black book with pen

Je me présente rapidement : Michaël Salon, 27 ans, en recherche d’un emploi depuis six mois, habitant d’une petite ville du nord de la France, et amoureux depuis peu de temps. Je vais vous raconter ce dernier point en détail. Mais auparavant, je vais vous narrer le contexte.

 

Je vie toujours chez mes parents dans une fermette datant du dix huitièmes siècles. Mon père et ma mère élèvent des vaches qui se promènent à leur aise dans une pâture non loin de la maison, et bordant une forêt. En été, durant les chaudes journées, je m’allonge à l’ombre des arbres, et rêvasse au son du ruisseau situé à quelques mètres de moi. Mes pensées tournent autour de différentes d’îles paradisiaques vues à la télévision. Ceci ne peu d’être qu’au travers de films ou de documentaires télévisés, car je ne lis pas, à mon grand regret. Vous, lecteur, allez me dire qu’il n’est jamais trop tard pour ouvrir des livres, ou même des bandes dessinées. De surcroît, mon jeune âge me permettrait de découvrir facilement de nombreux univers, tous propice à l’évasion, et riche en émotions. Mais voilà, je l’avoue avec honte : je suis très fainéant. Durant toute ma scolarité, d’après mes enseignants, j’étais un élève ayant beaucoup de capacités intellectuelles, mais ne voulant pas les utiliser par peur de se fatiguer. C’est vrai ! Même après le bac, où normalement on trouve sa voix professionnelle, et donc on se met à étudier par passion, moi, je passais mon temps dans les fêtes d’étudiants, durant lesquelles j’ai découvert le plaisir charnel. Non pas la drague, mais bien le sexe, car, au sein de ces les lieux, les jeunes femmes, qui sont encore des filles selon moi, sont souvent sous l’emprise de l’alcool, et par conséquent, veulent faire de nouvelles expériences avec des post adolescents en rut. J’ai vite compris que les mots ne servaient à rien avec ces supposées dames (souvent elles jouaient les « femmes », mais de façon grossière, sans aucune élégance, telle une fillette jouant à l’adulte, en plus vulgaire évidemment). Seul un bon déhanché sur la piste de danse comptait, ajouter à cela, un paraître irréprochable (de préférence, totalement superficiel, et copier bêtement sur un chanteur ou un sportif). Après quelques musiques, en fin de soirée, passées à se frotter l’un sur l’autre dans l’ivresse de l’alcool, mélangeant ainsi les sueurs, la fille ou le garçon invitait l’autre à venir chez lui.

J’ai ramené une vingtaine de filles dans mon lit. Par la suite, j’ai vite compris que le sexe n’était pas ça : une femme essayant de faire un streep tease et tenant à peine debout, des préliminaires se résumant à une fellation ou un cunnilingus rapidement avorté pour cause de nausée, et un accouplement mené par le moins saoul. Le but de ce pitoyable spectacle était d’en finir le plus rapidement possible pour pouvoir dormir, et donc dessaouler.

Heureusement, quelques années plus tard, j’ai connu le vrai plaisir sexuel.

 

En ce moment, je suis au chômage comme vous savez, donc j’aide mes parents avec les animaux (certes, je suis fainéant, mais mes parents sont mon modèle). Je lave l’étable, je sors et je rendre les vaches, et je nourris les quelques poules. Par chance, je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, sinon je ne pourrais pas effectuer ces tâches. En effet, trois fois par semaine, j’ai gardé l’habitude de sortir en boîte de nuit. Et cela malgré le fait que je sois en couple depuis un mois. Vous allez me juger, sûrement en disant que je suis une mauvaise personne, je n’aime pas ma nouvelle copine, et peut être d’autres choses encore plus difficiles à entendre. Pour faire court : j’aime Ségolène, ma puce, comme je l’appelle, mais les boîtes de nuit me font sentir « homme ». Les femmes s’intéressent à moi, me draguent, puis m’invitent chez elles pour prendre du bon temps. De plus, le fait que maintenant je refuse de les accompagner, un plaisir un peu malsain grandi en moi : à chaque fois, je me sens dominant. De plus, je suis tel un funambule. J’ai l’impression que je peux tomber du mauvais côté à tout moment, c’est-à-dire casser mon jeune couple pour une nuit entre les cuisses d’une inconnue, probablement étudiante et sans aucune expérience sexuelle. Ce dernier point me gênerait énormément, car ma copine actuelle possède une grande expérience dans ce domaine grâce à son âge. Même si on ne dit pas l’âge d’une dame (je suis contre la politesse d’un autre siècle. Et puis, les femmes sont l’égal des hommes), Ségolène a 42 ans.

 

Comme vous avez pu comprendre, Ségolène est une femme mâture. Elle possède une longue silhouette très mince (même trop mince). Aucune forme féminine ne déforme ses vêtements. J’ai longtemps pensé qu’elle était anorexique, car, une fois nue, on peut voir ses côtes, ainsi d’autres os, au travers de sa peau. Évidemment cela n’est pas de tout sexy (c’est même un peu repoussant). Cependant son visage sublime ce corps. Ses yeux bleus attirent tout de suite le regard. Ils ressortent du visage grâce à leur couleur, et surtout à l’intensité des messages transmis. Ségolène peut faire comprendre tout une série d’émotions par un seul regard. Le regard que je préfère est celui du désir (vous allez sûrement dire : « normale, tu es un homme ». Je vous répondrai : « j’aime simplement ma copine »). Elle me regarde avec insistance, comme si je suis sa proie. Je sens monter mon envie, je deviens son élève entre ses mains expertes.

Sur ce visage, le temps a plissé sa peau sous ses yeux. Ces traits me rappellent son âge, car le restant de son visage semble être resté dans une autre époque, plus précisément quand elle avait trente ans. Aucune ride ne déforme sa peau légèrement trop blanche.

D’une manière générale, Ségolène est très féminine. Elle porte souvent des robes, voir des jupes, avec des bottes. Associé à cela, un léger maillage qui assombrit légèrement sa peau. De plus, une chevelure noir corbeau lui tombe légèrement, sans aucune ondulation, jusqu’au milieu de son dos.

Cependant, cette féminité est atténuée par son côté « motarde ». Elle adore faire de la moto. Personnellement je la trouve très sexy lorsqu’elle enfile sa combinaison rouge moulante, et qu’elle enfourche sa bécane de course. Je l’avoue, c’est un truc d’homme. Mais avouez que voir une femme dans une combinaison très proche du corps, surtout au niveau des fesses, ça fait fonctionner l’imagination. On se voit très bien à la place de la machine. Ce qui est sûr, c’est qu’avec nous, la femme n’aurait pas froid aux fesses.

Ségolène fait de la moto pour avoir des sensations fortes. D’après ces dires, elle se sent vivante sur sa machine. Personnellement, je n’ai jamais compris ces gens qui doivent jouer avec la mort pour se sentir bien. La contemplation de la nature me suffit amplement.

 

J’ai connu Ségolène lorsque j’avais vingt ans. Ces parents sont venus habiter jusqu’à côté de la ferme. À cette époque, je n’ai pas fait pas attention à elle, sûrement à cause de notre différence d’âge. Cependant, si ma mémoire est bonne, j’ai dû prendre mon pied avec l’une de mes conquêtes en passant à elle, car sa beauté m’avait attiré.

Elle habitait à Lyon où elle exerçait le métier de secrétaire médical. Elle venait voir régulièrement ses parents pour leur montrer son fils qui a eu sur un coup de tête avec un homme rencontré dans un bar. Je dis sur un coup de tête, car, après seulement six mois de vie commune, elle tomba enceinte accidentellement (j’ai du mal à la croire vu tous les moyens de contradiction existants). Je crois plutôt qu’elle voulait devenir mère immédiatement, tel un caprice d’enfant.

 

C’est seulement récemment que je me suis intéressé à elle. Peut-être que les années passantes, sans me rendre de compte, j’ai mûri, et je me suis mis à apprécier les femmes plus mâtures. Je la croisais régulièrement, car, après m’avoir renseigné auprès de mes parents, qui connaissaient un peu les siens, elle venait de se séparer de son compagnon, et donc elle était revenue chez ses parents avec son fils, en attendant de trouver un logement.

Rapidement, je m’étais aperçu qu’elle me souriait chaque fois que je la regardais. Peu à peu, une drôle de sensation naquit en moi. Ce n’était pas un désir sexuel, comme j’en avais l’habitude avec les autres filles (bizarrement, je n’arrive pas à employer le mot « femme »), mais une envie de la connaître, de passer du temps avec elle.

 

J’ai fait le premier pas, avec une grande timidité et une plus grande maladresse, en l’invitant en boîte de nuit. Au début, je pensais que c’était une mauvaise idée vu son âge, et que c’était sûrement trop rapide. Une femme de son âge devait préférer les dîners romantiques dans un bon petit restaurant pour apprendre mieux à se connaître. Malheureusement je n’avais pas d’argent à cette époque (et encore maintenant). Cependant je me trompais totalement. Elle fut très ravie de cette invitation. Cela me mit immédiatement la puce à l’oreille.

Le soir venu, tout sourire, je me suis préparé en m’habillant d’une chemise blanche, d’un jeans délavé au niveau des cuisses, et d’une paire de « coverse all star » en cuir bleu foncé. Ma barbe fut raccourcie avec ma conteuse électrique pour cheveux. J’en profitais pour faire de même avec les quelques poils qui me restaient sur le caillou. Eh oui ! À mon âge, j’ai déjà une calvitie avancée : le dessus de mon crâne est totalement lisse. Il faudrait que je me fasse la coiffure de « monsieur propre » afin de ne plus ressembler à un moine, mais cela appliquerait que je devrais prendre du temps pour me raser régulièrement. Fainéant comme je suis, au bout de deux semaines seulement, j’arrêterai.

 

Je suis parti chercher Ségolène chez ses parents. Elle avait une jupe noire, un peu trop courte à mon goût, fait dans un tissu légèrement transparent, des bottes en cuir noir qui s’arrêtaient à quelques centimètres des genoux, et un simple débardeur blanc.

Son maquillage était plus marqué qu’à l’habitude : un fard à paupières noir lui donner un air de jeune gothique en recherche d’identité (sûrement elle voulait se rajeunir, mais c’était de façon maladroite). Un fond teint fonçait sa peau beaucoup trop blanche aux naturelles. Et pour finir, un rouge à lèvre rouge « pute » (je suis désolé, je n’ai pas trouvé d’autre mot) grossissait artificiellement ses lèvres.

Je ne vais pas vous mentir, j’avais l’impression d’être face à une femme facile, mais cela ne me dérangeait pas. Je me sentais homme.

 

Dans la boîte de nuit, nous avons fait connaissance difficilement à cause du bruit ambiant. Elle me racontait un peu sa vie passée, et surtout son ex-mari qu’elle me fit un tableau épouvantable : un homme sans humour, et qui voulait tout diriger comme un dictateur. Cela me faisait rire, car la majorité des femmes que j’avais rencontrées critiquaient toujours leur « ex » en dressant un horrible portrait. Je me suis toujours demandé pourquoi elles avaient choisi cet homme. Comme si elles se rendaient compte au bout de quelques mois, voire parfois de plusieurs années, que leur copain, ou mari, était en fait des vraies saloperies. Évidemment, je sais très bien qu’on ne connaît jamais totalement une personne, mais je pense qu’on peut cerner une personnalité rapidement.

 

Durant nos discussions, je regardais les autres femmes. C’était des jeunes qui se trémoussaient contre des puceaux assoiffés de sexe. Oui, j’ai été à leur place, il y a quelques années, mais ça me fait plaisir de voir mon évolution. J’étais assis à côté d’une femme mâture qui me désirait. J’espérais être à la hauteur, si je l’emmenais dans un lit, car c’était une femme d’expérience. Normalement, il n’aurait pas de problème vu toutes les petites minettes que j’ai eues dans mon lit. J’ai dû avoir tous les formats. Des maigres avec des corps d’enfant, des grosses ayant des seins énormes qui m’amusaient beaucoup, des grandes qui ressemblaient à des mannequins, des petites pouvant presque me suçaient debout, des belles qui me donnaient à réfléchir avec ma conscience, et des moches qui me demandaient une grande concentration pour arriver à mes fins. Vous devez sûrement me prendre pour un monstre assoiffé de sexe. Je ne suis pas un monstre, j’aime simplement le sexe, comme certains aiment fumer ou boire. De plus, je respecte les femmes. À aucun moment, je ne les ai jamais obligés à coucher avec moi, c’était leur volonté. Et puis, je me représente les femmes comme le berceau du monde : chaque individu vient de leur vendre. Donc j’ai énormément de respect pour eux. Enfin, pour finir, comme tout le monde, j’ai une mère, donc, si je pensais manquer de respect aux femmes en général, j’aurais arrêté depuis longtemps mes sauteries, car j’aime ma mère.

Tout cela pour dire : j’espérais répondre aux attendre de Ségolène. Mais je me posais une question bête (l’alcool rend con) : comment est le sexe d’une femme mâture ? Est-il poilu ? Les lèvres sont-elles tombantes ? A-t-il une odeur particulière ? J’aurais dû me ressaigner sur internet, pas au travers de « Youporn », car j’ai toujours testé la pornographie (là, en occurrence, c’est vraiment un manque de respect envers les femmes en général), mais pour lire des commentaires sur des forums. Puis non, j’ai pensé que c’était mieux de le découvrir par sois même, en espérant de ne pas avoir de mauvaise surprise.

 

En fin de soirée, nous partirent chez moi. Nous entrâmes sans bruit dans la maison endormie, et nous dirigeons, tout en nous fessant nos premiers baissés (dans la voiture, nous échangeâmes des regards coquins et des caresses, mais pas de baissés), vers la chambre.

Arrivés dans le lieu voulu, nous nous déshabillons rapidement, car notre envie l’un envers l’autre était puissante. Je voulais la voir nue rapidement : découvrir ses courbes, son touché, son odeur et sa saveur. C’était bon ! Son corps était nu devant moi. Je n’avais plus peur. Un état second m’enveloppait, me faisant sentir comme un homme expert en sexualité. Je me mis à la toucher son visage comme si je voulais découvrir chaque trait. Je fis pareille le reste de son corps. Ses seins manquaient de volume, mais ils étaient très bien dessinés, et avaient un bon goût. Ses tétons se durcissaient sous mes coups de langue délicats. Son sexe était tout à fait normal, et il n’avait pas d’odeur particulière (me voilà soulagé).

Je me suis senti un peu déçu au moment de toucher ses fesses. Elles étaient décharnées. Par conséquent, ce n’était pas de tout agréable au touché.

Je me suis allongé, et Ségolène m’a monté dessus. Nous fîmes l’amour dans cette position durant quelques minutes seulement (l’alcool ou mon envie ne me permit pas de tenir plus longtemps). Nous sommes endormies rapidement dans les bras de l’autre.

Le lendemain matin, au réveil, mes parents firent une drôle de tête en me voyant descendre avec Ségolène.

 

Quelques mois plus tard

 

Les mois ont passé, et mon amour a grandi. Nous avons appris à nous connaître en discutant de notre passé, de nos goûts, et de nos envies. Puis il y a son garçon. Lui aussi j’ai dû apprendre à le connaître, tout en trouvant ma place vis-à-vis de lui. Sa mère m’a bien fait comprendre que je n’étais pas son père (ce qui est tout à fait vrai), mais cette manière de penser ne m’aidait pas à trouver ma place. Je suis quand même adulte, donc j’ai le droit d’engueuler le gamin. Je ne suis pas en train de dire que cela me plaît (j’ai horreur de ça, car selon moi, on peut élever un enfant en lui expliquant calmement les choses), mais je suis également chez moi (nous avons trouvé rapidement une location dans un petit village), donc j’ai le droit de vivre selon mes principes. En plus de cela, je dois composer avec le père du gamin qui est un peu plus ouvert d’esprit de son ex-femme. Contrairement à elle, j’ai ma place dans ma famille, et un rôle à jouer dans l’éducation de son enfant. Mais à chaque retour de son enfant, il le questionne pour savoir si tout c’est passé (le gosse me l’a dit). Je comprends qui le fait, mais je ressens une pression supplémentaire, comme si je n’avais pas le droit à l’erreur. Même si je me sens plus mûr depuis plusieurs mois, j’ai quand même encore le droit à l’erreur. Je n’ai jamais été père, et j’ai toujours un manque de maturité. Puis en un instant, me voilà beau-père, obtenant ainsi toutes les responsabilités qui vont avec.

Au sujet de Christophe, le garçon, je me sens proche de lui. On s’amuse au foot, je le taquine, on rigole ensemble comme des enfants. Je suis un peu son confident, tel un ami.

 

Concernant Ségolène, je continue à la découvrir, tout en continuant à apprendre à vivre en couple, chose pas facile lorsqu’on a vécu tant années chez ses parents. J’ai dû me faire à ses habitudes. Le plus compliqué était la nuit. Je devais faire attention de ne pas trop bouger pour ne pas la réveiller. J’avais pris l’habitude de m’étendre tout mon long en prenant un maximum de place. Évidemment cette position n’est pas conseillée lorsqu’on dort à deux, les coups peuvent vite pleuvoir. Je me suis habitué à dormir sur mon vende avec les bras le long de mon corps, et Ségolène mettait son bras et sa jambe sur moi. Je sentais ses poils pubiens sur ma peau qui me fessaient frissonner de temps en temps.

Puis, j’ai dû me faire à ses sauts d’humeur. Par exemple, on était en train de regarder un film sur notre ordinateur portable, lorsqu’elle a commencé à me parler de mes ex-copines, ou plutôt m’interroger au sujet d’eux, et plus précisément sur leur nombre, leur prénom, leur âge et leur physique. Chose compréhensible, car toutes personnes en couple aiment connaître le passé de l’autre. Mais je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle voulait en parler maintenant. On était tranquille. Puis son ton a commencé à changer devenant plus agressive. Elle voulait tout savoir, et à chaque fois, elle apportait un jugement comme si elle voulait me faire culpabiliser d’avoir eu tant de femmes. Je lui répondais que je ne pouvais pas revenir en arrière pour changer les choses, mais elle voulait toujours plus de détails. Le ton montait de plus en plus jusqu’à une dispute éclate. Puis, aussi vite que la dispute a commencée, Ségolène se calma, nous continuâmes à regarder le film comme si rien ne c’était passé.

Il y a également d’autres défauts qui me surprennent, comme le fait qu’elle s’intéresse à un soi-disant ami au moment qu’il va mourir. Elle n’avait plus aucun contact avec lui depuis dix ans. Et là, à l’annonce de sa mort imminente, elle n’arrêtait pas d’en parler comme si c’était son meilleur ami, et qu’elle le voyait chaque semaine. J’avais envie lui dire : « tu ne l’as pas vu depuis des années, et tu ne l’as même pas été le voir une seule fois lorsqu’il était malade, donc arrête de faire des manières ». Je ne lui ai rien dit, car, à l’époque, on était un jeune couple, et je ne connaissais pas encore ses réactions.

Attention, au travers de l’énumération de ses défauts, je ne suis pas en train de dire que je sois parfait. Évidemment, comme tout le monde, j’ai au minimum un défaut. Voici le mien : j’aime un peu trop la boisson. Pour me sentir bien dans ma peau, je dois boire une demi-bouteille de « whisky » par jour. Grâce à cela, je plane, et mon humeur reste constante. Si je n’ai pas ma dose d’alcool journalière, mon moral fait les « montagnes russes » : parfois je me sens totalement dépressif, j’ai envie de ne rien faire, d’autre fois je me sens tellement énervé que je pourrais retourner la maison. Souvent un état dure un mois. Puis pendant une semaine, j’ai l’impression de vivre normalement. Finalement, l’autre état commence. On peut représenter cela comme un cycle. Durant les hauts et les bas, j’ai quelques moments de calme le soir. Durant ces périodes, J’ai l’impression que je pourrais faire une activité artistique, car je voyage dans un état d’esprit qui me donne envie de créer. Malheureusement je n’ai aucun talent. J’ai déjà essayé d’écrire des histoires et de dessiner, mais j’avais l’impression de faire de la merde sans nom.

J’aurais dû consulter un spécialiste pour trouver mon problème et le résoudre, mais ma méthode fonctionne bien, et Ségolène ne dit rien.

 

Notre différence d’âge choquait les gens, surtout nos parents. Ils ne comprenaient pas notre amour. Il faut dire qu’à leur époque, les couples avaient deux ou trois ans d’écart au maximum. Le fait le plus choquant, pour eux, était que Ségolène aurait pu être ma mère (maintenant que j’y pense, cela peut être considéré comme un peu un retour aux sources. D’après les préjugés, c’est très rependu dans notre région). On était quand même invité chez eux pour les repas de famille, mais un malaise régnait toujours dans la pièce : les discussions étaient fort rares, et plutôt courtes.

Nous ne faisons pas attention à cela. Nous nous aimons, le reste avait peu d’importance. C’est con à dire, mais c’était parfaitement notre manière de penser.

 

Quelques années plus tard

 

Me voilà père. Ce n’était pas prévu, en tout cas de ma part. C’est petit d’homme d’un an qui s’appelle Théo. Je suis très heureux d’avoir pris cette responsabilité. Puis je l’aime ce petit bout. Je le protège, je le fais rire (parfois ses fous rires me font pleurer), je le nourris, et je le lave. J’ai envie de le faire grandir dans un environnement le plus stable possible avec l’aide de mes parents qui sont ravis. Mais il y a un problème : je ne suis plus en couple avec Ségolène. Mes travers ont repris possession de moi. Après que le voile de l’amour s’est levé, et que l’ennui s’est installé, je suis retourné en boîte de nuit en cachette (après les quelques sorties officielles durant les premiers mois, j’avais totalement arrêté ces conneries), en disant que j’allais chez un ami. Ségolène ne m’empêchait pas de partir, sûrement elle pensait qu’elle ne devait pas trop m’étouffer vu ma jeunesse. Cependant elle s’est vite lassée de me voir dessoûler dans le canapé entouré d’un nuage de tabac froid mêlé, malheureusement, à des odeurs féminines. Ma faiblesse pour les jeunes femmes était trop forte. J’ai vu qu’en boîte de nuit, les filles s’intéressaient encore à moi, au travers de leurs regards. Au début, j’ai réussi à résister en pensant au bébé. Mais, lorsqu’on est saoul, la faculté de réflexion est fortement altérée. On ne pense plus vraiment. L’instinct animal reprend le dessous : les enfants et la femme officielle disparaissent de l’esprit. On pense qu’à assouvir nos envies sexuelles.

Quand Ségolène s’en est rendu compte, je l’avais déjà trompé trois fois (comme un con, j’ai donné mon numéro de téléphone, et la fille m’a envoyé un message. Évidemment Ségolène l’a lu). Naturellement, à la suite d’une énorme dispute, Ségolène m’a mis dehors sans délai. Je suis revenu chez mes parents avec honte. Comment expliquer à ses parents qu’on a trompé sa compagne (difficilement acceptée dans la famille) avec laquelle on vient d’avoir un enfant ? J’avais honte. Honte de mes faiblesses envers les femmes et l’alcool. Honte de ne pas avoir assumé mon rôle de père. Tout simplement, j’avais honte d’avoir déçu mes parents, mes modèles.

Lorsque je leur ai annoncé la nouvelle, ils m’ont puni de la plus forte des manières : le silence.

 

Comme dans la plupart des cas, nous avons décidé de faire une garde alternée avec des périodes d’une semaine. Vu le très jeune âge de notre fils, il ne se rendait pas compte de la situation. Il avait uniquement quelques difficultés à trouver le sommeil les premières nuits après son retour.

Je pense que les problèmes vont apparaître lorsque Théo va grandir, car, quand je vois la maturité de sa mère, je crains qu’elle retourne notre enfant contre moi pour se venger. Je trouve cela totalement con, transformer son propre enfant en arme (vous avez vu, je critique mon ex. Finalement, l’amour rend totalement aveugle). Il faut toujours penser au bien-être de l’enfant avant tout, et non aux conneries d’adulte en manque de maturité. Je suis loin d’être parfait, mais je placerai toujours le bonheur de mon fils au-dessus de tout. Maintenant que j’y pense, je peux m’appuyer sur cette volonté pour arrêter les conneries. L’amour d’une femme est échangeable, pas celui d’un enfant.

 

J’ai critiqué Ségolène, mais je l’aime encore. Elle m’a fait découvrir le vrai amour avec des sentiments sincères. Je n’avais jamais ressenti cela. Avant, c’était juste des aventures d’un soir sans aucun sentiment. Mais là, on était un vrai un couple avec des projets communs. Puis, elle m’a fait devenir père. Selon moi, elle m’a offert le plus beau cadeau possible, et cela, je ne pourrais jamais l’oublier. Mais il y a nos défauts respectifs. Normalement un couple doit être capable de surmonter les défauts de l’autre. Nous n’arrivons pas à faire cela. Ma dérive est trop importante. Aucune femme n’accepterait de se faire tromper, même si leur homme souffre de problèmes psychologiques. Peut-être un jour, je changerai, et donc je pourrais la reconquérir.

 

Trois ans plus tard

 

Je suis une autre plume. Mon identité n’a aucune importance. J’écris pour vous informer du suicide de Michaël. Je ne le connaissais pas très bien, mais selon les premiers dires, depuis six mois, il avait totalement arrêté l’alcool, et cela lui provoquait d’importants sauts d’humeur, et des crises de violence.

Il a laissé une magnifique lettre à destination de son fils, de ses parents, et de son ancienne compagne, Ségolène. Toujours d’après les rumeurs, la lettre se terminait comme ceci : « Ma mort nous protégera. »

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