenir, nous entamons une violente descende nommée la « rupture d’un anévrisme »
Tout va si vite, beaucoup trop vite
La mort nous frôle de très près, en mettant une immense incertitude dans notre vie
Notre futur est anéanti, et il est remplacé par un vide
Durant ton sommeil, je me pose mille et une questions : comment seras-tu à ton réveil ? Pourrons-nous vivre comme précédemment ? Quand réveilleras-tu ? Nos projets sont-ils partis en fumé ?
Puis la descende ralentit, à ton réveil
Je te découvre, avec ton handicap et ta nouvelle personnalité
Des petites montées et décentes rime notre quotidien, en fonction de tes progrès
Assis face à un adolescent dans un train
Nous partons tous deux rejoindre nos fiancées respectives
Il a vécu de moitié moins de moi
La gaieté et l’insouciance accompagnent chacun de ses mots
Il rit à la vie, tout comme moi à son âge
Époque où j’étais un simple collégien sans soucis
Respirant chaque moment à pleins poumons
Que cette période de joie me semble lointaine, à présent
Certes, ce bonheur était qu’illusoire, mais existant
Maintenant, seul mon amour me maintient en vie
L’insouciance m’a quitté un jour de septembre
Ainsi que ma joie de vivre
J’avance sur les chemins péniblement
Tel un poisson hors de l’eau
Tout le long du trajet, mon jeune compagnon rit
Je l’accompagne faussement
Sûrement pour essayer de retrouver l’ivresse de ma jeunesse
Nous parlons de nos fiancées
La validité de la sienne me fait penser que son couple ne dura pas longtemps
Les valides s’embarrassent rarement d’une personne handicapée
Un peu comme nous avec un animal
Ton insouciance risque également d’être abîmée par dame vie, mon ami temporaire
Le train s’arrête et nos routes se séparent
La mienne dans l’ombre, et la sienne parmi la lumière
Pépé, toi qui me caressais par ton tendre regard bleu
Toi qui m’appelais chaleureusement « ma fille » en me donnant l’impression de me protéger du monde extérieur
Toi qui possédais un sourire débordant d’une naturelle gentillesse, pouvant faire sécher n’importe quelles larmes
Toi dont une grande dame nommée vie ne t’a pas toujours épargné
À présent, tu pars rejoindre mamie pour une vie éternelle
Tellement de choses à vous raconter, tellement de souvenirs à vous remémorer
Embrasse-la fortement pour moi en lui témoignant mon amour envers elle D’en haut, vous me protégerez et veillerez sur moi, chaque jour
Sache que ton image demeura toujours à mes côtés, au travers de mes souvenirs accompagnés par mon amour t’étant destiné
Au revoir pépé, tu vas me laisser un vide, mais mon amour à ton égard ne cessera jamais de rayonner
Ma vieille voiture trottine paisiblement sur une route déserte
Chaque côté, seuls quelques reliefs cache l’horizon d’un soleil sommeillant
Le soulagement, mes rêves et le bonheur m’accompagnent en ce drôle voyage
Où vais-je ?
Seul le futur possède ce savoir qui se situe à l’opposé de mes pensées
Regard le paysage disparaître dernière moi comme mon passé noir
Mon esprit c’est gangréné par mon ancienne vie rendue superficielle par des volontaires croyant bien faire
Fuir la tempête qui m’a rendu fou de violence et de rage
Fuir cette petite mort gagnante du jour en jour
Fuir pour vivre simplement
Rejoindre le vide, puis tout bâtir de mes mains
La boule orange enflammée me montre la direction de ma nouvelle vie sans les contraintes du moule qui nous fait être de pauvres moutons
À moi le Nouveau Monde