Conseils pour la maison des aventures

Conseils pour la maison des aventures

J’ai rédigé des conseils pour un bon vivre ensemble avec mes intervenants à domicile employés par une association, vu que nous passons 350 heures par mois. Je l’ai fait avec humour pour installer un cadre agréable, mais professionnel. Également cela me permet ne pas répéter toujours les mêmes choses.

  1. Porter, s’il vous plaît, le masque lorsque nous sommes proche (parfois j’ai mauvaise haleine)
  2. Vous pouvez me parler normalement, je comprends tout (ne me rajouter pas d’autres handicaps)
  3. Les demandes : Lorsque vous souhaitez faire quelque chose comme brancher votre portable, ouvrir la fenêtre, changer la chaine de la télévision, demander le moi s’il vous plaît, car je ne pense pas que vous aimerez que je fasse cela chez vous (ou vous pouvez me payer un loyer)
  4. Ne pas frapper les chats (sinon je vous roule dessous)
  5. Durant les interventions, laissions nos problèmes personnels de côté pour passer un agréable moment
  6. Éviter d’arriver beaucoup plutôt pour terminer avant l’heure, s’il vous plaît (sinon vous risquez d’avoir une surprise, un jour….)
  7. Respecter, s’il vous plaît, la vie de notre couple (ex :ne pas intervenir dans nos conversations, sinon nous allons finir par faire ménage à trois)
  8. Me demander, s’il vous plaît, la permission avant d’entrer dans mon bureau (c’est ma grotte)
  9. Je souhaite garder une distance professionnelle afin d’éviter d’éventuelles problèmes
  10. Si vous avez des questions, je vous répondrais avec plaisir (pour l’instant, je ne mors pas !)
  11. Si vous avez un problème avec moi, nous pouvons en discuter ensemble pour trouver une solution

Ces conseils peuvent peut-être aider les intervenants à domicile et les personnes en situation de handicap.

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Mon nouveau point vue sur le handicap

Mon nouveau point vue sur le handicap

Depuis l’accident de ma compagne, j’ai un nouveau regard sur la déficience mental. Auparavant je me sentais gêné face à ces individus par manque de connaissance. Je ne savais pas comment me comporter par peur de les offenser, et par l’image qu’ils me renvoyaient de mon propre handicap. J’avais l’impression de me regarder dans un miroir déformant : certaines personnes dites valides me pensent déficient mental, donc je me vois comme eux me regardent.


De plus, j’ai dû apprendre à bien me comporter face à cette nouvelle situation qui demandait une limite entre ne pas considérer ma compagne comme un enfant, et la protéger d’elle-même. Sachant qu’elle était retombée en enfance, ce fut compliqué. Je l’ai observé pour connaître ses nouvelles capacités intellectuelles, ainsi que sa personnalité différente. À partir de ce moment, je me suis senti moins nerveux face aux personnes ayant une déficience mentale, car je connais mieux situation.


Concernant le handicap physique, j’ai appris à l’accepter totalement en allant à l’APF. Durant nos rencontres, nous nous moquons mutuellement de nos handicaps avec beaucoup de légèreté. J’ai passé de très bons moments en leur compagnie.


À présent, au travers de mon travail, je rencontre des personnes handicapées ayant le même parcours scolaire que moi, avec les mêmes difficultés. De plus, j’ai été surpris par la persistance des problèmes. Ces individus ont dû surmonter parfois les difficultés sans l’aide de leur famille. Je ne pense pas que j’aurais pu faire cela, à cause de ma timidité, et de me manque de motivation dans le passé.

handicap

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un voyage en gare

Un voyage en gare

Dorian était un grand rêveur plein d’imagination. La plus grande de ses passions, et la plus originale en même temps, était de se promener dans les gares, surtout celles de sa ville, c’est-à-dire « Lille ». Il trouvait en ce lieu toute la matière première servant à créer ses mondes : les gens. Il les observait en leur imaginant une vie en rapport avec leur physique, et avec les discussions qu’il entendait ou les leurs comportements. Cette activité lui servait uniquement à son bonheur personnel, il n’en tirait aucun bénéfice financier, comme nous pouvons y penser naturellement, par exemple en écrivant des histoires ou des romans. Il voyait au travers des personnes une source intarissable d’aspiration agissant sur lui telle une drogue, car, l’espace d’un instant, il oubliait la réalité.

 

Ce jour-là, Dorian décida d’aller à la gare « Lille Flandre » pour évidemment se donner à son petit plaisir. C’était une douce journée où le soleil faisait sortir doucement la nature de son sommeil hivernal. Les passants avaient commencé à enlever des épaisseurs de vêtements, et ainsi découvrir un peu plus leur peau.

Aussitôt pénétré dans la gare par un petit portail, Dorian vit une scène originale et touchante. Dans un petit local caché derrière une vitre fumée, un jeune couple se serrait dans les bras, tout en s’embrassant tendrement. L’originalité venait du fait que la femme était voilée, et l’homme, qui et contrôleur à la SNCF, ne semblait avoir aucune origine particulière. La demoiselle était très charmante. Son voile fessait ressortir ses fins traits dessinés sur sa peau brune.

Le garçon portait une légère barbe de quelques semaines, et son crâne était à nu.

 

Dans l’imagination de Dorian, ce jeune couple se cachait des regards, et surtout des préjugés. Ce n’était pas facile d’être un couple biculturel en ces temps-là. La famille du jeune homme penserait sûrement au terrorisme, et pour les plus extrêmes d’entre eux, ils s’imagineront Dorian partir pour rejoindre l’état islamique.

Du côté de la jeune femme, les parents seraient contre cette union pour cause religieuse. Ils voudraient que leur unique fille soit mariée avec un homme hautement croyant afin de respecter les coutumes familiales.

Pour le moment, le couple semblait être très loin de ces préoccupations. Ils s’aimaient tout simplement, et l’avenir leur préoccupait peu.

 

Un peu plus loin, Dorian rencontra un jeune garçon, d’environ douze ans, en train de demander de l’argent aux passants pour pouvoir acheter une barre chocolatée au distributeur. Il disait à voix très haute : « j’ai mal au ventre tellement j’ai faim », tout en tenant le ventre à deux mains. Parfois, il arrêtait une personne pour lui expliquer qu’il attendait un ami pour prendre le train, et qu’il n’avait rien mangé de la journée. Les gens souriaient, car le garçon n’avait pas de talent pour la comédie. Il surjouait grossièrement, comme presque la totalité des enfants de son âge.

Dorian l’imaginait vivant dans un camp sauvage non loin de là. Il mendiait, de façon dissimulée, pour pouvoir se nourrir évidemment, mais également sa famille.

Tous ces gens avaient dû fuir leur pays d’origine pour essayer de trouver une vie meilleure, loin de la massière. Mais malheureusement, pour nombreux d’entre eux, en arrivant en France, un enfer les entendait.

Dorian eu envie de faire un petit cours de comédie à l’enfant afin qui soit plus crédible. Mais le contact humain et Dorian, ça faisait deux. Il n’était pas doué avec les personnes, et il ne faisait rien pour arranger ça. Son truc, c’était les rêves, voilà tout.

Notre héros se dit : « certes, ce garçon ne sera sûrement pas très cultivé vu qu’il ne va pas à l’école. Mais, avec l’expérience acquise, il sera obligatoirement débrouillard. Et qui sait, avec les années passantes, il deviendra peut-être un bon comédien. »

 

Il prolongea son chemin, et croisa un jeune couple se donnant leurs derniers baissés avant un au revoir déchirant. Des larmes coulaient sur les joues féminines. L’un entre eux devait obligatoirement habiter loin : une jolie rencontre par internet.

Et si ces larmes étaient fausses. Peut-être cette jeune femme, une fois seule, allait dans les bras d’une autre personne. Si cette supposition était vraie, elle devait ressentir un malin plaisir en pensant à l’autre con en train de l’aimer comme fou. Elle avait besoin de cette domination pour se sentir heureuse. Puis, au fond elle, elle aimait les deux.

 

Dorian se fit bousculer par un homme en costume qui ne s’excusa pas. Cet individu devait prendre une correspondance pour se rendre à un rendez-vous professionnel. Il ne faisait aucune attention au monde qui l’entourait. Il était totalement enfermé dans une bulle où seul la performance comptée : être le meilleur pour gagner le plus d’argent possible. La famille passait au second plan.

En une fraction de seconde, tout s’envola. Ce n’était juste qu’un rêve.

Un amour un peu trop mâture

Un amour un peu trop mâture

Je me présente rapidement : Michaël Salon, 27 ans, en recherche d’un emploi depuis six mois, habitant d’une petite ville du nord de la France, et amoureux depuis peu de temps. Je vais vous raconter ce dernier point en détail. Mais auparavant, je vais vous narrer le contexte.

 

Je vie toujours chez mes parents dans une fermette datant du dix huitièmes siècles. Mon père et ma mère élèvent des vaches qui se promènent à leur aise dans une pâture non loin de la maison, et bordant une forêt. En été, durant les chaudes journées, je m’allonge à l’ombre des arbres, et rêvasse au son du ruisseau situé à quelques mètres de moi. Mes pensées tournent autour de différentes d’îles paradisiaques vues à la télévision. Ceci ne peu d’être qu’au travers de films ou de documentaires télévisés, car je ne lis pas, à mon grand regret. Vous, lecteur, allez me dire qu’il n’est jamais trop tard pour ouvrir des livres, ou même des bandes dessinées. De surcroît, mon jeune âge me permettrait de découvrir facilement de nombreux univers, tous propice à l’évasion, et riche en émotions. Mais voilà, je l’avoue avec honte : je suis très fainéant. Durant toute ma scolarité, d’après mes enseignants, j’étais un élève ayant beaucoup de capacités intellectuelles, mais ne voulant pas les utiliser par peur de se fatiguer. C’est vrai ! Même après le bac, où normalement on trouve sa voix professionnelle, et donc on se met à étudier par passion, moi, je passais mon temps dans les fêtes d’étudiants, durant lesquelles j’ai découvert le plaisir charnel. Non pas la drague, mais bien le sexe, car, au sein de ces les lieux, les jeunes femmes, qui sont encore des filles selon moi, sont souvent sous l’emprise de l’alcool, et par conséquent, veulent faire de nouvelles expériences avec des post adolescents en rut. J’ai vite compris que les mots ne servaient à rien avec ces supposées dames (souvent elles jouaient les « femmes », mais de façon grossière, sans aucune élégance, telle une fillette jouant à l’adulte, en plus vulgaire évidemment). Seul un bon déhanché sur la piste de danse comptait, ajouter à cela, un paraître irréprochable (de préférence, totalement superficiel, et copier bêtement sur un chanteur ou un sportif). Après quelques musiques, en fin de soirée, passées à se frotter l’un sur l’autre dans l’ivresse de l’alcool, mélangeant ainsi les sueurs, la fille ou le garçon invitait l’autre à venir chez lui.

J’ai ramené une vingtaine de filles dans mon lit. Par la suite, j’ai vite compris que le sexe n’était pas ça : une femme essayant de faire un streep tease et tenant à peine debout, des préliminaires se résumant à une fellation ou un cunnilingus rapidement avorté pour cause de nausée, et un accouplement mené par le moins saoul. Le but de ce pitoyable spectacle était d’en finir le plus rapidement possible pour pouvoir dormir, et donc dessaouler.

Heureusement, quelques années plus tard, j’ai connu le vrai plaisir sexuel.

 

En ce moment, je suis au chômage comme vous savez, donc j’aide mes parents avec les animaux (certes, je suis fainéant, mais mes parents sont mon modèle). Je lave l’étable, je sors et je rendre les vaches, et je nourris les quelques poules. Par chance, je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, sinon je ne pourrais pas effectuer ces tâches. En effet, trois fois par semaine, j’ai gardé l’habitude de sortir en boîte de nuit. Et cela malgré le fait que je sois en couple depuis un mois. Vous allez me juger, sûrement en disant que je suis une mauvaise personne, je n’aime pas ma nouvelle copine, et peut être d’autres choses encore plus difficiles à entendre. Pour faire court : j’aime Ségolène, ma puce, comme je l’appelle, mais les boîtes de nuit me font sentir « homme ». Les femmes s’intéressent à moi, me draguent, puis m’invitent chez elles pour prendre du bon temps. De plus, le fait que maintenant je refuse de les accompagner, un plaisir un peu malsain grandi en moi : à chaque fois, je me sens dominant. De plus, je suis tel un funambule. J’ai l’impression que je peux tomber du mauvais côté à tout moment, c’est-à-dire casser mon jeune couple pour une nuit entre les cuisses d’une inconnue, probablement étudiante et sans aucune expérience sexuelle. Ce dernier point me gênerait énormément, car ma copine actuelle possède une grande expérience dans ce domaine grâce à son âge. Même si on ne dit pas l’âge d’une dame (je suis contre la politesse d’un autre siècle. Et puis, les femmes sont l’égal des hommes), Ségolène a 42 ans.

 

Comme vous avez pu comprendre, Ségolène est une femme mâture. Elle possède une longue silhouette très mince (même trop mince). Aucune forme féminine ne déforme ses vêtements. J’ai longtemps pensé qu’elle était anorexique, car, une fois nue, on peut voir ses côtes, ainsi d’autres os, au travers de sa peau. Évidemment cela n’est pas de tout sexy (c’est même un peu repoussant). Cependant son visage sublime ce corps. Ses yeux bleus attirent tout de suite le regard. Ils ressortent du visage grâce à leur couleur, et surtout à l’intensité des messages transmis. Ségolène peut faire comprendre tout une série d’émotions par un seul regard. Le regard que je préfère est celui du désir (vous allez sûrement dire : « normale, tu es un homme ». Je vous répondrai : « j’aime simplement ma copine »). Elle me regarde avec insistance, comme si je suis sa proie. Je sens monter mon envie, je deviens son élève entre ses mains expertes.

Sur ce visage, le temps a plissé sa peau sous ses yeux. Ces traits me rappellent son âge, car le restant de son visage semble être resté dans une autre époque, plus précisément quand elle avait trente ans. Aucune ride ne déforme sa peau légèrement trop blanche.

D’une manière générale, Ségolène est très féminine. Elle porte souvent des robes, voir des jupes, avec des bottes. Associé à cela, un léger maillage qui assombrit légèrement sa peau. De plus, une chevelure noir corbeau lui tombe légèrement, sans aucune ondulation, jusqu’au milieu de son dos.

Cependant, cette féminité est atténuée par son côté « motarde ». Elle adore faire de la moto. Personnellement je la trouve très sexy lorsqu’elle enfile sa combinaison rouge moulante, et qu’elle enfourche sa bécane de course. Je l’avoue, c’est un truc d’homme. Mais avouez que voir une femme dans une combinaison très proche du corps, surtout au niveau des fesses, ça fait fonctionner l’imagination. On se voit très bien à la place de la machine. Ce qui est sûr, c’est qu’avec nous, la femme n’aurait pas froid aux fesses.

Ségolène fait de la moto pour avoir des sensations fortes. D’après ces dires, elle se sent vivante sur sa machine. Personnellement, je n’ai jamais compris ces gens qui doivent jouer avec la mort pour se sentir bien. La contemplation de la nature me suffit amplement.

 

J’ai connu Ségolène lorsque j’avais vingt ans. Ces parents sont venus habiter jusqu’à côté de la ferme. À cette époque, je n’ai pas fait pas attention à elle, sûrement à cause de notre différence d’âge. Cependant, si ma mémoire est bonne, j’ai dû prendre mon pied avec l’une de mes conquêtes en passant à elle, car sa beauté m’avait attiré.

Elle habitait à Lyon où elle exerçait le métier de secrétaire médical. Elle venait voir régulièrement ses parents pour leur montrer son fils qui a eu sur un coup de tête avec un homme rencontré dans un bar. Je dis sur un coup de tête, car, après seulement six mois de vie commune, elle tomba enceinte accidentellement (j’ai du mal à la croire vu tous les moyens de contradiction existants). Je crois plutôt qu’elle voulait devenir mère immédiatement, tel un caprice d’enfant.

 

C’est seulement récemment que je me suis intéressé à elle. Peut-être que les années passantes, sans me rendre de compte, j’ai mûri, et je me suis mis à apprécier les femmes plus mâtures. Je la croisais régulièrement, car, après m’avoir renseigné auprès de mes parents, qui connaissaient un peu les siens, elle venait de se séparer de son compagnon, et donc elle était revenue chez ses parents avec son fils, en attendant de trouver un logement.

Rapidement, je m’étais aperçu qu’elle me souriait chaque fois que je la regardais. Peu à peu, une drôle de sensation naquit en moi. Ce n’était pas un désir sexuel, comme j’en avais l’habitude avec les autres filles (bizarrement, je n’arrive pas à employer le mot « femme »), mais une envie de la connaître, de passer du temps avec elle.

 

J’ai fait le premier pas, avec une grande timidité et une plus grande maladresse, en l’invitant en boîte de nuit. Au début, je pensais que c’était une mauvaise idée vu son âge, et que c’était sûrement trop rapide. Une femme de son âge devait préférer les dîners romantiques dans un bon petit restaurant pour apprendre mieux à se connaître. Malheureusement je n’avais pas d’argent à cette époque (et encore maintenant). Cependant je me trompais totalement. Elle fut très ravie de cette invitation. Cela me mit immédiatement la puce à l’oreille.

Le soir venu, tout sourire, je me suis préparé en m’habillant d’une chemise blanche, d’un jeans délavé au niveau des cuisses, et d’une paire de « coverse all star » en cuir bleu foncé. Ma barbe fut raccourcie avec ma conteuse électrique pour cheveux. J’en profitais pour faire de même avec les quelques poils qui me restaient sur le caillou. Eh oui ! À mon âge, j’ai déjà une calvitie avancée : le dessus de mon crâne est totalement lisse. Il faudrait que je me fasse la coiffure de « monsieur propre » afin de ne plus ressembler à un moine, mais cela appliquerait que je devrais prendre du temps pour me raser régulièrement. Fainéant comme je suis, au bout de deux semaines seulement, j’arrêterai.

 

Je suis parti chercher Ségolène chez ses parents. Elle avait une jupe noire, un peu trop courte à mon goût, fait dans un tissu légèrement transparent, des bottes en cuir noir qui s’arrêtaient à quelques centimètres des genoux, et un simple débardeur blanc.

Son maquillage était plus marqué qu’à l’habitude : un fard à paupières noir lui donner un air de jeune gothique en recherche d’identité (sûrement elle voulait se rajeunir, mais c’était de façon maladroite). Un fond teint fonçait sa peau beaucoup trop blanche aux naturelles. Et pour finir, un rouge à lèvre rouge « pute » (je suis désolé, je n’ai pas trouvé d’autre mot) grossissait artificiellement ses lèvres.

Je ne vais pas vous mentir, j’avais l’impression d’être face à une femme facile, mais cela ne me dérangeait pas. Je me sentais homme.

 

Dans la boîte de nuit, nous avons fait connaissance difficilement à cause du bruit ambiant. Elle me racontait un peu sa vie passée, et surtout son ex-mari qu’elle me fit un tableau épouvantable : un homme sans humour, et qui voulait tout diriger comme un dictateur. Cela me faisait rire, car la majorité des femmes que j’avais rencontrées critiquaient toujours leur « ex » en dressant un horrible portrait. Je me suis toujours demandé pourquoi elles avaient choisi cet homme. Comme si elles se rendaient compte au bout de quelques mois, voire parfois de plusieurs années, que leur copain, ou mari, était en fait des vraies saloperies. Évidemment, je sais très bien qu’on ne connaît jamais totalement une personne, mais je pense qu’on peut cerner une personnalité rapidement.

 

Durant nos discussions, je regardais les autres femmes. C’était des jeunes qui se trémoussaient contre des puceaux assoiffés de sexe. Oui, j’ai été à leur place, il y a quelques années, mais ça me fait plaisir de voir mon évolution. J’étais assis à côté d’une femme mâture qui me désirait. J’espérais être à la hauteur, si je l’emmenais dans un lit, car c’était une femme d’expérience. Normalement, il n’aurait pas de problème vu toutes les petites minettes que j’ai eues dans mon lit. J’ai dû avoir tous les formats. Des maigres avec des corps d’enfant, des grosses ayant des seins énormes qui m’amusaient beaucoup, des grandes qui ressemblaient à des mannequins, des petites pouvant presque me suçaient debout, des belles qui me donnaient à réfléchir avec ma conscience, et des moches qui me demandaient une grande concentration pour arriver à mes fins. Vous devez sûrement me prendre pour un monstre assoiffé de sexe. Je ne suis pas un monstre, j’aime simplement le sexe, comme certains aiment fumer ou boire. De plus, je respecte les femmes. À aucun moment, je ne les ai jamais obligés à coucher avec moi, c’était leur volonté. Et puis, je me représente les femmes comme le berceau du monde : chaque individu vient de leur vendre. Donc j’ai énormément de respect pour eux. Enfin, pour finir, comme tout le monde, j’ai une mère, donc, si je pensais manquer de respect aux femmes en général, j’aurais arrêté depuis longtemps mes sauteries, car j’aime ma mère.

Tout cela pour dire : j’espérais répondre aux attendre de Ségolène. Mais je me posais une question bête (l’alcool rend con) : comment est le sexe d’une femme mâture ? Est-il poilu ? Les lèvres sont-elles tombantes ? A-t-il une odeur particulière ? J’aurais dû me ressaigner sur internet, pas au travers de « Youporn », car j’ai toujours testé la pornographie (là, en occurrence, c’est vraiment un manque de respect envers les femmes en général), mais pour lire des commentaires sur des forums. Puis non, j’ai pensé que c’était mieux de le découvrir par sois même, en espérant de ne pas avoir de mauvaise surprise.

 

En fin de soirée, nous partirent chez moi. Nous entrâmes sans bruit dans la maison endormie, et nous dirigeons, tout en nous fessant nos premiers baissés (dans la voiture, nous échangeâmes des regards coquins et des caresses, mais pas de baissés), vers la chambre.

Arrivés dans le lieu voulu, nous nous déshabillons rapidement, car notre envie l’un envers l’autre était puissante. Je voulais la voir nue rapidement : découvrir ses courbes, son touché, son odeur et sa saveur. C’était bon ! Son corps était nu devant moi. Je n’avais plus peur. Un état second m’enveloppait, me faisant sentir comme un homme expert en sexualité. Je me mis à la toucher son visage comme si je voulais découvrir chaque trait. Je fis pareille le reste de son corps. Ses seins manquaient de volume, mais ils étaient très bien dessinés, et avaient un bon goût. Ses tétons se durcissaient sous mes coups de langue délicats. Son sexe était tout à fait normal, et il n’avait pas d’odeur particulière (me voilà soulagé).

Je me suis senti un peu déçu au moment de toucher ses fesses. Elles étaient décharnées. Par conséquent, ce n’était pas de tout agréable au touché.

Je me suis allongé, et Ségolène m’a monté dessus. Nous fîmes l’amour dans cette position durant quelques minutes seulement (l’alcool ou mon envie ne me permit pas de tenir plus longtemps). Nous sommes endormies rapidement dans les bras de l’autre.

Le lendemain matin, au réveil, mes parents firent une drôle de tête en me voyant descendre avec Ségolène.

 

Quelques mois plus tard

 

Les mois ont passé, et mon amour a grandi. Nous avons appris à nous connaître en discutant de notre passé, de nos goûts, et de nos envies. Puis il y a son garçon. Lui aussi j’ai dû apprendre à le connaître, tout en trouvant ma place vis-à-vis de lui. Sa mère m’a bien fait comprendre que je n’étais pas son père (ce qui est tout à fait vrai), mais cette manière de penser ne m’aidait pas à trouver ma place. Je suis quand même adulte, donc j’ai le droit d’engueuler le gamin. Je ne suis pas en train de dire que cela me plaît (j’ai horreur de ça, car selon moi, on peut élever un enfant en lui expliquant calmement les choses), mais je suis également chez moi (nous avons trouvé rapidement une location dans un petit village), donc j’ai le droit de vivre selon mes principes. En plus de cela, je dois composer avec le père du gamin qui est un peu plus ouvert d’esprit de son ex-femme. Contrairement à elle, j’ai ma place dans ma famille, et un rôle à jouer dans l’éducation de son enfant. Mais à chaque retour de son enfant, il le questionne pour savoir si tout c’est passé (le gosse me l’a dit). Je comprends qui le fait, mais je ressens une pression supplémentaire, comme si je n’avais pas le droit à l’erreur. Même si je me sens plus mûr depuis plusieurs mois, j’ai quand même encore le droit à l’erreur. Je n’ai jamais été père, et j’ai toujours un manque de maturité. Puis en un instant, me voilà beau-père, obtenant ainsi toutes les responsabilités qui vont avec.

Au sujet de Christophe, le garçon, je me sens proche de lui. On s’amuse au foot, je le taquine, on rigole ensemble comme des enfants. Je suis un peu son confident, tel un ami.

 

Concernant Ségolène, je continue à la découvrir, tout en continuant à apprendre à vivre en couple, chose pas facile lorsqu’on a vécu tant années chez ses parents. J’ai dû me faire à ses habitudes. Le plus compliqué était la nuit. Je devais faire attention de ne pas trop bouger pour ne pas la réveiller. J’avais pris l’habitude de m’étendre tout mon long en prenant un maximum de place. Évidemment cette position n’est pas conseillée lorsqu’on dort à deux, les coups peuvent vite pleuvoir. Je me suis habitué à dormir sur mon vende avec les bras le long de mon corps, et Ségolène mettait son bras et sa jambe sur moi. Je sentais ses poils pubiens sur ma peau qui me fessaient frissonner de temps en temps.

Puis, j’ai dû me faire à ses sauts d’humeur. Par exemple, on était en train de regarder un film sur notre ordinateur portable, lorsqu’elle a commencé à me parler de mes ex-copines, ou plutôt m’interroger au sujet d’eux, et plus précisément sur leur nombre, leur prénom, leur âge et leur physique. Chose compréhensible, car toutes personnes en couple aiment connaître le passé de l’autre. Mais je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle voulait en parler maintenant. On était tranquille. Puis son ton a commencé à changer devenant plus agressive. Elle voulait tout savoir, et à chaque fois, elle apportait un jugement comme si elle voulait me faire culpabiliser d’avoir eu tant de femmes. Je lui répondais que je ne pouvais pas revenir en arrière pour changer les choses, mais elle voulait toujours plus de détails. Le ton montait de plus en plus jusqu’à une dispute éclate. Puis, aussi vite que la dispute a commencée, Ségolène se calma, nous continuâmes à regarder le film comme si rien ne c’était passé.

Il y a également d’autres défauts qui me surprennent, comme le fait qu’elle s’intéresse à un soi-disant ami au moment qu’il va mourir. Elle n’avait plus aucun contact avec lui depuis dix ans. Et là, à l’annonce de sa mort imminente, elle n’arrêtait pas d’en parler comme si c’était son meilleur ami, et qu’elle le voyait chaque semaine. J’avais envie lui dire : « tu ne l’as pas vu depuis des années, et tu ne l’as même pas été le voir une seule fois lorsqu’il était malade, donc arrête de faire des manières ». Je ne lui ai rien dit, car, à l’époque, on était un jeune couple, et je ne connaissais pas encore ses réactions.

Attention, au travers de l’énumération de ses défauts, je ne suis pas en train de dire que je sois parfait. Évidemment, comme tout le monde, j’ai au minimum un défaut. Voici le mien : j’aime un peu trop la boisson. Pour me sentir bien dans ma peau, je dois boire une demi-bouteille de « whisky » par jour. Grâce à cela, je plane, et mon humeur reste constante. Si je n’ai pas ma dose d’alcool journalière, mon moral fait les « montagnes russes » : parfois je me sens totalement dépressif, j’ai envie de ne rien faire, d’autre fois je me sens tellement énervé que je pourrais retourner la maison. Souvent un état dure un mois. Puis pendant une semaine, j’ai l’impression de vivre normalement. Finalement, l’autre état commence. On peut représenter cela comme un cycle. Durant les hauts et les bas, j’ai quelques moments de calme le soir. Durant ces périodes, J’ai l’impression que je pourrais faire une activité artistique, car je voyage dans un état d’esprit qui me donne envie de créer. Malheureusement je n’ai aucun talent. J’ai déjà essayé d’écrire des histoires et de dessiner, mais j’avais l’impression de faire de la merde sans nom.

J’aurais dû consulter un spécialiste pour trouver mon problème et le résoudre, mais ma méthode fonctionne bien, et Ségolène ne dit rien.

 

Notre différence d’âge choquait les gens, surtout nos parents. Ils ne comprenaient pas notre amour. Il faut dire qu’à leur époque, les couples avaient deux ou trois ans d’écart au maximum. Le fait le plus choquant, pour eux, était que Ségolène aurait pu être ma mère (maintenant que j’y pense, cela peut être considéré comme un peu un retour aux sources. D’après les préjugés, c’est très rependu dans notre région). On était quand même invité chez eux pour les repas de famille, mais un malaise régnait toujours dans la pièce : les discussions étaient fort rares, et plutôt courtes.

Nous ne faisons pas attention à cela. Nous nous aimons, le reste avait peu d’importance. C’est con à dire, mais c’était parfaitement notre manière de penser.

 

Quelques années plus tard

 

Me voilà père. Ce n’était pas prévu, en tout cas de ma part. C’est petit d’homme d’un an qui s’appelle Théo. Je suis très heureux d’avoir pris cette responsabilité. Puis je l’aime ce petit bout. Je le protège, je le fais rire (parfois ses fous rires me font pleurer), je le nourris, et je le lave. J’ai envie de le faire grandir dans un environnement le plus stable possible avec l’aide de mes parents qui sont ravis. Mais il y a un problème : je ne suis plus en couple avec Ségolène. Mes travers ont repris possession de moi. Après que le voile de l’amour s’est levé, et que l’ennui s’est installé, je suis retourné en boîte de nuit en cachette (après les quelques sorties officielles durant les premiers mois, j’avais totalement arrêté ces conneries), en disant que j’allais chez un ami. Ségolène ne m’empêchait pas de partir, sûrement elle pensait qu’elle ne devait pas trop m’étouffer vu ma jeunesse. Cependant elle s’est vite lassée de me voir dessoûler dans le canapé entouré d’un nuage de tabac froid mêlé, malheureusement, à des odeurs féminines. Ma faiblesse pour les jeunes femmes était trop forte. J’ai vu qu’en boîte de nuit, les filles s’intéressaient encore à moi, au travers de leurs regards. Au début, j’ai réussi à résister en pensant au bébé. Mais, lorsqu’on est saoul, la faculté de réflexion est fortement altérée. On ne pense plus vraiment. L’instinct animal reprend le dessous : les enfants et la femme officielle disparaissent de l’esprit. On pense qu’à assouvir nos envies sexuelles.

Quand Ségolène s’en est rendu compte, je l’avais déjà trompé trois fois (comme un con, j’ai donné mon numéro de téléphone, et la fille m’a envoyé un message. Évidemment Ségolène l’a lu). Naturellement, à la suite d’une énorme dispute, Ségolène m’a mis dehors sans délai. Je suis revenu chez mes parents avec honte. Comment expliquer à ses parents qu’on a trompé sa compagne (difficilement acceptée dans la famille) avec laquelle on vient d’avoir un enfant ? J’avais honte. Honte de mes faiblesses envers les femmes et l’alcool. Honte de ne pas avoir assumé mon rôle de père. Tout simplement, j’avais honte d’avoir déçu mes parents, mes modèles.

Lorsque je leur ai annoncé la nouvelle, ils m’ont puni de la plus forte des manières : le silence.

 

Comme dans la plupart des cas, nous avons décidé de faire une garde alternée avec des périodes d’une semaine. Vu le très jeune âge de notre fils, il ne se rendait pas compte de la situation. Il avait uniquement quelques difficultés à trouver le sommeil les premières nuits après son retour.

Je pense que les problèmes vont apparaître lorsque Théo va grandir, car, quand je vois la maturité de sa mère, je crains qu’elle retourne notre enfant contre moi pour se venger. Je trouve cela totalement con, transformer son propre enfant en arme (vous avez vu, je critique mon ex. Finalement, l’amour rend totalement aveugle). Il faut toujours penser au bien-être de l’enfant avant tout, et non aux conneries d’adulte en manque de maturité. Je suis loin d’être parfait, mais je placerai toujours le bonheur de mon fils au-dessus de tout. Maintenant que j’y pense, je peux m’appuyer sur cette volonté pour arrêter les conneries. L’amour d’une femme est échangeable, pas celui d’un enfant.

 

J’ai critiqué Ségolène, mais je l’aime encore. Elle m’a fait découvrir le vrai amour avec des sentiments sincères. Je n’avais jamais ressenti cela. Avant, c’était juste des aventures d’un soir sans aucun sentiment. Mais là, on était un vrai un couple avec des projets communs. Puis, elle m’a fait devenir père. Selon moi, elle m’a offert le plus beau cadeau possible, et cela, je ne pourrais jamais l’oublier. Mais il y a nos défauts respectifs. Normalement un couple doit être capable de surmonter les défauts de l’autre. Nous n’arrivons pas à faire cela. Ma dérive est trop importante. Aucune femme n’accepterait de se faire tromper, même si leur homme souffre de problèmes psychologiques. Peut-être un jour, je changerai, et donc je pourrais la reconquérir.

 

Trois ans plus tard

 

Je suis une autre plume. Mon identité n’a aucune importance. J’écris pour vous informer du suicide de Michaël. Je ne le connaissais pas très bien, mais selon les premiers dires, depuis six mois, il avait totalement arrêté l’alcool, et cela lui provoquait d’importants sauts d’humeur, et des crises de violence.

Il a laissé une magnifique lettre à destination de son fils, de ses parents, et de son ancienne compagne, Ségolène. Toujours d’après les rumeurs, la lettre se terminait comme ceci : « Ma mort nous protégera. »

Le monde est internet

Le monde est internet

Si vous voulez développer l’histoire ci-dessous, et/ou en faire une BD, contactez-moi à cette adresse « yohan.guerrier@gmail.com ».

Cette histoire se passerait dans un futur lointain, dans lequel internet aurait tellement envahi et dominé la société que les humains vivraient comme s’ils étaient réellement dans internet. Internet serait devenu le mode. Dans cette société, tout serait dématérialisé : il n’aurait plus de magasin (tous s’achèteraient par internet, ou plutôt tout serait gratuit, et la pub, omise présente, permettrait aux multinationales de gagner de l’argent), les personnes n’auraient plus besoin d’apprendre vu qu’elles auraient un implant dans le bras permettait de télécharger des informations grâce à une technologie sans fil, ce même implant permettrait de se nourrir (les personnes choisiraient un repas, et un ensemble de donner permettant de simuler de la nourriture), les gens malades ou blessés seraient soignés par l’intermédiaire de cet implant, les dialogues entre les personnes passeraient par cet implant…

Évidemment, dans ce monde, le comportement des individus aurait changé. Ils se parleraient sans aucun filtre (comme s’ils étaient anonymes), les rapports sexuels seraient de la pornographie (c’est à dire très violents), les gens seraient très curieux (ils voudraient tout voir), les gens donneraient leurs avis sur tout sans aucune limite…

Les personnes seraient filmées en permanence grâce aux lunettes connectées portées par tout le monde, et les vidéos seraient accessibles par tous. Par conséquent, la vie privée n’existerait plus.

Chacun appartiendrait à des groupes d’intérêt pour échanger sur différents sujets. Certaines personnes essayeraient de propager de fausses idées au travers de montages photo envoyés sur les implants, durant d’autres personne ne les combattent.

Il n’aurait plus de pays. Tout le monde aurait le même gouvernement formé par les grandes multinationales, et la même histoire courte, c’est-à-dire sur une seule génération (ceci n’est pas difficile, car internet n’a pas de mémoire). Tout le monde serait égal.
Chaque citoyen donnerait des propositions de loi sur un réseau social. Ensuite, un logiciel regrouperait toutes les propositions pour en faire des lois. Finalement ces lois seraient soumises à un vote mondial. Le gouvernement existerait seulement pour l’économie et l’ordre public. Ce ne serait pas un régime totalitaire.

Pour que ce monde soit plus réaliste, il faudrait travailler avec des spécialistes du comportement humain, et des nouvelles technologies.

Dans ce monde, deux grands courants d’idées s’affrontaient : les rêveurs et les réalistes. Les premiers voulaient un monde plus chaleureux, plus humain et plus poétique. Selon eux, les nouvelles technologies avaient déshumanisé les Hommes. Ils n’avaient plus de sentiments, de sensations, ni de réels contacts humains. Les rêveurs avaient réussi à garder leur côté humain grâce aux livres, aux bandes dessinées, aux films… C’était les seuls à s’intéresser à l’art en général (l’art n’était pas interdit). Les autres étaient enfermés dans leur propre univers fait de nouvelles technologies impersonnelles.
Naturellement les rêveurs voulaient changer le monde. Non pas en combattant la technologie, mais en apportant de l’humanité en faisant comprendre aux autres qu’ils devaient s’intéresser à l’art, et surtout renouer des liens directs avec d’autres personnes. De plus, vu que la majorité des personnes avaient oublié, ou plutôt ne connaissaient pas l’histoire de l’humanité, les rêveurs voulaient refaire connaître le passé pour que les mêmes erreurs ne soient pas commissent de nouveau.

De l’autre côté, nous avons les réalistes. Ces personnes se sentaient très bien dans leur époque. Ils n’avaient aucun problème avec le manque d’humanisme ambiant. Ils étaient dans leur monde, et ne s’occupaient pas des autres. Leur vie se résumait à leur travail et aux nouvelles technologies. Contrairement aux rêveurs, ils n’étaient pas en couple. De temps en temps, une femme et un homme se rencontraient pour assouvir leur envie sexuelle. Lorsque la dame tombait enceinte, elles laissaient automatiquement son bébé à un organisme qui allait l’élever avec des principes neutres. Par contre, les rêveurs élevaient eux même leurs enfants.

L’action même de cette histoire serait la confrontation entre les rêveurs et les réalistes. Les rêveurs voulaient ajouter un côté humain et poétique aux nouvelles technologies pour que le monde soit moins froid. Cependant les réalistes ne voulaient pas changer le monde, car ils aimaient leur mode de vie, et surtout ils avaient peur du changement (la célèbre peur de l’inconnue).

En cachette, un groupe de rêveurs passaient leur temps libre à modifier les systèmes d’exploitation des différents objets intelligents. Ces développeurs ajoutaient des fonctionnalités permettant aux objets de ressentir des émotions, d’éprouver des sentiments… en résumé, être plus humain.
Évidemment les réalistes vont se rendre compte de ces modifications, et ils vont combattre les rêveurs d’abord au travers des groupes d’idées, puis beaucoup plus violemment. Les réalistes ont commencé à analyser les vidéos des rêveurs pour trouver leurs points faibles, puis pour faire des actions violentes contre eux. Durant ce temps, l’état n’intervenait pas, car, selon eux, le peuple devait ses problèmes par eux même.
Les rêveurs répliquaient d’abord en changeant de plus en plus les objets, puis en inondant les groupes avec leurs idées.

Après des dizaines d’années de révolutions, la mentalité changea, et les nouvelles technologies devenir des êtres doués de sentiments. Et de façon générale, le monde déverni plus chaleureux.

Une tranche de vie

Une tranche de vie

J’ai imaginé une histoire qui mettrait en scène une personne lourdement handicapé physique (ce n’est pas moi). Ce jeune homme a traversé des moments très difficiles dans son enfance à cause de nombreux problèmes familiale. Ces problèmes le hantent encore aujourd’hui. Cependant ils lui ont parmi de créer une carapace. Cet homme a très bien réussi sa vie professionnelle, car il travaille dans le domaine de la recherche en physique, et cela malgré son handicap.
Cependant il lui manque une chose : l’amour. Ce vide grandit de jour en jour malgré l’acharnement qu’il met dans son travail. Il voie chaque jour des couples s’embrassaient, se promenaient main dans la main, et être heureux tout simplement. Durant ce temps, il reste seul face à son matériel de physique.
Puis il y a le sexe. Tout le monde en parle, en ris, mais lui ne la jamais fait. Il se sent mis à part de cette société où le sexe est dominant. Comment se sentir adulte lorsqu’on n’a pas encore touché une femme à trente-cinq ans. Ces amis lui racontent leurs exploits sexuels, sans voir le mal qui lui fait.
Un jour, il décide d’aller voir une prostituée, vu que les assistantes sexuelles sont interdites. Cette démarche est très difficile, car il doit trouver un accompagnant discret. En plus de cela, il doit gérer sa timidité et sa honte. Il aurait préféré avoir son premier rapport sexuel avec une femme qui l’aime. Mais l’instinct animal est plus fort que la raison.
Arrive le jour tant attendu. Malheureusement les dames en le voyant refusent de le prendre pour client par peur du handicap. Cette mauvaise expérience lui retire toute envie de recommencer.
En même temps, son passé continue à le perturber. Il comprend rapidement qu’il ne pourra résoudre ces problèmes seuls. Il décide d’aller voir psychologue pour se faire aider.

Son passé rend les relations avec sa famille compliquées. Il a énormément d’amour pour eux, mais certains membres de sa famille ont commis une faute impardonnable. Malgré cela, l’homme les aime. Une relation complexe s’installe entre eux.

Au même moment, le jeune homme rencontre une jeune femme sur internet. C’est le coup de foudre.
À partir de ce moment-là, notre héros va découvrir un nouveau monde. Il va devoir apprendre ces règles. Apprendre à découvrir sa copine, tout en s’ouvrant à elle, avec une certaine réserve. En même temps, il apprendra énormément de choses sur lui-même, car sa copine est également handicapée.
Plusieurs autres mondes vont lui ouvrir leurs bras : le sexe, la vie en couple…

Ce couple vie le plein bonheur, jusqu’au jour où la femme tombe gravement malade, et meurt. S’en suivit une longue dépression parsemée de quelques tentatives de suicide.
Puis un jour, une nouvelle aide à domicile va intervenir chez lui. Elle est un peu plus jeune de lui, et d’origine africaine. Rapidement une amitié et une complicité s’installent entre eux. Cette dame va lui redonner goût à la vie, tout en lui faisant découvrir la culture de ces ancêtres. Doucement un amour naît entre eux.
Les mois passent, et leur amour devient officiel. Puis un jour, notre héros devient papa d’une jolie petite fille. À partir de ce moment, il découvre encore un nouveau monde merveilleux qui va affaiblir ses démons du passé.

Si vous voulez développer cette histoire et/ou en faire une BD, contactez-moi à cette adresse « yohan.guerrier@gmail.com ».

PS : Cette histoire n’est pas inspirée de me vie : Je n’ai pas problème avec mon passé, ma copine (que j’aime énormément) n’est pas mourante, et je n’ai ni d’aide à domicile d’origine africaine, ni envie de faire un enfant avec l’une d’entre elles.

Les trois jours sombres

Les trois jours sombres

Je met en ligne le début de l’un de mes deux nouveaux romans, car je ne pense plus avoir le temps d’écrire à cause de mon travail. Si vous voulez continuer l’histoire et/ou en faire une BD, contactez moi à cette adresse « yohan.guerrier@gmail.com ». Je vous enverrai le plan que j’ai pensé pour la suite de l’histoire.

 

Chapitre 1

Un lundi

Julie Poiret revenait d’une très agréable petite soirée entre amies dans un restaurant italien au cœur de Semur-en-Auxois pour fêter un grand événement. En effet, elle venait d’obtenir son diplôme d’infirmière après trois années d’étude à Auxerre. De plus, ce matin, la jeune fille avait eu une réponse positive pour un travail au sein de l’hôpital de Semur-en-Auxois. Son bonheur était à son comble, ainsi que celui que sa mère. Cette dame ressentait une immense joie de pouvoir garder sa dernière fille auprès d’elle, tout comme ses deux autres enfants. Natacha, la créatrice de Pauline, se voulait être une mère poule. Elle était aux petits soins pour elles. Cette maman préparait, tous les dimanches soir, des petits plats pour ses trois puces.
Lorsque Julie lui avait fait part de son envie de partir étudier à la faculté d’Auxerre, Natacha avait essayé de la dissuader en lui faisant peur avec des faits divers sordides (les mères sont prêtes à tout afin de garder leur fille près d’eux). Malheureusement pour la maman, la jeune femme était déterminée à quitter le foyer familial devenu trop étouffant. Elle voulait profiter de sa jeunesse, tout en étudiant.
Trois semaines après cette annonce, Natacha se fit une raison au départ de sa fille, espérant qu’elle revient à la suite de l’obtention de son diplôme.

Depuis deux ans, madame Poiret était devenue grande mère d’une jolie petite métisse aux yeux verts prénommée Louna. Quatre années plus tôt, sa plus vieille de ses filles avait épousé un footballeur professionnel originaire de l’île Martinique. Il se nommait Hiro et jouait pour le club de Dijon.
Natacha était évidemment une mamie attentionnée. Tous les samedis après-midi, elle prenait sa petite à sa maison soit pour la promener, soit pour lui apprendre de nouvelles choses. La jeune mémé adorait couvrir de cadeaux le bébé. Sa chambre se remplissait de peluches.
De son côté, le grand-père, Pierre, était un peu effacé face à la forte personnalité de sa femme. Elle parlait énormément par apport à lui. Durant les réunions familiales, elle réalisait souvent de longs monologues, pendant lesquels Pierre disait quelques conneries, espérant que les invités ne l’oublient pas.

1

Julie possédait un visage rieur. Ses cheveux blond foncé lui descendaient jusqu’en dessous des épaules. Ils ondulaient légèrement. Elle les coiffait en formant une raie sur le côté gauche. Cela formait une frange qui cachait toute la partie droite de son front terminé par deux sourcils bruns soigneusement épilés. Ses yeux marron foncé jetaient un regard naïf sur le monde. Du haut de ses vingt-trois ans, elle voyait encore son environnement comme une immense zone de jeux. Évidemment, elle possédait le sens des responsabilités. Cependant, elle mettait un filtre coloré sur chaque chose l’entourant. Ce fait lui permettrait de supporter les difficultés de son futur métier.
Son nez se voulait court et agréable à regarder. Il dominait une bouche pulpeuse. Elle donnait envie d’être embrassé. De plus, ses lèvres réalisaient souvent des « culs de poule » soit pour exprimer sa subissons, soit sa fausse colère devant sa filleule. Son visage était sculpté par un léger surplus de friandises. Elle se maquillait légèrement avec un peu de bleu sur les yeux et du rouge à lèvres rose sorbet. Ces artifices superficiels, ajoutés aux bottes à petites talonnettes, lui permettaient de paraitre plus femme, et par conséquent d’être pris plus au sérieux dans son travail. Elle portait un long imperméable crème qui lui cachait la totalité de son corps. Ce vêtement la protégeait de la pluie.

L’automne venait de montrer son nez. Les feuilles rougissaient ou jaunissaient, puis tombaient délicatement sur les flaques d’eau. L’été se retirait emportant les dernières pensées nostalgiques, et dont leur sujet était les rêveries des vacances passées.

Julie se dirigeait vers l’ancien hôpital de la ville. Elle voulait, avant de commencer à travailler, voir le lieu où sa grande mère avait travaillé durant trente ans. Cet acte était comme un retour aux sources. Elle espérait pouvoir puiser de l’énergie du passé pour sa première journée de travail qui était pas plus tard que demain. Elle ressentait une appréhension devant l’inconnu. Certes, Julie venait effectuer deux stages à l’hôpital de Dijon où elle avait acquis énormément d’expérience (surtout, la fois durant laquelle elle aida une jeune sache femme à accoucher une maman dont le cordon ombilical entourait le cou du bébé. Sa collègue paniqua totalement et la laissa seule avec la mère apeurée. Julie, de sang-froid, prit une paire de ciseaux. Ensuite coupa le bout de boyau qui entourait le minuscule cou supportant une petite tête au visage tout bleu. Puis elle tira le bébé par le crâne, en arrachant au passage le vagin. Finalement, Julie mit la fameuse claque sur le cul du garçon pour ouvrir ses poumons à l’air. Quelques secondes plus tard, une infirmière beaucoup plus expérimentée entra dans la salle de travail, suivies par la fautive en pleure. Elle recousit la jeune maman et félicita Julie qui obtint évidemment une très bonne note), mais le vrai monde du travail se voulait être impitoyable.

2

La demoiselle serpentait des étroites ruelles recouvertes de pavés, dans lesquelles le vent s’engouffrait et faisait danser la pluie à la lueur des lampadaires. Ils diffusaient une lumière fatiguée orangée. Tous ces éléments créaient une atmosphère lugubre.
De plus, les demeures renvoyaient le passé au travers de leur visuelle. On ressentait encore les horreurs commises dans cette ville durant le Moyen Âge.

Elle arriva devant l’hôpital. Des larmes de fierté se mirent à couler sur ses joues trempées par la pluie qui avait redoublé d’intensité, tout comme le vent. Elle fissionnait de froid, mais également de bonheur. Demain, la jeune femme allait guérir des personnes souffrantes, sauver des vies, et s’occuper d’enfants. Cependant, Julie avait conscience qu’elle allait affronter la mort. Sa grande mère lui disait souvent que la mort faisait partie du métier, mais les infirmières devaient se concentrer uniquement sur les bons moments, comme une naissance, pour effacer la noirceur du job. Elle ajoutait cela : « le temps passant nous permet de nous fabriquer une carapace qui pourra être uniquement fissurée par le décès d’un enfant ».
Julie avait finalement choisi le service gériatrique comme spécialité. Certes, on tutoyait la mort presque toutes les semaines, mais dans ce cas, c’était la logique de la vie.

3

Jacqueline, la grande mère de Julie, avait transmis l’amour du métier à sa petite fille au travers de ses nombreuses histoires narrées lorsque la gamine venait passer des journées d’hiver chez elle. La petite s’asseyait sur un petit tabouret devant la fenêtre de la cuisine, pendant que la vieille dame préparait le repas du midi et racontait ses anciennes aventures à l’hôpital. Julie l’écoutait passionnément avec ses deux minuscules mains posées sur ses genoux.

Natacha n’avait jamais pris pour passion l’univers de l’hôpital. Puis, elle se savait très émotive, donc ce métier ne lui conviendrait pas. Une émotion un peu trop forte la faisait pleurer immédiatement. Le sang de sa mère ne coulait pas dans ses veines. Une fois, elle fit une crise d’éthérisme à son mari simplement parce qu’un garagiste montait leur voiture en panne sur son camion. Elle avait peur que son véhicule tombe sur le côté. Régulièrement, ses filles se moquaient gentiment d’elle à cause de cela.

Julie était également pompière volontaire depuis deux ans. Elle avait décidé de suivre les traces de son père. Tous les weekends, la jeune fille effectuait des gardes pour intervenir sur les éventuels accidents de la route ou les incendie. À ce jour, on l’avait appelée uniquement sur des feux de paille. Ils avaient tous été déclenchés par des adolescents en proie à l’ennui. Julie redoutait de devoir secourir des enfants victimes d’un accident de voiture. Évidemment, elle serait intervenue, mais cela l’aurait laissé une cicatrice à vie. Le décès d’un petit être est la chose la plus horrible qui soit, pensait-elle.

4

Les larmes de la demoiselle redoublèrent à la remémoration du passé, et plus précisément à la fierté de sa grande mère qu’elle aurait eue pour elle.

Son bonheur aurait été au complet, si elle s’était trouvée en couple avec un jeune homme merveilleux. La majorité de ses amies l’étaient. Ces filles semblaient l’air très heureuses quand elles se promenaient en compagnie de leur petit ami.

Il y a six mois, Julie avait rencontré un homme mature. Il avait trente-cinq ans et se nommait Georges. L’homme travaillait comme directeur d’école primaire. Ces deux individus se connurent dans une boîte de nuit à Dijon. Julie fut agréablement surprise par les mots de l’homme. Il ne voulait pas l’emmener chez lui pour lui faire l’amour, comme la totalité des jeunes mâles de la discothèque. Il lui racontait son travail, tout en s’intéressant à elle. Vers trois heures du matin, ils s’échangèrent leur numéro de portable.

Durant les semaines suivantes, Georges l’appelait régulièrement pour faire plus ample connaissance sans jamais laisser paraitre ses sentiments. Puis, un jour ensoleillé, le donjuan l’invita à boire un verre sur une terrasse de café. Julie accepta avec plaisir. Elle s’habilla d’une robe blanche à petites fleurs bleues qui lui arrivait au niveau de ses genoux. Elle laissait imaginer, au travers d’un léger décolleté, une poitrine bien ferme libre de tout mouvement. Elle s’était chaussée avec une paire de sandalettes comportant une marguerite sur la lanière de cuir qui passait entre son gros orteil et son voisin. Chaque oncle se couvrait d’un verni rose pâle. Pour la première fois, Julie se maquilla un peu plus fortement, espérant ainsi sembler plus vieille.
Le rendez-vous se déroula sur une terrasse de café située sur une place comportant une église en son centre. Les deux amis échangèrent des banalités devant un coca (pour la jeune femme) et une bière blonde. Une demi-heure après leur arrivée, Georges proposa à Julie de visiter sa maison située à cinq minutes de là. Elle accepta, tout en sachant ce qu’il allait sûrement se passer.
Une fois chez lui, elle s’assit sur le canapé avec une petite boule au vendre. Ses jambes étaient fortement serrées et ses mains ne cessaient de bougeaient sans sa volonté. Ses yeux éprouvaient de grandes difficultés à fixer un point.
L’homme se plaça à ses côtés. Il lui avoua ses sentiments sans détour et avec une légère timidité qui se matérialisait par un rougissement au niveau du visage. Elle eut la sensation d’être face à un petit garçon. Sans aucun mot, elle déposa un doux baissé sur la bouche masculine, tout en prenant la tête dans ses mains très féminines. Toujours en silence, le nouveau couple se dirigea vers la chambre, sans décoller leurs lèvres. S’allongea sur le lit et fit l’amour durant vingt minutes.
Julie avait déjà eu des rapports sexuels avec un homme, en occurrence son ancien petit ami. L’expérience fut horrible. Chaque fois, elle eut la sensation d’être un objet sexuel, comme une poupée gonflable. La jeune femme se fit secouer en tous sens, à tel point qu’elle ressentît un petit mal de mer.
Cette fois, la magie était au rendez-vous. Georges s’occupait du plaisir féminin avant tout. Il employait une grande douceur pour lui donner un maximum de plaisir, et cela fonctionna tellement bien, qu’elle eût son premier orgasme.

Trois mois de bonheur plus tard, Georges finit par lui avouait le poteau rose : il était marié et possédait trois enfants. Julie le quitta immédiatement. L’homme n’essaya pas de la reconquérir. Il retourna à sa petite vie familiale. De son côté, la demoiselle fit une petite dépression en cachette avant de reprendre une vie normale.

5

Julie se trouvait dans un des plus beaux lieux de Semur-en-Auxois, c’est-à-dire sur une petite place toute en longueur située au-dessus des remparts qui faisaient le tour de la vieille ville. En son centre, une ligne d’arbres venait d’être plantée par des enfants de l’école maternelle. Derrière ces pousses, on pouvait voir un muré mesurant environ un mètre cinquante. Il empêchait les promeneurs de faire un grand plongeon. Ces remparts dominaient une cinquante d’habitations mêlant le moderne et le très ancien. Elles ne respectaient pas une organisons stricte. Parmi eux, une verdure d’automne se faisait éclairer par des projecteurs à lumière jaune. Sur l’extrême droite, une rivière coulait paisiblement sous trois ponts en pierre. Une forte pluie arrosait ce paysage. Un violent vent balançait les gouttes.
Devant Julie, qui se situait au fond de cette place, l’ancien hôpital se dressait derrière une haute barrière verte terminée par de longues pointes. Le bâtiment formait un « U » en encadrant une cour intérieure.

6

À l’origine, ces murs renfermaient des personnes ayant des troubles mentaux. Elles étaient attachées au mur dans des chambres qui puaient la mort. Les résidents possédaient comme compagnons des rats. Ces animaux mangeaient les chairs pourrîtes par la gangrène.
Ensuite, l’asile de fou fit transformer en hôpital classique. Durant la Seconde Guerre, il fut utilisé pour soigner les nombreux blessés en prévenances des champs de bataille situés autour de la ville. Les bâtiments se protégeaient avec des batteries antiaériennes. À l’intérieur, les murs bleu claire et le calage blanc étaient très souvent tachés avec du sang venant des plaies faites par des éclats d’obus, ou des membres déchiquetés par des mitrailleuses lourdes. La souffrance résonnait dans chaque chambre.
Quelques années après la guerre, un nouvel hôpital fut construit et l’ancien abandonné au passé.
De nos jours, le bâtiment servait uniquement à faire peur aux jeunes de la ville qui le voyaient comme un lieu hanté à cause de son passé rempli de souffrance et de morts. Durant la nuit d’Halloween, la tradition voulait que les adolescents pénètrent ces locaux à la recherche d’éventuelles traces d’activités paranormales. Chaque fois c’était la même chose : les visiteurs croyaient voir des fantômes de soldats mutilés. Cependant, la peur leur jouait un mauvais tour tout simplement.
Julie ne ressentit jamais l’envie d’aller visiter les chambres en ruines reliées par des couloirs illuminés par uniquement la lune. Elle préférait de loin rester chez elle pour faire une soirée pyjama entre amies devant les films d’horreur les plus connus.

7

La demoiselle était plongée dans ses pensées nostalgiques, quand soudain, une lourde main se posa sur son épaule. Elle poussa un léger cri, tout en sursautant. Julie tourna rapidement la tête afin de voir la personne qui se trouvait derrière elle. Un homme habillé élégamment avec un fin manteau en cuir noir et jeans délavé souriait parmi la nuit. Cet habillement moderne se terminé par des converses en toile bleue (pas idéal pour la saison). Il portait une barbe blanche de quelques jours. Son crâne était totalement chauve et possédait trois tâches de vieillesse parfaitement alignées comme la crête d’un punk. En effet, cet individu devait avoir environ soixante-cinq ans. Ceci se voyait surtout au niveau des rides d’expression, et du dentier beaucoup trop grand pour sa bouche. Il lui faisait un sourire grotesque, voir un peu effrayant.
Julie fut très surprise, presque choquée, face au contraste entre l’âge de cette personne et sa tenue vestimentaire. Elle pensa tout de suite aux mères qu’on voyait de temps à autre passer dans des émissions débiles, et qui voulaient obligatoirement ressembler à leur fille, ou plutôt paraitre aussi jeunes qu’elle. Évidemment, dans cette situation, c’était le père qui se prenait pour un adolescent. Une deuxième chose interpella la jeune femme. Deux yeux bleus la regardaient joyeusement, malgré ses larmes qui continuaient à couler à flots.
« Bonsoir miss, tu as raison de pleurer, la tristesse est le plus beau des sentiments. C’est le vrai également. On est toujours triste pour une bonne raison, contrairement au bonheur qui a une origine superficielle. Les personnes aiment la joie par facilité, voir par complaisance. J’ai toujours été malheureux. Assez parlé de moi. Comment tu t’appelles miss ? »
Julie faillit passer des larmes au rire instantanément. Ce drôle de papi se prenait vraiment pour un jeune. Il ne se contentait pas de s’habillait comme un poste pubère, il également parlait tel un adolescent poli en pleine séance de gringue. Ce personnage était très original. Il ne paraissait pas saoul ni être un clochard.
Julie lui répondit sans aucune crainte (non pas comme la majorité des personnes devant à cette situation) :
« Julie. Je ne suis pas de tout triste, au contraire je suis très heureuse, car demain je commence le travail de mes rêves, infirmière »
« Non ! Le bonheur c’est mal. Regard, tu es joyeuse pour ton nouveau travail, mais tu peux le perdre facilement, et dans ce cas tu seras triste, donc dans le vrai. Soit avec moi parmi le real immédiatement. Soyons un couple malheureux d’amour »
Tout en prononçant ces mots, l’homme prit la main de Julie. La demoiselle répondit d’abord par un sourire, puis par ces mots :
« Merci, mais je suis trop jeune pour vous. À présent, je dois partir, demain je commence tôt et je ne veux pas faire une erreur dès mon premier jour. Bonne nuit monsieur »
« Donc tu veux absolument être heureuse »
« Évidemment monsieur. La joie m’a toujours accompagné et je veux que ça dure le plus longtemps possible. Si cela peut vous rassurer, je suis un peu triste de ne pas avoir un petit ami. Aller, bonsoir monsieur. Je suis ravi d’avoir fait votre connaissance »
Julie lui lâcha la main. Elle fit demi-tour pour prendre la direction de son appartement.
« Tu as choisi le bonheur, et même si tu te mets en couple avec moi, ça te rentra encore plus heureuse. Tu es irrécupérable. Par contre, je peux encore faire quelque chose pour ta famille »
Ces dires étonnèrent la jeune femme qui se retourna afin de demander plus d’informations. Elle ressentit une courte peur en voyant le visage masculin collé au sien. Ensuite, une immense douleur brûlante se fit sentir au niveau de son bas vendre. Elle baissa les yeux qui étaient ouverts à leur maximum, tout en exprimant une immense surprise. Elle vit, avec horreur, un couteau enfoncé en elle.
« Maintenant, tu es triste à jamais, tout comme ta famille. Au revoir miss » dit l’homme calmement. Il retira rapidement son poignard. Julie voulut crier à l’aide, mais la larme lui trancha rapidement la gorge. Le mouvement fut net et précis. Trois secondes plus tard, elle s’évanouissait. La demoiselle ne reprit jamais connaissance.

8

Le tueur prit délicatement le corps sans vie et se dirigea vers un banc en bois. Il faisait face à une partie de la ville. Toutes les maisons dormaient paisiblement dans cette nuit pluvieuse. Le calme de la mort régnait. Seul le vent perturbait le silence avec sa musique habituelle. Ce chant avait comme réputation d’endormir certaines personnes en procurant un sentiment de sécurité.
L’homme resta quelques secondes à contempler ce paysage avec un sentiment de supériorité. Il portait la mort dans ses bras et cela augmentait son sentiment de domination. Il sentait une légère pression au niveau des boutons qui devançaient son pénis.
Après avoir posé sa victime sur l’assise, le personnage commença à déshabiller le corps par le manteau, puis les chaussures et les chaussettes. Il découvrit des pieds très fins. Le vieil homme les prit dans ses mains avec une sensualité macabre. Ses caresses les réchauffèrent légèrement. Ensuite, viens au tour du pantalon. Un liquide rouge claire coulait le long de la cuisse gauche et terminait derrière le genou. Ce flot se constituait de sang provenant de la plaît au ventre et d’urine chaude. Le sexe féminin était caché par un boxer blanc moulant. Devant, vers le bas à côté d’une large line rouge à bords non réguliers, on voyait une tache jaunâtre formée après la mort. La pluie commençait déjà à effacer toutes ces traces, les faisant couler sur le sol. Le tueur éleva doucement le cache-sexe en portant Julie sur son épaule. Cette position mettait en valeur de jolies fesses bien rebondies. Une main masculine bien entretenue frappa, uniquement avec sa paume, trois fois le cul, en produisant chaque fois des petites vagues.
« En plus, tu avais un joli cul, on serait bien amusé. Dommage ! » Fit une voix remplie de désespoir.
Il reposa la femme sur le banc, puis hotta l’ensemble des vêtements du haut. L’homme attendit durant cinq minutes que la pluie nettoie naturellement le sang qui avait coulé des deux blessures, ensuite il lui caressa les seins en forme de poire et encore légèrement rougeâtre. Ils tenaient parfaitement dans ses mains. Il sentait une agréable sensation. La poitrine était ferme, mais pas trop dure. Les doigts s’enfonçaient légèrement dedans. Le malade mental aurait aimé les goûter, mais il ne voulait surtout pas laisser son ADN sur la scène de crime.
L’assassin repris son couteau de sa poche et prononça ces mots :
« À présent, je vais te rendre parfaite, miss »
Il redressa la tête de sa victime en tirant sur les cheveux. Dessina avec son poignard, dans la peau des joues, trois traits verticaux les uns en dessous des autres pour symboliser des larmes. Les ouvertures ne saignaient pas. Elles étaient simplement de fines plaies rouges sur la peau devenue blanche. Rangea son arme, et sortit de l’autre poche du maquillage pour femme. L’assassin commença par mettre des gants en cuir noir. Ensuite, il ferma les paupières de la morte pour les colorier en noir. Enchaîna avec le mascara. Bizarrement, l’homme faisait cela très bien, telle une femme l’aurait fait. Il finit son travail en posant du rouge à lèvres noir.
Maintenant, Julie ressemblait comme deux goûts d’eau à une adolescente gothique qui allait se rendre à un concert de métal.
« Passons à la deuxième étape de ton chemin vers la perfection »
À l’aide de ruban adhésif transparent, il figea la bouche dans un sourire triste, en tirant les deux extrémités vers le bas. Puis viens au tour des yeux à subir une transformation. Il tira chaque coin extérieur également vers le bas afin de lui faire un regard non joyaux. Il ajouta des collants reliant les paupières aux sourcils pour maintenir les yeux ouverts.
Le silence fut brisé par ces dires :
« Cette dernière mortification t’apportera la perfection, miss »
Il ressortit son couteau pour lui scarifier les cuisses et les avant-bras.

Un tronc d’arbre situé juste derrière le banc maintenait la tête. La pluie faisait couler le mascara à côté des entailles. Julie était, malgré elle, le caryotype de la gothique mal dans sa peau, sous la forme d’un pantin. La mort se voulait être le paroxysme de la transformation.

L’homme attrapa les vêtements de sa victime, les vida de leurs biens, puis alla les jeter par-dessus les remparts. Il prit une dizaine de photographies de la scène en utilisant son iPhone.
Avant de partir, il prononça ces mots avec les larmes aux yeux :
« Tu seras ma petite amie à jamais »

 

 

Chapitre 2

1

Lorsqu’on arrivait pour la première fois à Semur-en-Auxois par la route principale (qui se voulait être une forte descende), une belle surprise visuelle nous attendait. En effet, une fois au début de cette pente, notre vue dominait une fortification moyenâgeuse formée par deux tours, donc une possédait sur toute sa hauteur une large fissure formée en 1602 à la suite d’une probable secousse sismique. Au sommet des bâtiments, jusqu’en dessous des toits en forme conique et reprenant une couleur mêlant l’orange avec un marron foncé, se trouvait une série d’étroites meurtrières. Une deuxième ligne verticale de fentes coupait la face visible en deux. Cinq grosses et hautes demeures séparaient les deux tours. Chacune possédait une hauteur différente, ainsi d’un nombre de fenêtres non égal. La plus imposante d’entre elles se voyait ses pièces éclairer par dix ouvertures vitrées organisées sur quatre étages (trois par niveau, sauf le premier qui en avait une seule). La bâtisse se fermait avec une façade d’un gris sale et non uniforme. Cette maison se situait en deuxième position. Son toit couleur vert vase comportait trois hautes cheminées. Les quatre autres demeures ne possédaient rien d’autre d’originale omise leur hauteur.
À l’arrière-plan de ces sept monuments, on apercevait les toits de deux autres donjons. Cela nous emmenait à penser que ces quatre tours formaient un rectangle imaginaire protégeant sûrement une place forte. Sur la gauche du paysage, notre regard se perdait dans un enchevêtrement de vieilles grosses maisons qui complétaient la touche moyenâgeuse. Au loin, une petite cathédrale, composée par trois tours clocher (deux de chaque côté de l’entrée et une en retrait). Cette dernière se terminait avec une flèche. Cette vieille dame donnait une impression de grandeur malgré la distance. Elle dominait toutes les autres constructions.

Un haut pont en pierre permettait l’accès à la ville en passant au-dessus d’une ancienne et profonde douve où coulait une rivière. Sur la rive la plus éloignée, une vieille grosse bâtisse attirait notre regard. La face visible se trouvait trouer par deux lignes de six fenêtres chacune. Ce bâtiment donnait la sensation d’être une ancienne caserne militaire au temps des rois. Derrière, légèrement en hauteur, un long édifice rosé précédé par quatre maisons très différentes l’une entre elles avait dû profiter de la protection des tours, car il semblait comme neuf.
Vers la fin du pont, une chose originale attendait les passeurs : une maisonnette à deux pièces jouait les funambules. Son entrée, fermée par une porte consolidée avec des planches, donnait directement sur la route couverte de pavés. La première salle, visible par une vitre à côté de la porte, renfermait un débarras indescriptible. La deuxième pièce, celle du fond, possédait que du vide, car certainement on croyait qu’elle allait s’écrouler parmi le vide. Son sol faisait un face à face direct avec la rivière en contre bas, ce qui pouvait offrir une très belle vue si une personne avait eût la folle idée de mettre une vitre au sol. Le paysage aurait été stupéfiant : une magnifique vue sur l’eau coulant paisiblement au font d’une cuvette tapissée d’une triste végétation. On aurait pu également, grâce à la transparence de l’eau, admirer le lit couvert d’une multitude de pierres et de cailloux gris. Plusieurs individus auraient sûrement aimé rester des heures à contempler cette merveille en se perdant parmi leur imagination. Dans ce contexte, le temps serait résumé à l’eau qui coulait, apportant ainsi les pensées au loin. Les saisons passantes auraient habillé ce paysage de différentes façons en mettant leurs propres originalités. Peut-être que les chimères des rêveurs seraient influencées par la froideur hivernale, qui aurait noirci les pensées, ou par la chaleur de l’été qui les aurait éclaircis. Nos penseurs auraient créé des mondes propres à eux et façonnés par leur vécu.

La nuit tombée, un jeu de lumière verte et jaune éclairait les bâtiments. La première couleur mettait en valeur les tours, ainsi que les maisons entre elles. La deuxième luminosité faisait ressortir la cathédrale dans la nuit, donnant une impression de supériorité, voire, pour les catholiques, de protection. Cette même teinte éclairait le long bâtiment situé en contre bas des tours. Contrairement à la cathédrale, elle n’arrivait pas à mettre en valeur son support. Ce fait provenait de la supériorité du vert (d’un point vu quantitatif).
Ce décor faisait revivre le Moyen Âge dans l’esprit des arrivants. La modernité n’existait plus.

2

Derrière la scène criminelle, deux voitures appartenant à la police se garèrent l’une à côté de l’autre. De la première en sortirent trois policiers qui se mirent immédiatement à repousser les quelques curieux. Ces derniers, en nombre de six, prenaient des photos avec leur smartphone pour sûrement par la suite les poster sur les différents réseaux sociaux comme des adolescents attardés.
Les « bleus » déroulèrent le fameux ruban jaune rendu célèbre par les nombreuses séries policières américaines. Au même moment, un personnage féminin descendait du deuxième véhicule. Sa longue et frisée chevelure rousse comme la parfaite feuille d’arbre symbolisant l’automne se jetait à nos regards. Lorsqu’ils étaient secs, ses cheveux couvraient la moitié de son dos en formant un important volume brouillon tel un torrent dévalant une montagne. Par contre, dans le cas contraire, ils lui chatouillaient les fesses. Ce jour-là, malgré les nombreux coups de brosse pour les dompter, on aurait dit que chaque cheveu empruntait un chemin différent pour arriver à la même destination. Certes, le volume de cette toison se voulait être important, mais il ne ridiculisait pas sa propriétaire. Il mettait juste un peu en retrait un visage ne devant pas aimait le soleil, à sujet par sa blancheur. Sur cette peau laiteuse se trouvaient deux yeux qui auraient pu être presque ceux d’un chat par leur couleur (un vert perçant) et par leur forme. Ces deux émeraudes subjuguaient au premier abord les personnes grâce à leur beauté ainsi à leur sérénité. Les individus ne ressentaient ni de froideur ni un surplus de convivialité. Le regard était tout simplement neutre, mais dénoué de vide, comme on pourrait facilement le penser.
Son nez pointu envoyait l’image d’une musaraigne, cela accentuait son côté mignon initié par sa jeunesse. En effet, elle devait avoir à peine trente ans vu qu’elle ne possédait presque pas de rides d’expression et qu’elle devait appartenir à un haut grade de la police, car cette dame se dirigeait vers le cadavre.
Sa bouche ne possédait rien de particulier, juste un léger rouge à lève rose.
La femme mouvait une longue silhouette mince avec légèreté. Son corps se cachait dans un pull moulant noir et une longue robe bordeaux recouverte d’un tablier vert foncé brodé de dentelles. Ce vêtement descendait proche de ses jambes, sans toutefois les coller. Cette tenue ressemblait fortement à celle portée par les serveuses dans les cavernes au temps des châteaux forts.
Des boots écrasaient les quelques brins d’herbe se trouvant entre les jeunes arbres.

La deuxième personne à sortir du véhicule était un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux châtain claire coiffés avec une raie au milieu qui séparaient la chevelure avant, dont ses pointes venaient chatouiller deux sourcils reprenant la même couleur. Les mèches laissaient voir, tel un rideau ouvert sur une scène, un front bien proportionné et ridé par des soucis de la vie. Les cheveux couvraient le haut des oreilles, ainsi de sa nuque.
Ses yeux bleu claire ressortaient grâce à sa peau hâlée. En effet, Mickaël, l’homme en question, bronzait très facilement bien que ses parents aient été blonds. Son regard se remplissait d’assurance comme les « grands » politiciens. Ce trait de caractère semblait être souvent pris pour une supériorité envers autrui, voir du mépris. Cependant, il possédait juste des principes qui réglaient son comportement à chaque instant.
Son nez prenait la forme et la grosseur de celui d’un boxeur pas doué dans le domaine de la garde. Lorsqu’on voyait cet appendice nasal, la première pensée venant à notre esprit était : l’homme devant nous boit plus que raison. Comme la majorité des préjugés, cette infirmation demeurait fausse. Mickaël but sa dernière goutte d’alcool à l’âge de dix ans en vidant les verres des invités durant la fin d’une réunion familiale. Cela semblait l’avoir dégoûté des boissons alcoolisées, sachant pourtant qu’il n’avait pas été malade.
On voyait chaque port du nez, sans même coller ses yeux dessus.
Sa bouche renfermait des dents blanches et parfaitement alignées.
L’homme mesurait une taille moyenne, c’est-à-dire environ un mètre soixante-dix. Sans savoir trop pourquoi, il paressait plus petit. Cela ne retirait en rien à son charme naturel. De plus, l’individu se valorisait naturellement au travers d’un charisme imposant qui ne laissait pas indifférent les femmes, et impressionnait les hommes. Mickaël, de son nom Lescure, ne passait jamais inaperçue durant un rassemblement. Il monopolisait la parole en toute discrétion grâce à son talent oratoire.
Cette personne portait un polo blanc avec des manches courtes (malgré la fraîcheur matinale). Ce vêtement lui collait son corps sculpté par quelques heures d’exercices physiques hebdomadaires, mais également sûrement par un petit défaut de gourmandise vu les bourrelets au-dessus des hanches. Un jeans délavé et une paire de Converses en toile bleue terminaient la touche « jeunesse » au personnage qui devait avoir une cinquantaine années

Les deux enquêteurs, dont la femme s’appelait Perrine Urbin, s’approchèrent d’un corps entièrement dénudé d’une jeune femme. La mise en scène de la mort bouleversa les deux collèges malgré leurs années dans le métier. En effet, sur le banc d’en face, un cadavre d’une femme s’y trouvait. Elle revêtait le style gothique au travers d’un maquillage noir qui avait coulait à cause d’une pluie nocturne, ainsi des différentes entailles sur les bras et les cuisses. Ces plaies lassaient des ouvertures rouges dans la peau blanche, pour ne pas dire translucide. Les avant-bras se posaient sans force sur l’assise. Ils collaient presque les cuisses. Tant aux mains, elles pendaient parmi le vide. Quelques gouttes d’eau perlaient encore au bout des doigts.
En dessus du banc, au fond d’une cuvette naturelle peut profonde, un liquide rougeâtre ondulait au rythme d’une légère brise. On aurait pu croire que cette fille venait de pisser du sang comme une petite veille malade.

Mickaël semblait choquer par la violence de la scène malgré son ancienneté. Évidemment, il ne voyait pas un cadavre pour la première fois, mais pas en respectant une telle mise en scène. D’habitude, le macchabée se trouvait dans une ruelle à même le sol. Là, quelqu’un avait volontairement embelli la mort, ou plutôt modifier le « plus être » à son image. Le tueur voulait également humilier sa victime en la déshabillant entièrement, comme pour la punir d’une chose qu’elle lui aurait fait subir. Peut-être une rupture sentimentale.
L’enquêteur éprouvait une importante difficulté à regarder la jeune femme, car il possédait une belle fille d’à-peu-près du même âge. Dans son esprit de beau-père, voire de père vu toutes ces années passées à ses côtés, le visage de Stella, sa belle-fille, s’était superposé sur celui de la victime.
Sa maturité lui permettait de garder ses esprits face à cette horreur. De plus, il ne se voyait pas faire une crise d’angoisse devant tout le monde. Et puis, de toute façon, ce n’était pas le genre de la maison. Son tempérament calme lui permettait de surmonter n’importe quelle situation, même celles les plus terribles.
Concernant Perrine, la vision semblait différente. Certes, la mort s’y trouvait, mais d’une autre façon. Le « plus être » trônait devant elle, plus précisément à quelques pas. Cependant, la demoiselle ne ressentait aucune crainte, ni aucune tristesse, car elle ne connaissait pas cette personne affalée sur ce banc telle une marionnette dépourvue de fil. Non, l’enquêtrice voulait sortir une feuille et des crayons gras pour croquer ce moment. L’artiste aurait commencé par le cadavre en mettant un maximum de détails, mais surtout en faisant très attention au jeu entre l’ombre et la lumière. Puis viendrait le tour du décor. La jeune femme s’apercevrait rapidement qu’il ne lui plairait pas. Par conséquent, elle le remplacerait par un autre beaucoup plus naturel, sûrement par une carrière se situant au centre d’une immense forêt. On verrait, derrière le corps, des rayons de soleil qui mettraient en valeur des fées.
Évidemment, Perrine ne ferait pas ce dessin dans l’immédiat (sinon elle serait prise pour folle). La jeune femme mémorisa chaque détail du corps, espérant, par la suite, les poser sur papier.

La pluie nocturne avait laissé place à un grand soleil qui illuminait les couleurs de l’automne. Les flaques d’eau reflétaient le monde en le floutant au travers des vaguelettes formées par une brise provenant des feuilles mourantes non pas dans une tristesse visuelle, mais au sein d’un panache coloré.

Les deux enquêteurs se rapprochèrent du corps afin de repérer d’éventuels indices, en attendant l’expertise du médecin légiste. Ils virent seulement que les plais sur les cuisses et les bras n’avaient pas saigné, donc en conséquence effectuées poste mortelle.
Mickaël, avec un ton légèrement dégoûté, prononça :
« Je n’ai jamais vu une telle mise en scène de la mort. Le type, qui a réalisé ça, n’est pas de tout bien dans sa tête. Je ne pensais pas que cette horreur pouvait arriver ici. On voit de pareils meurtres que dans les grandes villes »
« Les esprits malades se trouvent partout malheureusement. Et la mort fait partie de ce monde. Il faut l’accepter »

Un des deux agents (un homme d’origine italienne et ayant environ vingt-cinq ans) arriva près d’eux et dit :
« Désolé de vous déranger, mais la dame qui a découvert le corps souhaite être interrogée rapidement, car elle a d’autres choses à faire »
Mickaël jeta un regard rapide coup d’œil vers une vieille femme. Elle semblait l’air en colère et pas du tout choqué.
« J’adore les retraités qui peuvent profiter de leurs dernières années à vivre, mais qui les passent à râler »
Sur ceux, la voix féminine répondit :
« C’est pour cela qui râlent. Ils ont peur de la mort, sachant qu’ils sont proches d’elle »
Mickaël répondit par un simple sourire.
Les deux coéquipiers se dirigèrent vers la petite dame qui tenait un bichon maltais en laisse. Elle possédait une chevelure courte, frisée et noir pétrole, sûrement dû à une coloration ratée, car la couleur n’était pas de tout en accord avec le visage tout rond. Même pas une forme dessinée son menton. Toutes les rides possibles se dessinaient sur ce faciès. Il ressemblait fortement à un masque d’Halloween (en voyant cette chose, Mickaël pensa : « j’espère qu’elle ne ressemblait pas à cela durant sa jeunesse, sinon, la pauvre, elle n’a pas dû s’amuser beaucoup au lit »). Son petit corps comportait une poitrine démesurée. Elle paressait bien droite grâce un soutien-gorge dont la taille devait être au minimum du cent vingt bonnet « f ». Seules les personnes non voyantes pouvaient la rater. Cette chose immense se cachait derrière une robe une-pièce fleurie grossièrement dont le font se couvrait d’un bleu clair symbolisant certainement le ciel. Cet habile s’arrêtait au niveau des chevilles à peine visibles pour cause d’une grande quantité de graisse. Les sous-pieds se protégeaient avec des claquettes blanches comportant des fleurs roses. Les deux gros orteils ne possédaient pas d’oncle.
La peau des mains formait des vaguelettes entre les grosses veines blues.

Perrine prit parole :
« Bonjour madame. Je suis enquêtrice et voici mon coéquipier. — Elle montra Mickaël dans un mouvement de doigt. — Mon collège là-bas — Cette fois, elle fit un geste avec la tête. — M’a dit que vous avez découvert le corps. J’espère que vous n’être pas trop choquée »
« Votre plaque »
Les deux policiers obéirent, tout surpris.
Après avoir regardé les deux morceaux métalliques, elle reprit la discussion :
« Ouais, j’ai découvert cette morte à poil. Je n’étais pas très surprise, car il y a tellement de fous aujourd’hui.
Il m’en faut plus pour me perturber, madame »
Perrine lui répondit dans son esprit : « le nombre de malades mentaux ne constitue pas un argument. C’est juste grâce, ou plutôt à cause, des nouvelles technologies. Avec eux, chacun peut voir la majorité des actes de violence sur internet »
Mickaël posa naturellement cette question :
« Avez-vous touché à quelque chose ? »
« Évidemment non ! Je ne veux choper une maladie, car sa doit être forcément une pute vu qu’elle est à poil »
D’un ton sévère, Mickaël répondit :
« On se passera volontairement de vos jugements hâtifs »
« Évidemment, vous être tellement intelligent, vous, les flics. Bon ! Je n’ai rien d’autre à vous dire, à part que je suis heureuse de voir cela, malgré que vous m’avez fait perdre mon temps, car je vais avoir des choses à dire aux voisines »
Sur ces propos, Françoise, la veille dame, tourna les talons puis parti d’un pas gai, suivit par son chien qui passait son temps à renifler par tout, et surtout les merdes.
Perrine voulut la retenir, mais coéquipiers l’en empêcha par ces mots :
« Laisse-la partir. Si on a encore besoin d’elle, cela m’étonnerait énormément, Marco a pris ses coordonnées »

Toujours en attendant la légiste, les deux enquêteurs fouillèrent les environs. Perrine se pencha par-dessus les remparts, par simple curiosité. Dans son imagination, le paysage se représentait au travers d’un tableau mettant en valeur la lumière du soleil qui illuminait la petite rivière coulant dans l’immobilité sous un pont en pierres. Encore une fois, en perspective de mettre son image mentale sur une toile, la dessinatrice hésiterait entre une coloration par pastel ou par petits points. Elle mettrait en valeur le côté « campagne » en éclaircissant la végétation par rapport aux bâtiments. De plus, elle poserait peut-être un filtre « moyenâgeux » en mettant des toits en chaume et des paysans dans les champs.
Soudain, au pied des remparts, la femme vit une chose sombre sans forme précise. Elle se concentra sur cette anomalie du tableau. Cela ressemblait vaguement à des vêtements en tas. Perrine descendit un étroit escalier situé sur l’extrême droite de la place. Rapidement, elle se trouva ralentie par une végétation sauvage, puis bloquée devant un mur vert à moins d’un mètre de son objectif. Elle prit une série de clichés en tenant devant l’objectif un plot jaune marqué par le numéro dix, puis avec une branche arrachée, notre héroïne attrapa chaque vêtement. Ensuite, la femme remonta les mêmes marches collées au rempart, tout en tenant les habille à l’aide du bâton pour ne pas mettre ses empruntes dessus.
Une fois sur la place et des gants en latex bleu enfilés, l’enquêtrice fouilla les poches à la recherche d’éventuels papiers pouvant identifier la victime. Malheureusement, elle ne trouva rien de la sorte, juste des tickets de cinéma. Elle déposa tout cela dans un grand sachet plastique transparent comportant un bord rouge, puis le donna à son collège, tout en lui indiquant le lieu de sa trouvaille.

Le médecin légiste arriva, effectua quelques prélèvements ainsi des photographies. Finalement embarqua le corps.

3

Une mini Cooper au toit noir et à la carrosserie blanche avec des dessins de fleurs grimpantes sous les vitres se gara dans la rue principale de Semur-en-Auxois, celle reliant la partie nouvelle de la ville à l’ancienne. Elle était en grande partie couverte par des pavés et symbolisait l’entrée parmi la vieille partie avec une arche. D’un côté de la rue, on trouvait des restaurants accompagnés par des bars proposant des terrasses pour que leurs clients puissent profiter du soleil tout en consommant. L’endroit semblait agréable omis les véhicules passant très près des consommateurs. Cependant, la circulation se résumait à quelques véhicules par heures.
En face, on pouvait voir de hautes habitations très anciennes.

À cette heure du jour (19 heures) et à ce moment de l’année, la nuit enveloppait déjà Perrine. Cette dame noire n’était pas venue seule. En effet, une fine pluie commença au crépuscule, puis ne cessa pas. Elle s’agitait au vent sous les lampadaires diffusant une lumière orange fatiguée. Cet éclairage créait une atmosphère cloque comme dans les vieux films policiers.
Mademoiselle Urbin descendit du véhicule et entra à l’intérieur d’une maison comportant trois étages.

À présent, la femme se trouvait au centre d’une petite pièce couverte par un vieux béton. Elle contenait juste un escalier droit menant vers une ouverture lumineuse reprenant une forme rectangulaire qui fournissait l’unique clarté, et deux vélos tous terrains posés sur le mur gauche. En face, une porte en bois donnait sur le reste du niveau.
Perrine monta au deuxième étage après s’être déchaussée. Elle arriva devant une grande pièce formant un « L ». L’endroit regroupait la salle à manger (où se trouver notre héroïne), le salon (situé au fond), et la cuisine (placée dans la barre horizontale du « L »). Le premier endroit comportait une table rectangulaire accompagnée par quatre chaises. Un métal peint en gris très foncé (limite noire) les faisait. De fins coussins blancs cassés couvraient les « poses-fesses », et ainsi offraient une meilleure assise. Une épaisse plaque en verre protégeait la table, tout en reflétant la lumière d’une grosse ampoule protégée par un long abat-jour métallique épousant une forme arrondie. Cette lampe, dont ses jumelles illuminaient le reste du niveau, se suspendait par un fil noir au haut plafond. Ce denier, tout blanc, possédait environ cinq mètres de vide sous lui.
Un tapis reprenant les tons marron mariés à ceux pourpres situé sous les sièges et la table offrait un support douillet aux pieds des convives.
Un canapé en cuir marron foncé formant un angle droit séparait le salon, la cuisine et la salle à manger. Le plus grand nombre de places assises alignées tournaient le dos à la cuisine, tout en se faisant devancer par une télévision plate posée sur un mur couvert par des briques, tout comme ses autres semblables. Entre ces deux éléments (le divan et la télévision), une grande malle en gros bois veineux foncé fessait office de table basse, mais également de bar, car il renfermait des bouteilles d’alcool. Encore une fois, un tapis identique au premier couvrait le sol sous ces différents éléments.
Une table de cuisson surmontée par une hôte nue trônait au centre d’une cuisine. Des meubles rouges laqués situés au tour des plaques électriques (qui fessait également office de lieu à manger grâce aux rallonges) brillaient sous la grosse lampe.
Perrine était en vis-à-vis avec une série d’immenses fenêtres, dont un métal noir faisait leur encadrement et elles comportaient des sommets arrondis, qui laissaient entrer une belle lumière naturelle. Durant les journées ensoleillées, les rayons glissaient sur le parquet imitation béton claire.
Sur la droite de la femme, deux portes marron claire sans aucune moulure permettaient d’entrer respectivement dans la salle de bain et les toilettes. À l’opposé, une troisième fermeture cachait un escalier menant au troisième étage.
Perrine choisit la décoration en s’aspirant du style « loft new-yorkais » en ajoutant une pointe « atelier ». Sa décision avait été prise par rapport aux fenêtres et aux murs en briques.

La demoiselle se dirigea vers la cuisine, attirée par une agréable odeur de nourriture indéterminée. Cet arôme se voulait être légèrement épicé et venait d’un autre pays. Arriva dans le lieudit. Une femme cuisinait. Elle possédait une beauté africaine formée par une paire d’yeux en amande qui délivrait un doux regard, par un nez légèrement trop épaté, mais que sa petite taille le rendait très mignon, et par une bouche pulpeuse couverte d’un gloss rose très brillant. Sa peau couleur « chocolat au lait » ne se déformait pas avec des rides d’expression (sûrement grâce à un bon maquillage). Ses traits féminins étaient mis en valeur par son crâne chauve (cela peut semblait bizarre, mais l’absence de cheveux accroissait sa féminité), au travers d’un maquillage bleu sur ses yeux, puis saumon entre les paupières et les sourcils très bien épilés, finalement relativement à la finesse des joues.
Tout son visage reflétait une tendresse naturelle. On ne pouvait pas s’imaginer une once méchanceté venant de ce personnage.
Sa beauté physique (créée durant trente ans) se prolongeait sur son corps. Sous sa robe de nuit à fines bretelles blanche et ayant un léger décolletée, on devinait facilement une silhouette élancée sans aucune trace de graisse. Toutefois, deux reliefs déformaient nettement la ligne du tissu. La première au niveau d’une poitrine formée par deux seins généreux formant des poires. La deuxième située sur un petit fessier bien rebondis.
Les quatre extrémités faisaient dans la finesse et s’embellissaient d’un vernis bordeaux.

Après un léger baiser sur les lèvres féminines, Perrine dit d’un ton faussement sévère :
« Ma belle ! Tu n’aurais pas dû préparer ce repas, tu es encore faible »
« Ne t’en fais pas, je vais bien. Et cela m’aide dans ma guérison » répondit Anima tout sourire.

Devant elle, plusieurs poêles et une cocotte fessaient chauffer un plat typiquement africain : un poulet DG. Ce met se composait évidemment d’un poulet coupé en fins morceaux, de légumes et d’une banane. La viande cuisait, accompagnée d’une huile où flottaient des oignons, dans la cocotte-minute. Une poêle servait à faire chauffer des carottes, des poireaux, des poivrons, des haricots verts, des tomates et du gingembre. Du curry saupoudrait ce mélange, d’où l’odeur pimentée qui s’accentuait par la cuisson de longs piments verts à l’intérieur d’une seconde poêle.

Tout en goûtant avec son doigt la sauce des légumes, sous des regards faussement sévères lancés par Anima, Perrine commença une conversation :
« Ma puce, as-tu regardé les informations cet après-midi ? »
« Non, je me suis reposé pour pouvoir faire ce repas. Pourquoi ? »
« Ah ! Tu t’es reposée quand même. C’est bien »
« Merci maman »
Les deux femmes rirent. Puis, celle à la peau blanche reprit la parole par ces dires :
« Aujourd’hui, on a découvert un cadavre d’une femme sur la place derrière l’ancien hôpital »
« Une SDF ? »
« À première vue non. Elle était propre et bien habillée, façon de parler, car lorsqu’on l’a découverte, elle ne possédait pas de vêtements »
« Nue ? »
« Oui ! Le tueur la dénudait et jetait ses affaires par-dessus les remparts. Mais ce n’est pas tout. Il, en supposant que c’est un homme, a transformé sa victime en adolescente gothique en la maquillant puis en tailladant ses avant-bras ainsi ses cuisses »
« Tu penses que c’est un tueur en série ? »
« C’est trop tôt pour le dire. Mais pourquoi pas »
« Non, pas dans notre trou perdu »
« Tu sais, il y a des malades partout malheureusement »

Durant la fin de la préparation du repas, Perrine dressa la table. La vaisselle se composait d’assiettes noires rectangulaires aux coins arrondis, de verres à eau bleue clair possédant des mini reliefs tout autour, et de simples couverts sans décoration.

Le dîner se déroula tranquillement animé par des conversations aux sujets banales et à-propos de choses féminines (maquillage, magasins…).
Après avoir débarrassé la table, Anima annonça qu’une deuxième surprise l’attendait au deuxième étage. Perrine répondit par un regard qui disait :
« Tu n’es pas raisonnable, coquine »

Le couple rentra en se tenant la main dans une magnifique chambre décorée selon le style « africain moderne ». Un renfoncement, fait dans le mur au-dessus du lit reprenant une forme rectangulaire, mesurait presque la longueur de la cloison, et possédait des lampes encastrées à l’intérieur de sa partie haute. Ces lumières tamisées éclairaient trois objets : deux statuettes représentant des visages très allongés et un petit fagot de bois rare. Le papier peint du mur était « ogre rouge ». Les autres arboraient la couleur d’un maïs presque mûre. Le sol se couvrait d’une moquette marron clair uniforme. Le lit donnait la sensation d’être deux transats mis côte à côte et recouvert par un matelas lui-même enveloppé d’une fine couette blanche comportant uniquement des rayures bleues, accompagnées par quelques-unes bordeaux, vers le bas. Sur la gauche de cette couche, une toute petite table basse comportant une lampe et un cadre photo faisait office de table de nuit. À l’opposé, un par vue en bois claire cachait une garde de robe. Il était fait de fines lamelles. Devant, un énorme pot en terre recevait une grande plante verte qui touchait le plafond caché par une voilure blanche. Elle formait un dôme inversé au centre de la pièce.
Perrine demanda :
« Où est ma surprise ? »
Tout en se déshabillant, Anima répondit :
« C’est moi ta surprise »

 

 

Chapitre 3

Un mardi

 

Lorsqu’on arrivait à Montbard par le train durant une agréable soirée d’été, une délicate odeur, provenant des nombreux bois et forêts présents dans la région, nous accueillait. Cette senteur fessait savoir aux nouveaux arrivants qu’ils étaient loin des villes polluées. Le silence accentuait cette sensation.

Dans la pénombre, des petites routes campagnardes serpentaient entre champs et arbres, stimulant l’imagination. Durant le beau temps, les esprits fertiles pouvaient s’évader dans la nature avec un amour rêvé et jamais obtenu souvent par cause de timidité. En revanche, lorsque soit un épais brouillard soit une lourde pluie assombrissait tellement la lumière naturelle qu’on pouvait à peine distinguer les formes, nos rêveries nous transportaient au sein d’un sombre univers rempli de stéréotypes comme les anciens films d’horreur (ainsi les nouveaux à vrais dire), dans lesquels, à la fin d’un virage, la célèbre dame blanche nous aurait fait un signe de la main, tout en souriant froidement.

Ces mêmes routes, toutes fortement déformées par des années d’intempéries, détournaient de hautes collines où parfois trônaient des restes de châteaux forts rappelant le passé. Au cours des nuits dévoilées, la lune éclairait ces bâtisses leur donnant un aspect gothique faisant référence au célèbre conte Dracula. Évidemment, l’environnement n’était pas du tout le même que dans l’histoire originale, mais l’esprit faisait la transposition sans difficulté, sûrement à cause du côté cloque de l’endroit.

 

Sur l’une de ces fameuses petites routes pas faciles d’accès, surtout dans les virages pour cause de hautes végétations cachant la visibilité, vers une heure du matin, une « Renaud cinq » rouge roulait prudemment. À son bord, un jeune homme roux, de grande taille et habillé d’un survêtement bleu conduisait en écoutant de la musique urbaine. Il possédait un fin collier couleur carotte sur ses minces joues légèrement creusées. Cet élément pileux reliait les opposés d’un crâne presque totalement rasé. Seul un léger duvet le séparait de la coiffure du célèbre gardien de but, Fabien Barthez.

 

Ce jeune homme se prénommait Jérémy Moulins. Il étudiait l’électronique en première année de licence, après avoir obtenu difficilement un BAC professionnel (en trois essais). Cela ne fessait pas de lui un mauvais garçon. Il était seulement paresseux et surtout sans but (pas facile de trouver la motivation dans ce cas). Ajouté à cela, sa personnalité rebelle, ou plutôt « monsieur je sais tout, malgré mon jeune âge ». Jérémy adorait se mêler des discussions pour apporter son jugement souvent dénué de profondeur et de complexité. Depuis plusieurs années, ses parents ne le reprenaient plus, vu que le père était parti depuis cinq ans en Guadeloupe pour son travail (il revenait seulement une fois tous les dix-huit mois) et que la mère n’arrive pas à élever seule son fils. Le jeune adulte ne voulait donnait aucun coup main pour le bon fonctionnement du foyer familial. Il rentrait des cours, il mangeait rapidement et il partait soit pour aller voir des amis soit pour effectuer sa garde en tant que pompier volontaire. Cette activité fessait fureur auprès des jeunes de la région (il faut dire que c’était presque la seule). Ce volontarisme pouvait être en contradiction avec la personnalité de notre personnage. Le poste adolescent, malgré sa paresse, aimait se rendre utile (sauf pour sa mère sûrement à cause des principes à la con qu’on possède à vingt ans). Il passait chaque samedi soir dans la caserne des pompiers, où une bonne ambiance y régnait. Une quinzaine de jeunes personnes d’une vingtaine d’années passaient des soirées à refaire le monde souvent autour d’un feu de camp. Évidemment, des pompiers confirmés encadraient ces volontaires, surtout sur les interventions, car le reste du temps, ces adultes adoraient revivre leur jeunesse.

Pour devenir pompier bénévole, Jérémy passa des tests d’effort afin d’évaluer ses aptitudes physiques. Au paravent, sachant qu’il allait être juste sur ces épreuves, notre jeune homme effectua durant plusieurs mois un entraînement sportif strict. Chaque jour, il allait courir dans la forêt située autour du lac de pont à Semur-en-Auxois. Sur les chantiers terreux songés de grosses pierres, de racines et de branches, le calme le mettait dans une sorte sphère remplie d’agréables senteurs venant des arbres.

Durant ses gardes, Jérémy était intervenu une fois sur un accident grave appliquant une voiture et un poids lourd. Comme toujours dans cas-là, le camionneur n’eut aucune blessure, contrairement au conducteur de la voiture qui, tant à lui, mourut à l’arrivée des secours. Notre jeune pompier voyait pour la première fois un cadavre. Évidemment, il en fut choqué. À la télévision, la vision d’un mort lui paressait drôle, contrairement au réel. De plus, la victime, de sexe masculin, avait à peu près son âge. Bêtement, une certitude très conne pensait par les jeunes du même âge tomba. Voici cette vérité : « nous sommes jeunes, donc immortels »

 

1

 

Son père, prénommé Steve, travaillait comme garde forestier sur l’île de la Martinique. Plus précisément, son job consistait à faire partie d’une équipe d’une centaine de personnes qui entretenait et protégeait l’immense forêt se trouvant l’île. Steve accepta immédiatement l’offre de mutation proposée par son supérieur, et cela sans même demander l’avis de sa femme. Il fallait bien dire qu’entre ces deux-là, l’amour n’existait plus depuis quelques années. Yvette (sa femme) se voulait être très directive. Elle adorait tout diriger. Ce défaut caractériel venait sûrement de son métier. Cette dame enseignait l’histoire au lycée. Les élèves la craignaient énormément, car, malgré son humour apprécie par tous, elle voulait toujours avoir le calme total dans ses cours. Les étudiants rigolaient seulement lorsqu’elle décidait, et uniquement à ses blagues.

Cette dame commença son travail dans un lycée difficile. Un jour, alors qu’elle demandait le carnet de correspondance à un élève venant de la traiter de salope, elle retourna toutes les tables la séparant de l’individu en question et attrapa son pull-over à deux mains, puis souleva le corps paralysé par la peur. Le jeune homme se trouva collé au mur sans avoir eût le temps de réagir. Un visage rouge écarlate entouré d’une chevelure châtain foncé totalement raide se trouvait seulement à quelques centimètres de lui. Il sentait un souffle chaud sur son nez, sa bouche et son menton. Dans un autre contexte, il aurait trouvait cela sensuelle, mais le fait que la femme lui criait que son père allait être convoqué et qu’il avait d’ores et déjà six heures de retenues le ramena très rapidement à la réalité.

Le lendemain, le géniteur de l’élève arriva en furie dans la salle des professeurs, suivis par son fils en larmes. Il le força à présenter ses excuses.

Depuis ce jour, Yvette se constitua une sévère réputation au sein du lycée.

 

2

 

Steve adorait son travail. Cela semblait totalement normal vu le cadre naturel. Il faisait son labeur toute la journée dans une magnifique forêt constituait d’immenses arbres formant une sorte de prison étouffante. Les personnes voyageant dans cet enfer vert (car malgré la beauté du lieu, les conditions de vie étaient rudes à cause de la chaleur, des plantes venimeuses et les différents animaux prêts à se jeter sur eux) devaient avancer en coupant à la marchette la végétation en face d’eux, tout ayant la sensation que les branches repoussaient immédiatement après leur passage, accentuant la sensation d’enfermement ainsi celle d’étouffement. Le taux d’humidité était tel que le moindre effort physique provoquait aussitôt une transpiration intense. Elle rendait les vêtements collants. Les travailleurs croyaient avoir une seconde peau qui rendait leurs mouvements pénibles.

Parfois ces hommes et femmes découvraient un endroit dégagé offrant une petite cascade d’eau noyant à l’infini de gros rochers dans une légère brume. Le liquide était parfaitement transparent sur les trente premiers mètres, puis s’obscurcissait en formant une substance laiteuse empêchant la vue du font. Les travailleurs le trouvaient accueillant visuellement, mais pas physiquement, car sa fraîcheur intense la rendait désagréable, et cela malgré la chaleur ambiante. Cette froidure liquide venait de l’ombre permanente créée par les arbres qui barraient la route à presque tous les rayons du soleil. Seul un puits lumineux traversait, grâce à un trou dans la canopée, le plafond végétal et faisait naitre un magnifique halo blanc qui tranchait nette avec l’obscurité ambiante.

Steve aimait se baignait dans ces lacs (malgré leur fraîcheur) après une dure journée passée à travailler. Il se mettait au centre, puis écoutait la musique naturelle composée par les cris d’animaux et les chuchotements des plantes. Durant ces moments-là, monsieur Moulins oubliait totalement sa vie passée, plus précisément celle vécue sur le continent. L’homme s’imaginait bien ne plus revenir en France. Toute façon mon fils est adulte maintenant, donc il n’a plus vraiment besoin de moi, au pire il peut compter mère, pensa-t-il. De plus, nous n’avons jamais été vraiment proches, sans savoir vraiment pourquoi. Cela vient sûrement du fait que je ne me trouvais pas souvent à la maison. Ensuite, ma femme. Avant de partir, notre relation n’était déjà pas au beau fixe à cause de son envie de tout diriger. Au commencement de notre relation, Yvette n’était pas comme cela. Elle se mettait toujours un peu en retrait. Sa timidité me touchait. Puis son métier la transformait, la durcit. Je peux comprendre ce changement. Elle ne voulait pas être dominée par les élèves. Cependant elle aurait pu faire la différence entre sa vie professionnelle et personnelle. À ses côtés je me sens parfois élève. Je n’arrive pas à exprimer ma personnalité.

Mon amour se délave d’année en année. Je pense de plus en plus au divorce, sachant que je pourrai commencer une nouvelle vie avec Alisoa.

 

 

En effet, Steve rencontra une femme autochtone habitant jusqu’à côté de chez lui, deux mois après son arrivée sur l’île. Elle était veuve depuis cinq ans et sans enfant. Son marie morue dans un accident de route pendant son travail (il percuta un camion sur une route étroite perchée sur une colline au cours d’une livraison). La veuve fut très heureuse de rencontrer son nouveau voisin après avoir passé ces dernières années à sombrer dans la dépression. Elle trouva immédiatement en lui le réconfort tant attendu. De plus, Alisoa eu l’agréablement surprise de voir que son nouvel ami se sentait également mieux en sa présence. Ils passèrent quelques très bonnes soirées à souper des mets simples devant la mer blanchis par la pleine lune. Derrière eux, la forêt faisait penser au décor du film « pirate des caraïbes »

À la suite d’une dizaine de rencontres permettant la découverte et l’appréciation de l’autre, ils firent l’amour chez la femme.

Un bois décoloré à cause du soleil faisait sa case typique. Elle possédait un toit en palmes de palmiers totalement desséchées et devenues grisâtres, un peu comme le bois des murs, car celui des volés se voulait être beaucoup plus vif. Sur la façade, on voyait nettement les différentes planches qui la composaient. Elles se séparaient par des sortes de grosses plaintes.

Une pelouse jaunie encerclait, tout en la collant, cette demeure. Elle avait vu sur la mer grâce à sa position surélevée. Des palmiers lui faisaient de l’ombre et en conséquence la rafraîchissaient.

L’intérieur de la bâtisse renfermait le strict minimum pour vivre. Seul un grand miroir encadré par un métal noir formant une plante grimpante agrémentée de roses apportait une porte de luxe. Cet objet fessait parti de la famille depuis le début du dix-huitième siècle. Personne ne connaissait son origine. Comme d’habitude dans ce genre de situation, une légende avait naît de cette ignorance (un peu, voir beaucoup, comme les religions). L’histoire narrait une relation d’amour entre une femme esclave et un esclavagiste arabe. Ce dernier, prénommé Saïd, c’était vu offrir une plantation de cacao par son père pour sa vingtième année. (L’auteur de ce livre ne souhaite pas raconter le reste de l’histoire, car sa banalité l’ennuie. Vous devez uniquement savoir qu’à la fin, Saïd doit retourner dans son pays sans sa bien-aimée et par amour lui offre ce fameux miroir pour qu’elle le revende et qu’elle achète sa liberté). Par la suite, sachant cette romance, aucun membre de la famille n’osa le vendre par crainte de déshonorer son ancêtre, dont on ne connaissait même pas son prénom. Et cela malgré la grande misère de certains entre eux (le poids d’une tradition familiale peut-être lourde à porter, tout comme la connerie humaine).

 

Alisoa possédait un visage creusé par le temps. Les plis et les creux se succédaient sur rythme infernal. Certaines personnes aiment associer un être humain à un animal. Dans ce cas, se serait obligatoirement un chien appartenant à la race du sharpei. De plus, sa coiffure, qui se constituait de longues et fines tresses plaquées sur son crâne un peu trop rond, accentuait ses déformations, et par conséquent sa laideur. Ses nattes se terminaient par de fins élastiques multicolores. Cette coiffure la rendait complètement ridicule. Elle aurait pu passer, voir faire mignon, sur une fillette sortant du stade « bébé ». Mais là, on se croyait face à un clown. Malgré sa très grande taille, sa chevelure lui arrivait en dessous de ses fesses totalement plates, tout comme le reste de son corps. Les formes féminines n’existaient presque pas. Ses vêtements, souvent très colorés, tombaient en ligne droite sans aucune déformation.

Malgré tous ces défauts physiques, cette femme appelait à la sympathie. Elle souriait toujours, même dans les moments difficiles. Au sein du village, on l’appelait madame « joyeuse ». Les habitants qui n’avaient pas le moral pouvaient aller la voir pour discuter de leur problème qu’elle résolvait en quelques mots. Même durant son deuil, elle continuait à rendre ce service malgré sa douleur intérieur. Évidemment, les villageois essayaient d’inverser les rôles pour lui rendre une sorte d’hommage à sa bonté naturelle. Cependant la plupart d’entre eux n’y arrivaient pas. Le naturel revenait au galop devant les refus d’aide de la part d’Alisoa. Évidemment ceci se passait toujours en sourire.

 

La première nuit torride du couple fut particulière pour Steve. C’était la première fois qui trompait sa femme. Malgré le peu d’amour qu’il ressentait encore pour elle, sa conscience le chiffonnait un peu. Bizarrement pas envers sa femme, mais pour son fils. L’homme avait conscience que son acte allait sûrement briser sa famille. Certes elle ne semblait être pas des plus unis, mais elle existait. Au plus profond de lui, elle était présente dans les moments difficiles, comme refuge certain. Et détruire ce sanctuaire serait se découvrir aux difficultés de la vie. Évidemment il allait peut-être retrouver cette protection auprès de sa nouvelle compagne, mais l’homme possédait encore des doutes.

De plus, Steve était sur le point de faire l’amour avec une femme de couleur. Jusqu’à là, ses rapports sexuels se déroulaient uniquement avec sa femme. Il ne pensa jamais à ce fantasme qui se trouvait dans quelques esprits. Pour lui, une femme restait avant tout être complexe et admirable peu à porte sa couleur de peau. Il n’allait pas faire l’amour avec une « noire », mais avec une femme rempli de gentillesse.

 

Le couple rentra au sein d’une petite chambre meublée uniquement par un lit d’une place (celui de deux places avait été vendu après la mort de son mari pour se nourrir et en même temps en but de tourner la page) et par une simple garde de robe. On se sentait vite à l’étroit en ce lieu toujours sombre.

Steve déshabilla sa nouvelle compagne tout en l’embrassa lentement. Il sentait les os féminins entrer dans son corps, ainsi d’une légère douleur. Il ne s’imaginait pas se décoller, car cela aurait été mal interprété. En plus, notre homme ne pouvait pas compter sur les seins pour avoir un recul naturel. La poitrine se résumait plus au moins à deux tétons se situant au-dessus de deux rangées de côtes bien visibles.

Sur ce corps, la seule chose agréable à regarder était le vendre. Sa forme parfaitement aurait fait rager pas mal de femmes. Pas un bourrelet ne le déformait en le rendant désagréable au regard. Cette petite merveille se terminait par une touffe de poils frisée taillée pour l’occasion.

 

Ce nouveau couple s’allongea dans le lit et pratiqua l’une des rares positions autorisées par la morale et au manque de place, c’est-à-dire « L’Andromaque » (l’homme allongé et la femme à cheval dessus). Steve, habitué à une poitrine généreuse, fut un peu déçu. Cependant l’amour lui fit rapidement oublier cet inconvénient, même s’il ne savait pas vraiment où poser ses mains sur ce corps sans forme.

Les deux individus s’endormirent sur le côté et emboîté l’un dans l’autre.

 

3

 

Jérémy, de son côté, n’avait encore jamais eu de rapport sexuel avec une femme. Cela lui le dérangeait énormément, vu que tous ses amis l’avaient déjà fait. Cependant il savait bien, au fond de lui, ce n’était pas l’absence de sexe qui était le plus douloureuse, mais le manque d’amour. Évidemment, il voulait découvrir le plaisir charnel, à condition que les sentiments soient présents. Ce jeune homme possédait un fort romantisme (tout comme son père). Il ne voyait pas les femmes comme des choses dépourvues d’âme.

À chaque fois qu’il tombait amoureux, Jérémy se mettait à rêvasser à une vie auprès de la belle, sans jamais essayer de la concrétiser par manque de confiance. Il se sentait laid, sans intérêt ni d’humour.

Ce manque d’estime de soi venait du père. Steve possédait un fort caractère et avait tendance à rabaisser son fils durant les discussions. Jérémy n’avait pas l’habitude de cela. Avec les années, le jeune adulte acquis une totalement emprise sur sa mère malgré son fort caractère. Son travail d’enseignante l’épuisait et par conséquent, elle ne voulait pas poursuivre ce labeur chez elle. Yvette savait que c’était la solution de facilité, et en aucun cas, son fils ne pourrait se bonifier grâce à cette situation. Bien au contraire, la mère voyait bien que son fils possédait un mauvais caractère. Il n’était pas forcément désagréable à vivre, il devait simplement cacher sa timidité (et peut-être un certain mal-être dû à l’absence de son père). Malheureusement pour les personnes étrangères à la famille, ce trait de caractère semblait être pris pour du mépris.

 

4

 

Le jeune conducteur devait être trop absorbé par la musique, car il ne vit pas l’obstacle sur la route. De la voiture, on apercevait simplement une longue masse colorée. Mais hors du véhicule, cette masse devenait un genre d’oiseaux humain. L’homme, si c’était le cas, portait un costume fait de plumes multicolores, mais sombres, provenant surement de divers oiseaux vivant dans la région. Aucune partie de son corps d’humain n’était à nu. En dessous des bras se trouvait une sorte de membrane rose qui reliait le biceps aux côtes, comme sur les combinaisons servant à sauter en haut d’une montagne. Le visage, toujours en supposant de quelque chose d’humain animé ce drôle d’animal, se cachait derrière un masque blanc symbolisant la tête d’un oiseau au travers d’un long bec crochu partant du même niveau d’un nez, et dont la pointe touchait presque le milieu de la gorge. Deux ovales placés verticalement faisaient office d’yeux sans expression.

La créature agitait ses fausses ailes, comme si elle voulait prendre son envol. Deux choses surprenaient dans cette scène. Évidemment, la première était la scène en elle-même. On ne voyait pas tous les jours une personne avec un tel déguisement et de surcroît, essayant de voler. Concernant la deuxième surprise, ce personnage, là au milieu de la route, semblait avoir des difficultés à faire ses mouvements. Après chaque saut (sûrement pour prendre son envol), l’oiseau ne bougeait plus, comme s’il voulait reprendre son souffle.

 

Jérémy, toujours absorbé par la musique, vit quand même l’obstacle, mais au dernier moment. Pour l’éviter, il donna un violent coup de volant vers sa gauche. La voiture quitta la route, puis commença une série de tonneaux.

Le corps du jeune homme fut balancé en tous sens, se cognant à multi endroits. La totalité des vitres explosa sous le choc, tout en projetant des centaines bouts de verre à l’intérieur de l’habitacle.

La voiture s’immobilisa sur le toit dans une pâture. La bête humaine se mit à courir vers le véhicule, toujours avec ses petits sauts et ses mouvements de bras qui ressemblaient à des battements d’ailes.

Arrivée au niveau des phares arrière, elle ramassa une pierre, puis brisa les lumières. Le silence nocturne fut rompu par un fort cri d’oiseau mal imité.

l’autre

l’autre

Je met en ligne le début de l’un de mes deux nouveaux romans, car je ne pense plus avoir le temps d’écrire à cause de mon travail. Si vous voulez continuer l’histoire et/ou en faire une BD, contactez moi à cette adresse « yohan.guerrier@gmail.com ». Je vous enverrai le plan que j’ai pensé pour la suite de l’histoire.

 

 

Chapitre 1

1

Comme chaque matin, Maxence alla récupérer ses caméras en but de visionner les captures vidéo réalisées durant la nuit. Il étudiait les animaux nocturnes pour le compte de plusieurs chaînes télévisées. Plus précisément, cet homme réalisait des reportages. En parallèle, l’organisme national belge de la protection des espèces nocturnes l’employait afin de répertorier les individus dans la région, tout en s’assurant de leur bonne santé.
L’année précédente, une dizaine de ses collèges vinrent l’aider à marquer toutes les bêtes à l’aide d’un marqueur fluorescent pour repérer les nouvelles têtes plus facilement. Ce travail leur prit un mois. À présent, le biologiste se contentait de suivre leur évolution.

Maxence Poitiers incarnait physiquement le stéréotype du baroudeur. Ses cheveux ressemblaient à un tas de foi desséchée par un fort soleil d’été. Ils lui couvraient le front, les oreilles et la nuque, dans un désordre tel qu’on aurait dit que cette chevelure n’avait jamais rencontré une brosse ou un peigne.
Ce foutoir pileux se prolongeait dans sa barbe hirsute. Cela devait faire au minimum trois mois que ces poils n’avaient pas vu une paire de ciseaux, et encore moins une larme de rasoir. Cette touffe, blond maïs en accord avec sa chevelure, arrondissait son visage pourtant déjà bien rond naturellement. Cette rondeur se propageait à tout son corps. Il n’était pas forcément gros, comme le disait la majorité des personnes minces. Il possédait simplement une grosse ossature et quelques bourrelets. Cependant cette sensation « d’homme fort » s’accentuait par de larges vêtements qui se constituaient d’un pull deux fois trop grand, en laine grossière, complété par un pantalon, lui aussi d’une taille non appropriée, possédant de multiples poches au niveau des cuisses. Cette tenue se coloriait d’un vert foncé horrible, servant sûrement à se camoufler.
Cette allure non-chalande était perturbée par deux beaux yeux bleus très expressifs, pour son plus grand malheur. En effet, Maxence se faisait passer pour une personne bourrue n’aimant pas montrer ses ressentis ni ses sentiments. Selon lui, cette carapace (c’était le thème employé par lui-même) servait à se renfermer dans son monde. Il n’appréciait pas le contact humain (trop superficiel selon ses dires). Il vivait uniquement pour son travail et se contentait de la présence des bêtes. L’homme les trouvait nettement moins compliqués dans leurs échanges, et surtout plus sincères.
Évidemment dans contexte, notre personnage respectait les doctrines du végétarien parfait. Cependant, n’allez pas le croire enfantin envers les animaux. Aucune larme ne coulait au décès d’une bête. Il possédait juste un immense respect envers eux.

Maxence se situait sur un chemin terreux passant entre deux bâtisses. À sa gauche, sa demeure se blottissait à l’orée de la forêt, à tel point que sa petite pelouse se délimitait par les arbres. La maison était une ancienne fermette en briques rouges, bâtie sur deux étages. Sa grandeur impressionnait toujours la personne qui la voyait pour la première fois. On imaginait mal un individu vivre seul là-dedans.
Des barreaux d’acier noir protégeaient chaque fenêtre du premier étage.
Devançant cette maison, un haut portail en fer forgé gardait l’entrée de la cour qui se recouvrait d’une épaisse couche de gravier blanc.
À l’opposé de cette barrière, Maxence avait construit un chenil en dur pour ses dix chiens. Par chance, le voisinage était inexistant, car vu le les aboiements, il aurait déjà eu des problèmes avec la police.
Derrière l’homme, le chemin plongeait au cœur de la forêt en formant une forte montée dont on ne voyait pas la fin. De nombreux trous d’eau le défonçaient.

Notre héros pouvait admirer un très beau paysage. Il se composait simplement d’un champ terreux qui venait être labouré. On voyait nettement les sillons laissés par le tracteur. Quelques moineaux, parmi les brumes matinales, picoraient les graines laissées par la moissonneuse-batteuse. Au loin, un village, comportant une église dominant le reste des habitations, sortait d’un nuage tombé du ciel. Il donnait la sensation de voler. Au-dessus, le soleil se levait dans sa propre lumière pâle.
Sans trop connaître la raison, face à ce décor, l’homme pensa à la Seconde Guerre mondiale, et plus précisément à l’enfer des bombardements.

Maxence monta dans son 4*4, puis emprunta une petite route coupant la forêt habillée par l’automne. Les feuilles rouges, orange et jaunes couvraient le sol. Elles étaient accompagnées par les fruits de la saison, et volaient au passage du véhicule. Ces mêmes feuilles diffusaient une agréable odeur de décomposition humide. Les arbres brûlaient après avoir passé un bel été à arborer leur verdure aux promeneurs qui flânaient sur le chant des oiseaux. La nature entrait en état de transition. La mort ne l’avait pas encore atteint. Elle s’y préparait en montrant ses plus belles couleurs, comme si elle ne voulait pas mourir dans la tristesse. De toute façon, elle savait qu’elle revivrait l’année prochaine.

Le véhicule s’arrêta sur un étroit chemin goudronné, bordé de champs et de pâtures. Maxence descendit, puis marcha vers un tunnel d’arbres. À cet endroit, le feuillage, encore touffu pour la saison, tamisait fortement la lumière naturelle. De chaque côté de l’allée, un petit faussé permettait l’eau des pluies de s’évacuer dans les champs.
L’homme s’approcha d’une grosse branche qui traversait la route, tout en étant à une hauteur d’environs de deux mètres. Grâce à sa grande taille, notre héros l’attrapa sans soucis, puis la tira vers lui afin de récupérer sa caméra à détecteur de mouvements.
Il continua sa tournée (environs cinq lieux différents), et finalement retourna chez lui, espérant voir, ou au pire d’apercevoir, quelque chose d’intéressant, car ces derniers jours, les films ne dévoilaient rien.

2

Maxence pénétra dans une grande pièce réunissant le salon, la salle à manger, la cuisine et le bureau. Le style général, en thème décoratif, puisait dans les années de la prohibition. Les murs étaient en briques rouges, le sol se couvrait d’un parquet imitation béton claire, et le plafond se colorait d’un blanc presque parfait. Tous les meubles semblaient sortir d’un atelier industriel. Évidemment quelques touches de design, comme des bords arrondis, les embellissaient, et par conséquent, les rendaient éléments décoratifs. Sur chaque bibliothèque, en nombre de trois, des vidéos et des livres animaliers s’entassaient dans un tel désordre qu’on pouvait se demander à la fois comment cet ensemble ne tombait pas dans un immense fracas, et de quelle manière le propriétaire de cette demeure faisait pour s’y retrouver.
Au fond de la pièce, côté salon, un poêle moderne enfermait un feu qui chassait l’humidité ambiante, en chantant joyeusement. Sur la droite de la buse apparente, une télévision à écran plat trônait, accrochée au mur. Devant, un vieux fauteuil d’une place en cuir noir usé offrait une confortable assise à l’unique spectateur.
À l’opposé, Maxence pouvait se préparer de bons petits plats dans une cuisine composée uniquement d’un îlot central massif. Il servait à tout faire : la cuisson sur des plaques électriques, de rangement et de table à manger. Ce meuble rouge laqué était surmonté par une hôte en aluminium qui lui fournissait la lumière et aspirait la vapeur des cuissons.
Entre ces deux endroits, Maxence avait établi son bureau, ou plutôt ce qui semblait en être un, sur lequel un « MacBook pro » affichait un lac perdu au milieu d’une immense forêt, au milieu d’un bordel de cartons renfermant tout son matériel professionnel.

Cette pièce contenait quelque chose d’original pour notre monde, mais pas pour le leur. Des points lumineux, parfois bleu ciel parfois jaune-canari, ayant la même taille d’une luciole, volaient en tous sens. Ils étaient parfaitement ronds et ne laissaient pas le regard passer au travers d’eux, contrairement aux objets. Leur couleur éclairait leurs alentours sur un périmètre d’environ dix centimètres carrés. Aucun bruit n’accompagnait leurs mouvements calmes et ordonnés. Ces trucs volants se nommaient « fées ». Elles vivaient uniquement dans les demeures et cohabitaient parfaitement avec leurs habitants. Ces derniers leur portaient peu d’attention, vu qu’elles faisaient partie du décor depuis toujours. De plus, leur contact ne procurait aucune sensation particulière. On pouvait presque dire qu’elles semblaient être transparentes au regard des Hommes.

Durant dix siècles, plusieurs équipes de scientifiques avaient réalisé des études sur ces êtres. Au début, ils crurent que c’était une manifestation de dieu. Évidemment les religieux de cette époque défendaient avec rage cette thèse. Cependant, après six siècles de recherche, les Hommes de science conclurent que les « fées » (provenant du mot « fé » signifiant « destinée ») existaient bien avant les humains, et communiquaient entre elles au travers de leur sorte de danse tellement complexe qu’ils n’avaient pas réussi à la déchiffrer. Par contre, les chercheurs comprirent que la vitesse des mouvements était en rapport direct avec l’état d’esprit des habitants : plus l’énervement régnait au sein de la famille, plus leurs gestuelles se voulaient rapides.
La poussière semblait être leur nourriture, car lorsqu’une particule pénétrait en eux, parfois elle ne ressortait pas (c’était pratique pour le ménage). Les fées ne changeaient jamais de taille, et cela peu à importe la quantité d’aliments absorbés.
Concernant leur reproduction, elle était tout simplement inexistante. Cela signifiait que chaque individu vivait depuis leur apparition. À partir de ce constat, les biologistes modernes cherchèrent à savoir si les fées pouvaient stocker des informations sur le passé. Malheureusement le mystère restait encore entier.
Les fées respectaient une structure hiérarchique. On constatait que l’une entre elles recevait plus de messages par rapport aux autres (concrètement, les supposées « servantes » réalisaient des mouvements en face de la « chef » avant de faire une action, comme si elles demandaient une autorisation). À part ce protocole, rien ne les distinguait.

Maxence s’installa devant son ordinateur, inséra le premier DVD (il n’était pas encore passé aux cartes mémoire à cause du coût du matériel compatible avec cette technologie) dans le lecteur, et constata, avec une légère déception, qu’il était vide. L’homme fit de même avec le deuxième, puis le troisième. Même constat. Sans grand espoir, il mit le quatrième qui était, par une non-logique totale, le premier à avoir été récupéré durant sa tournée. Le logiciel de vidéo indiqua la présence de deux séquences filmées. Sur la première, on voyait un gros lièvre se promenant tranquillement, reniflant de temps à autre des feuilles mortes recroquevillées. Maxence reconnut aussitôt l’animal. C’était un individu de sexe masculin, âgé de trois ans et pesant environ trois kilogrammes (ce poids était légèrement au-dessus de la moyenne). L’homme prit quelques notes sur un calepin, puis passa au film suivant.

L’écran montra durant quelques secondes la route plongée dans la nuit. Le calme régnait. Seule une légère brise faisait remuer lentement les éléments du décor. Soudain, le silence nocturne fut rompu par un bruit de feuilles froissées. Il semblait être composé de craquements, comme lorsqu’on marche sur elles, et un son provenant d’une chose, ayant un poids conséquent, traînée sur le sol. Évidemment ces craquements ne ressemblaient nullement à un cri de bête. Maxence monta le volume sonore de son Apple, et se rapprocha de l’écran espérant bêtement de voir l’origine du bruit avant même que celle-ci se montre. Il s’intensifiait au fur et à mesure que les secondes passaient.
À sa grande surprise, l’homme attentif vit apparaitre un individu de profil, dissimulé sous une capuche d’un gros parka vert (comme tout le reste des éléments affichés sur l’écran, car, évidemment la caméra filmait en vision nocturne). Cette personne avançait avec difficulté, comme si elle traînait un poids mort derrière lui, ce qui était le cas. Lorsqu’elle se trouva au centre de l’écran, Maxence vit une corde nouée autour de sa taille, et tendue au maximum derrière lui. Elle devait forcément être reliée à une grosse masse traînant sur le sol.
Ce nouveau personnage devait se pencher fortement en avant pour ne pas tomber en arrière à cause de cette chose qui ne tarda pas à apparaitre. Elle épousait une forme très allongée et s’enveloppait dans ce qui paraissait être une bâche en plastique, comme celle qui recouvre parfois les piscines gonflables. Ce truc possédait à peu près la même longueur d’une personne.
L’individu s’approcha du fossé pour y faire rouler le parquet après avoir détaché la corde.
Il était sur le point de quitter le champ de la caméra, tête baissée, quand il s’arrêta quelques secondes, avant de revenir sur ses pas. Toujours le visage tourné vers le sol, l’inconnu se positionna parfaitement devant l’objectif, comme s’il savait exactement où il se situait, si bien qu’il s’y trouvait à un mètre seulement. Cet hypothétique fantôme (après tout, ça pourrait être cela) leva lentement la tête. Une chose terrifiante apparue. Un visage peinturluré fixa la caméra avec un sourire machiavélique et tellement pas naturel. Son regard était rieur, mais pas d’un rire joyeux, plutôt d’un de folie. Cette folie s’accentuait par le maquillage. La peinture et les divers postiches le faisaient ressembler à un travesti : les cils se prolongeaient par des rallonges souvent portées par les transformistes. Ceci créait un regard très féminin intensifié par l’ombre à paupières, peut être bleu, sur les yeux. Du rouge à la lève mettait en valeur sa bouche perdue dans la nuit verte. Les joues semblaient être colorées par du fond de teint clair.
Maxence avait des difficultés à déterminer le sexe de l’individu, car son apparence, tout au moins au niveau du visage, faisait penser naturellement à une femme. Cependant sa démarche, et peut être sa force, tout dépendait du poids de la chose qui traînait, laissait croire le contraire. De plus, son visage possédait quelque chose de faux, comme si une peu artificielle recouvrait son visage, tel un masque.. La mauvaise qualité de l’image n’aidait pas notre héros.

Cette transformation, si cela en était une, aurait pu être drôle, voir ridicule, dans une autre situation. Mais là, elle renvoyait l’effroi. La nuit habillée par la saison amplifiait cette sensation dans l’esprit de Maxence. Cependant, le moment le plus effrayant se fut lorsque l’homme ou la femme se mit face à la caméra, puis montra sa main gauche grande ouverte avec la pomme bien visible sur laquelle une série de chiffres apparaissait. Cela ressemblait à un numéro de téléphone. Maxence machinalement mit en pause la vidéo pour lire attentivement ces chiffres. Il les avait déjà vu quelques parts, mais il ne savait plus où. Au bout de la troisième lecture, un petit cri aigu d’étonnement résonna dans la pièce. Aussitôt les fées cessèrent leurs activités et vinrent regarder l’écran d’ordinateur. À ce moment précis, l’homme venait de se rendre compte que ces chiffres étaient ni plus ni moins son propre numéro de téléphone portable.
Après la surprise vient la peur. Il prit son cellulaire afin de s’assurer de la validité du fait. Cela peut paraître débile, mais dans un moment pareil, on n’est plus sûr de rien. Ces doigts tremblaient légèrement sur l’écran tactile. Ceci n’était pas du tout habituel, car le calme qualifiait très bien notre héros. Il raisonnait toujours comme une personne posée et réfléchie. Mais là, la situation lui faisait perdre son sang-froid.
Le numéro était correct. Il remit en route la vidéo, espérant d’obtenir plus d’informations. Malheureusement pour lui, l’homme quitta simplement le champ de vision.

En même temps qu’il réfléchissait aux procédures à suivre, les fées tournaient rapidement autour de lui. Elles avaient l’air paniquées, tout comme Maxence.
Après quelques minutes de réflexion, il décida d’appeler la police et de leur donner rendez-vous directement sur les lieux.

Naturellement il arriva sur place le premier. En se rapprocha du faussé, l’homme vit sans souci la fameuse bâche. La souleva légèrement en cachant sa main dans sa manche pour ne pas laisser d’empreinte. Un jeune visage masculin sans vie apparue, ainsi d’une gorge ouverte en deux horizontalement.

3

Deux pompiers soulevaient le corps à l’aide d’une civière, et le placèrent dans leur camion. En même temps, Maxence se faisait interroger par un argent de police qui était le stéréotype de l’inspecteur de police français. Il portait une grosse moustache rousse si touffue qu’on ne voyait pas sa lèvre supérieure. Cette pilosité se prolongeait dans les sourcils qui formaient qu’un. Son visage reflétait la sévérité. Sévérité accentuée par une coupe de cheveux venant d’un autre siècle. Une raie parfaitement dessinée traversait le crâne, un peu trop rond, sur le côté droit. Elle était tellement prononcée que la peau se dévoilait. Sa blancheur tranchait nette avec le mauvais roux des cheveux qui se couchaient complètement sur le côté formant ainsi la coiffure d’Adolf Hitler. Ceci étant dit, cet homme devait avoir le plus grand mal à réaliser cette raie vu l’importante quantité de gel.
Cet individu se prénommait Hubert et avait une cinquantaine d’années. Dans la région, une mauvaise réputation, essentiellement du côté des jeunes gens, le suivait comme son ombre. Cette constatation se métallisait sur certains murs, au travers de graffitis l’insultant directement. Les habitants lui donnèrent le surnom de « cowboy » à cause de son arrogance et de son non-respect des personnes. Une fois, il fut appelé, avec son collègue, sur une intervention qui consistait à venir en aide à un homme. Ce dernier s’était renfermé dans la salle de bain de son appartement, car sa femme, totalement saoule, le menaçait de le poignarder à la suite d’une crise de jalousie.
Comme à son habitude, Hubert rentra sur les lieux en premier, d’un pas déterminé et plein d’assurance. Il hurla sur la dame pour qu’elle lâche son arme. L’effet de l’alcool se faisant, elle traîna sa grosse carcasse vers le policier, d’une façon non assurée, un peu comme un mort vivant. Sans aucune hésitation, Hubert fonça sur la femme, la plaqua au sol violemment et la menotta sous les yeux ébahis de son jeune collègue. Malgré son âge avancé, l’action dura seulement quelques secondes.
Christophe, le « bleu », essaya d’expliquait gentiment à son nouveau coéquipier qu’il n’était pas obligé de mettre tant de violence dans son arrestation vue les capacités physiques très limitées de l’agresseuse. Il eût comme réponse un jolie « ferme ta gueule ».

Maxence donna toutes les informations et invita le commissaire à venir chez lui pour récupérer la vidéo montrant le tueur.

4

Allongé sur son lit, Maxence repensait à sa journée très mouvementée et non pas moins originale. Ceci lui faisait resurgir de mauvais souvenirs de son enfance.

En effet, l’homme avait eu un début de vie compliqué à cause de sa sœur jumelle. Cette dernière fut diagnostiquée étant une schizophrène. Elle entendait des voix qui lui demandaient de réaliser des actions parfois dangereuses pour elle et surtout envers les autres, comme par exemple mettre des coups de poing sur un visage juste pour le faire changer de couleur et de forme. Mélanie, la sœur, prenait un traitement médicamenteux afin de diminuer ses accès de violence. Ceci la mettait dans une sorte d’état second, la vidant de toutes ses forces physiques et de la majorité de ses capacités à réfléchir. Dans ces conditions, une scolarisation dite « normale » était évidemment impossible. Sa mère lui faisait cours à son rythme et surtout selon ses sauts d’humeur.

Nous pouvons facilement imaginer le choc reçu par les parents à l’énoncé, par le spécialiste, du nom de la maladie de leur enfant. La mère n’attendit pas la suite du discours. Elle était comme tombée au fond d’un puits, où le monde lui semblait loin, très loin même. Une tempête de pensées se leva subitement, empêchant de recevoir les bruits de son environnant. Elle savait déjà qu’elle allait avoir le plus grand mal à remonter vers la réalité, et qu’une nouvelle page de sa vie commençait. Une page marquée de noir, à priori.
De plus, Manon se sentait coupable d’avoir mis au monde cet enfant. L’espace de quelques secondes, elle commença à croire qu’elle avait fait quelque chose de mal durant sa grossesse. Mais quoi ?

Elle voulut crier pour conjurer le sort, ou afin d’échapper de ce cauchemar qui lui semblait quand même bien réel. Mais aucun cri ne sortait, juste un souffle court et rapide, comme si elle venait de faire un marathon.
À présent, les chemins de sa vie l’emmenaient vers l’inconnu.

Concernant le père, Georges, il prit la nouvelle d’une tout autre manière. Aussitôt l’onde de choc de l’annonce passée, il saisit l’avenir en main. Commença par remonter le moral de sa femme avec difficultés (sa réussite se tint au fait qu’il lui proposa de s’occuper personnellement de la scolarité de leur enfant). Puis, consultèrent ensemble différents spécialistes jusqu’à découvrir le bon. C’était une femme qui exerçait à Bruxelles. Après seulement quelques séances, elle trouva un traitement convenable, même si malheureusement il mettait l’enfant un peu dans les vapes.

Un jour, vers l’âge de quatorze ans, les deux enfants furent laissés seuls dans la maison pendant que les parents partirent faire les commissions. Le frère et la sœur naviguaient tranquillement sur internet, lorsque, sans aucune raison apparente, Mélanie cessa ses activités et se dirigea vers Maxence. Elle marchait lentement avec un sourire aux lèvres qui reflétait la folie saupoudrée de sadisme. Ses yeux trahissaient la nature de son intention, en occurrence une mauvaise.
La jeune fille se plaça derrière la chaise à roulettes de son frère, posa sa main sur l’épaule et fit pivoter l’assise violemment. Le garçon faillit tomber en perdant l’équilibre durant la rotation. Il se retrouva, sans même comprendre ce qui lui arrivait, face à un visage haineux.
Le jeune homme comprit rapidement que sa sœur était en proie à une crise de démence. Essaya de la calmer en posant d’abord doucement ses mains sur les épaules féminines, puis en prononçant les mots suivants :
« Ma puce respire doucement. Calme-toi s’il te plaît, je vais te chercher ton médicament »
À peine la phrase terminée, l’adolescent reçut une baffe tellement violente que cette fois-ci, il perdit vraiment l’équilibre, et tomba lourdement sur la grosse moquette bleue. Toujours aussi rapidement, un fort coup de pied au niveau des côtes lui coupa instantanément la respiration, l’empêchant de se relever pour se défendre sans violence, car il n’aurait pas pu user de la force, même si sa vie en dépendait.
Maxence avait totalement conscience de la maladie de sa sœur. Ses parents lui expliquèrent vers l’âge de neuf ans. Aussitôt le garçonnet prit la fillette sous ses ailes pour la protéger du monde extérieur, et surtout des autres enfants lorsqu’ils allaient au pack situé en bas de l’immeuble.
Malheureusement pour lui, surtout à ce moment-là, cet amour n’était pas réciproque. Mélanie attrapa un porte-crayon métallique, puis le lança de toutes ses forces sur la tête de son frère, ce qui a eu pour effet une perte de connaissance. La fille retourna facilement le corps masculin inanimé. Se mis à califourchon sur lui et commença son jeu favori, c’est-à-dire déformer un visage par de grands coups répétés. Ses jointures de ses mains devinrent rapidement rouges, pour être ensuite que des plaies ensanglantées. Le sang coulait également sur le visage boursouflé et bleui, dont l’arcade sourcilière gauche éclata rapidement. Ce n’était pas la seule partie à être amochée. Le nez venait de se casser, en produisant un horrible craquement, sous la force d’un coup. Encore une fois, le sang se mit aussitôt à gicler abondamment. Cette substance s’écoula par la bouche grande ouverte et toujours inanimée. La tête tournait vers la gauche et vers la droite au rythme des « crochés ».
Durant ce temps, la panique régnait parmi les fées. Elles volaient en tous sens et de façon désordonnée.
Par chance, la crise de démence se termina aussi brutalement qu’elle avait débuté. Mélanie retourna à son ordinateur, comme si rien n’était passé, jusqu’à l’arrivée des parents.

La mère horrifiée découvrit la scène. Maxence fut conduit aux urgences où le médecin diagnostiqua un traumatisme crânien, ainsi d’un nez cassé et des plaies ouvertes. Le jeune homme garda le lit d’hôpital durant une semaine.

À son retour à la maison, il décida de quitter le foyer familial le plus vite possible, non pas par haine envers sa sœur, car il savait très bien que ce n’était pas de sa faute, mais pour simplement se protéger. Il continua à jouer son rôle de grand frère protecteur jusqu’à son départ. Cependant l’adolescent se sentait partagé entre l’amour et l’indifférence. Comment aimer une personne, même étant sa propre sœur, si elle peut à tout moment me frapper et en conséquence m’envoyer à l’hôpital ? Pensa-t-il.
De plus, une chose rendait la situation encore plus complexe. Durant les périodes calmes de Mélanie, la sœur et le frère partageaient de bons moments ensemble. Par conséquent, un lien s’était formé entre eux, comme un couple fraternel normal. Donc malgré la peur, il ne pouvait pas avoir une relation artificielle avec elle. Un amour non conventionnel le liait à sa jumelle qui le voulait ou pas. Les liens du sang ne sont pas faciles à rompe, sûrement à cause des souvenirs et de leurs ressentiments.

5

À l’extérieur de la chambre de Maxence, dont la décoration voulait s’inspirer fortement de celles appartenant à la royauté française du dix huitièmes siècles, et plus précisément hors des murs de la maison, les éléments naturels, surtout le vent, démontraient leur supériorité. Il frappait contre les volets clos, entraînant avec lui la pluie qui, au contact du bois, produisait une triste mélodie apaisante.
L’homme imaginait facilement les arbres s’agiter en tous sens comme des fous, ce qui était le cas. Ils chantaient dans cette nuit remplie de terreur et de questionnements au sujet du tueur.

6

Les jours suivants, les journaux s’emparèrent du sujet, et comme toujours dans ce cas, une atmosphère de curiosité s’installa rapidement parmi la ville et les villages alentour. Les habitants n’avaient pas forcément peur, car à ce jour on comptait seulement une victime. Ceci était trop peu pour parler de tueur en série.
Les discutions au sein des bistros tournaient autour du nouveau fait divers dans la région qui en comptait peu, voir nullement, en tout cas de cet intérêt. Les clients des bars essayaient de trouver eux même le coupable. Évidemment, chaque personne sortant de leur normalité devenait rapidement le tueur, dans leur imagination façonnée par les nombreuses émissions au sujet de divers crimes, durant lesquelles la « voix off » expliquait que souvent le criminel avait eu une enfance difficile au travers de parents perturbés et surtout pas dignes de leur rôle.

En même temps, Maxence avait repris une existence normale, omis le fait que deux policiers l’avaient suivie dans ses déplacements durant quinze jours après la découverte du corps, et que pendant les nuits, une voiture de patrouille restait devant la demeure. Il continuait à étudier les animaux régionaux, à la différence près que chaque fois qu’il visionnait une vidéo, une boule au ventre se formait par peur de revoir le visage hideux. Si c’était le cas, logiquement la police lui avait demandé de les appeler au plus vite, sans même se rendre sur les lieux, cette fois-ci. L’homme, dans une telle situation, écouterait sûrement ces recommandations, vu le choc reçu la première fois.

Chapitre 2

1

Mélanie était allongée dans son lit qui collait un mur de sa chambre d’hôpital pour les malades mentaux. Aucun meuble ne se trouvait en cet endroit. Ce dernier donnait une impression de confort, comme si on se promenait sur un gros nuage, au travers des murs, du sol et du plafond capitonnés.
La blancheur de la chambre se voulait être à l’opposé total du reste de l’endroit. En effet, l’hôpital se constituait d’un dédale de couloirs sombres coincé entre d’un côté une rangée de portes ouvrant sur des chambres toutes identiques, et de l’autre côté une série d’immenses fenêtres donnant vue sur un parc complètement défraichi assombrissant encore plus les lieux. Parfois ces couloirs débouchaient sur une salle commune servant de lieu de rencontres pour les pensionnaires, ou sur une pièce de repos à l’attention du personnel hospitalier.

Mélanie passait énormément de temps dans cette position, voyageant parmi ses univers imaginaires, en nombre de deux.
Le premier était un paysage venant d’une autre époque et d’un monde différents : la femme dominait une forêt tropicale qui s’étalait, à ses pieds, sur une distance infinie. Des objets bizarres volaient au-dessus de cette verdure. Ils ressemblaient à d’énormes insectes avec quatre ailes, comme les libellules, sûrement en fibre de verre. Elles semblaient être aussi légères que le vent, en tout cas, leur transparence faisait penser à cela. Elles battaient l’air en produisant un bruit sourd et plutôt agréable. Ce son s’accordait à merveille avec les cris d’animaux qui sortaient de la canopée brumeuse. Ces choses volantes se déplaçaient paresseusement vers le couchant. Il propageait un feu visuel dans tout un ciel dépourvu de nuage. On ne pouvait pas voir si une personne humaine, ou d’une autre espèce, conduisait ces sortes d’avions. Mais peut-être, ces engins se voyageaient de façon automatique, qui sait. Leur destination était inconnue.
Parfois une immense méduse avec de très longs tentacules blancs sortait lentement de la forêt et disparaissait dans le ciel. Elle possédait une grosse tête, faisant également office de corps, gluante et de couleur vert marré. Ce coloris repoussait le regard.
Derrière Mélanie, un portail métallique, tel qu’on pouvait trouver face à un manoir datant d’un siècle lointain, permettait un passage rapide dans l’autre monde.

Le deuxième univers était beaucoup plus sombre. Il se constituait d’une sorte de vieille université anglaise. Elle se voulait être très imposante et comportait de multiples façades, dont chacune entre elles possédait un nombre incalculable de fenêtres, tous sens lumière malgré la pâle lueur du jour. En effet, la neige tombait à gros flocons sous un bas plafond gris foncé sans nuance.
Au premier regard, on voyait directement que le bâtiment était à l’abandon depuis longtemps : certaines vitres avaient volé en éclat, les murs se fissuraient par endroits et des plantes leur montaient dessus, et la majorité des portes ne servaient plus à grand-chose vu leur état. De plus, un calme pesant y régnait, tout comme l’impression d’être dans un pays d’Europe de l’Est communiste. Cela venait sûrement de la neige, ainsi de la tristesse du décor.

Mélanie se promenait de salles de classe en salles de classe. Elles étaient tous organisées de la même façon : des petites tables d’une place alignées parfaitement en trois colonnes de vingt lignes, devant un tableau noir parfois encore marqué de craie blanche. La grandeur des pièces, accompagnée par la nudité des murs et du plafond qui laissaient voir les briques rouges salies par le temps, donnait une impression d’industrie ancienne, de type métallurgique, ce qui accentuait la sensation de froid aussi bien physique que mentale. Les immenses vitres face aux entrées amplifiaient cette froidure, car elles laissaient entrer facilement le vent glacial et montraient la neige tourbillonnante au rythme de ce même vent.
Parfois une main enfantine se dessinait dans la poussière qui couvrait les petits pupitres. Cela laissait à penser que des personnes habitaient ce lieu, ce qui était le cas.

Un groupe de cinq individus, habillés de cape noire à capuchon couvrant tout leur corps, et portant des masques gris avec un long nez ressemblant à bec de perroquet en plus long (ces faux visages ressemblaient à ceux portés au moyen-âge par les personnes qui manipulaient les cadavres des lépreux), essayaient toujours de l’attraper pour une raison inconnue.
De temps à autre, elle se réfugiait dans des toilettes où un homme en décomposition se balançait sur un réseau de files barbelées. Une perfusion contenant un liquide jaune urine était encore plantée dans son bras. Une épouvantable odeur d’excréments embaumait ce tableau.

Malgré que tout cela se voulait être seulement dans son imaginaire, Mélanie ressentait les impressions et les sentiments procurés par les visions.

Lorsque la femme revenait dans le monde réel, elle voyait les choses différemment que nous. Tout se représentait comme si elle se trouvait au sein d’une bande dessinée aux dessins hyperréaliste, mais dont certains traits, surtout au niveau des visages, étaient accentués : si une personne possédait un nez un peu plus gros que la moyenne, il devenait un appendice nasal hors normes. C’était de même pour les atmosphères et les ambiances. Quand Mélanie buvait un verre par exemple dans un bar à thème, elle se voyait immédiatement être plongée dans cet univers, à tel point qu’elle ne faisait plus la distinction entre son imaginaire et la réalité.

2

Une fois par journée, les résidents de l’hôpital, en tout cas ceux qu’ils ne représentaient pas un danger pour autrui, étaient autorisés à sortir de leur chambre pour rejoindre une salle commune qui comportait une petite bibliothèque contenant essentiellement des livres enfantins, et un coin « télévision » avec un canapé cinq places. Une grille renforcée protégeait l’écran plat, ainsi que les vitres, d’éventuelles projections d’objets dessus (pendant les moments de crises de certains patients, des objets de toute sorte volaient en tous sens). Dans la salle, il y avait également une sorte de petite pièce fermée par des vitres en pecsiglace transparent. Celle de devant comportait une grille métallique servant à laisser passer le son de la voix, et elle était devancée par un fin présentoir servant à poser des gobelets en plastique blanc contenant des pilules ou de l’eau. Ces verres passaient par une trappe fermée avec un système électrique qui pouvait s’ouvrir par l’appui sur un bouton. Cette action était souvent réalisée par la même femme. Elle se prénommait Sévérine, et personne ne l’appréciait dans l’hôpital, même pas le personnel. Il fallait dire qu’elle était, comme on le disait communément, aimable telle une porte de prison. Cette dame arrivait toujours pile à l’heure du commencement de sa garde, et repartait à l’heure exacte de sa fin. Grâce à cela, elle ne croisait aucun de ses collègues.
Malheureusement pour Séverine, cette ruse n’était pas réalisable avec les patients. Elle devait les supporter toute la journée, et surtout leurs bizarreries dues à leur maladie mentale. Il en avait qui souffrait d’un dédoublement de la personnalité. Par fois il se prenait pour un homme introverti très cultivé. D’autres fois, ils semblaient habités par une personnalité féminine extrovertie.
D’autres personnes attendaient des voies imaginaires qui leur disaient de réaliser diverses choses sortant de l’ordinaire, comme essayer d’escalader une armoire. Lorsque l’acte était dangereux pour eux même ou envers les autres, un infirmier, plutôt musclé, intervenait immédiatement, de façon très énergique. Et quand la force physique ne suffisait pas, une bonne dose de calmants était injectée dans le sang de la personne turbulente.

Sévérine habitait seule dans un malheureux « deux-pièces », avec comme unique compagnie une chatte siamoise. Elle était célibataire et vivait que pour les livres. Elle en dévorait au minimum deux tous les quinze jours. Elle n’avait pas vraiment de genre préféré. Le principal c’était que l’histoire la transporte loin de cette triste réalité. En effet cette dame se sentait mal dans sa peau à cause de sa beauté naturelle et ses formes avantageuses. Cela peut paraitre bizarre, voir, disons-le directement, totalement débile. Mais Sévérine ne supportait pas le regard des hommes, ni des femmes, sur sa plastique (c’est pour cela qu’elle portait uniquement des vêtements amples). Cela lui renvoyait une mauvaise image qu’elle même, car elle avait l’impression d’être une « Bimbo » sans intelligence, comme celles qu’on voyait durant la majorité des émissions de « télé-réalité ». Dans ces programmes audiovisuels, on aurait dit que plus les candidats étaient débiles, plus ils avaient de chance de devenir célèbres (cela montrait bien le niveau d’intelligence du peuple).

Pendant plusieurs années, Sévérine essaya de trouver l’homme sa moitié au travers de différentes relations éphémères avec des hommes de tout âge. Chaque fois, elle se rendait vite compte qu’ils étaient en couple avec elle uniquement pour la beauté de son corps. La relation ne durait jamais longtemps : le maximum fut six mois.
Elle ne pensait pas que tous les hommes ressemblaient à des bêtes assoiffées de sexe, mais qu’ils étaient attirés fortement par cela. Ils voulaient souvent passer des journées entières allongés dans le lit pour regarder la télévision et faire des câlins. Contrairement à Sévérine qui souhaitait visiter des musées ou faire de longues promenades dans la nature.

Parmi tous l’hôpital, les fées se promenaient au rythme des différentes folies. Parfois elles volaient très lentement, d’autres fois elles parcouraient rapidement et en zigzaguant de longues distances sans but apparent, comme si elles aussi souffraient d’une démence.

3

Mélanie avait le droit d’arpenter les couloirs de l’hôpital, car, avec son nouveau traitement médicamenteux, elle ne représentait plus un danger ni pour elle ni pour les autres. Cependant elle ne possédait pas beaucoup d’amis, car elle trouvait presque tout le monde bizarre. Ces gens possédaient des comportements qui sortaient complètement de l’ordinaire : ils se mettaient à crier pour aucune raison apparente, ou ils se déshabillaient à la vue de tous. Elle savait bien qu’elle aussi souffrait de problèmes mentaux, car elle était au courant que la morale interdisait de frapper les personnes. Mais cela se voulait être plus fort qu’elle. Ces pulsions la dominaient, et cela malgré sa grande volonté. Par chance, il y avait les médicaments. Certes ils la mettaient dans une sorte d’état second, un peu comme si elle voyageait sur un nuage douillet avec presque pas de force physiques, mais au moins notre héroïne en avait fini avec la violence.

Cependant, malgré son point de vue, Mélanie possédait quand même une sorte d’amie prénommée Ginette. Cette dame était une mère de famille qui avait été hospitalisée à cause du danger représentant pour ses trois enfants (deux filles et un garçon). Elle souffrait d’une bipolarité au plus haut niveau. Son humeur pouvait changer en quelques minutes seulement. Elle était joyeuse à un instant, et à un autre instant elle se mettait à pleurer comme si elle venait d’apprendre le décès d’un proche. Mélanie trouvait cela drôle, surtout quand elle s’amusait avec la maladie. Lorsque sa copine se trouvait dans moment joyeux, Mélanie l’énervait au maximum, en lui disant des conneries et en lui faisant des chatouilles comme une gamine, jusqu’un aide-soignant soit obligé de lui faire une piqûre pour la calmer. Et au contraire, durant les périodes tristes, notre personnage enfonçait Ginette avec des discours défaitistes, comme quoi elle ne sortira jamais de cet hôpital. Cela finissait par une tentative de suicide toujours avortée grâce à l’intervention de Mélanie. Eh oui, son amie n’était ni plus ni moins un jouet qui lui faisait passer le temps.

4

Depuis son arrivée à l’hôpital, Mélanie avait une grande rancœur envers son frère, Max, comme elle l’appelait. Cette colère était naît au départ de Maxence. La jeune femme, âgée alors de dix-neuf ans à cette époque, se rappelait encore très bien de cette journée sombre. Son frère avait entassé ses valises dans hall d’entrée de l’appartement. Il n’avait prévenu personne de son départ. Les parents, qui étaient totalement perdus par l’événement, lui posèrent énormément de questions afin d’essayer d’éclaircir la situation. Pour se faire, le petit groupe familial se renferma dans la cuisine, et commença une longue discussion qui se transforma rapidement en une grosse dispute.
Mélanie compris tout de suite la situation : Max voulait quitter le foyer familial, cela sûrement à cause d’elle, et plus précisément par peur de ses pulsions violentes. La sœur croyait de son frère comprenait sa maladie parfaitement depuis le temps. De plus, il s’occupait très bien d’elle. Quand Maxence avait du temps libre, il l’emmenait faire des promenades dans divers lieux naturels ou publics. Chaque fois, Mélanie passait de bons moments sous la protection masculine : si un enfant se moquait d’elle à cause d’un comportement anormal de sa part, aussitôt Maxence lançait un regard menaçant. Et si cela n’était pas suffisant, il avançait poing serré vers le garnement jusqu’à quand qu’il s’en aille.

Mélanie ne pouvait attendre seule dans le couloir, sans savoir ce qu’on disait au sein de la cuisine. Elle fut éruption dans la petite réunion, sans même prévenir de sa présence en frappant sur la porte.
« Max, je t’interdis de partir en me laissant seule ici », cria la jeune femme, dont les yeux étaient remplis de larmes.
L’auditoire fut stupéfait, car, en général, la famille pensait que la jumelle ne comprenait pas grand-chose à son environnement vu qu’elle vivait dans son propre monde.
« Tu aurais pu frapper à la porte — répondit le père — c’est discussion privée »
Maxence prit la parole :
« De toute façon, j’ai fini mes explications. Ma décision est prise : je pars. — Il se retourna vers sa sœur — je suis désolé ma puce, mais je dois partir pour ne plus revenir. Maman et papa t’expliqueront. À dieu, pardonne-moi s’il te plaît. »
Il déposa un baissé sur la joue humide. Les yeux du garçon étaient également en proie aux larmes. Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas exploser en pleure. Il serra fermement la main féminine, puis embrassa tendrement ses parents.
Maxence était sur le point de sortir de l’appartement, quand il s’arrêta, valises à la main, à cause des dires de sa sœur prononcés avec une voix étranglée par une gorge serrée :
« C’est de ma faute si tu pars, je le sais. Tu as peur que je te tape de nouveau. Je te comprends, mais je te jure de ne pas le refaire »
Le jeune homme exprima un léger sanglot étouffé en guise de réponse. Il reprit son chemin vers la sortie, laissant derrière lui une famille dans l’incompréhension totale.

Les jours suivants furent compliqués pour tout le monde : les parents étaient partagés entre tristesse et colère. Ils auraient voulu en parler avec Maxence pour d’abord le comprendre, puis le dissuader de partir, même si cela n’aurait pas été simple. Évidemment, ils savaient d’un jour ou l’autre, Maxence allait quitter le foyer, mais ils ne pensaient pas aussi rapidement, et encore moins aussi subitement. De plus, Mélanie faisait de nombreuses crises de violences. Elle n’acceptait pas le départ de son frère. Elle le manifestait par des coups de poing dans les murs et les portes, quand ce n’était pas sur son père ou sa mère. En temps normal, Maxence aurait su la calmer par des mots accompagnés de câlins. Mais là, même l’augmentation de la dose de son traitement ne faisait rien. Si on ajoutait à cela ses quelques tentatives de suicide, l’atmosphère générale devenait insupportable.
Au bout de trois semaines de calvaire, et à bout de leurs forces physiques, mais également mentales, Manon et Georges décidèrent, à contrecœur, de placer leur fille dans une structure spécialisée, ce qui n’a pas été du goût de la concerner.

Dès son arrivée à l’hôpital, Mélanie transforma sa tristesse en haine envers son frère. Selon elle, il l’avait tout simplement abandonné, lui privant de tout repère essentiel pour son bien-être. Ses crises de violences étaient terribles. Elle ne pouvait plus les contrôler, même avec son traitement. Maxence arrivait toujours à la calmer au travers de ces mots bien choisis qui faisaient un drôle d’effet : elle avait l’impression d’être dans une bulle protectrice où les agressions extérieures ne pouvaient pas l’atteindre. À présent, cette protection venait d’éclater, l’exposant ainsi à la dureté de la réalité.
Ce fait fit rapidement apparaitre une haine en elle, qui grandissait de jour en jour.

Depuis quelque temps, Mélanie voulait soulager cette haine en se vengeant. Mais comment faire en étant renfermé dans cet hôpital ? Pensa-t-elle. Elle lui fallait un plan, car cet enfoiré ne devait pas rester sans jugement. Un plan pour s’en fuir de cette structure bien gardée, se défiler de la surveillance des gardes et du corps médical, sans oublier d’une fois dehors, je devrais savoir quoi faire. Mais aux parts avant, je dois procéder étape par étape, en commençant par me passer de ces médicaments, car, évidemment, je n’en aurais pas hors de ces murs.
Les jours suivants furent consacrés à l’élaboration de son évasion.

Portrait d’une femme

Portrait d’une femme

Mon esprit vagabondait sur le monde, et plus précisément sur des femmes qui pourraient entrer dans ma vie sentimentale. L’image représentant le mieux la situation semblait être une vue de la terre par l’espace. Dans ce contexte, mon imagination fessait des agrandissements sur certains individus féminins. Je leur créai une vie avec ma présence. Aucune limite ne s’opposait à moi. Tous les continents n’étaient qu’immenses terrains de jeux m’offrant multiples sensations. L’amour, certes non réel, me transportait parmi une farandole d’émotions, toutes positives. L’agréable séjournait en moi. Je me sentais « homme », voir « mâle », ou plus précisément donjuan. Parfois, je l’avoue, en ressentant une légère honte, je courtisai plusieurs femmes à la fois, en ayant l’espoir d’avoir une double vie. La première en compagnie d’une fille plus jeune que moi afin de vivre à cent à l’heure. Elle me ferait revivre mes années folles, tout en effaçant ma maturité et mes responsabilités. Cette demoiselle posséderait des origines italiennes accompagnées d’une allure ainsi d’un caractère d’adolescente malgré ses vingt ans. La deuxième aventure serait en compagnie d’une dame qui aurait au minimum le double de l’âge de la première. Elle, au contraire, m’apporterait la maturité et la sagesse. Des courbes fortement prononcées sculpteraient son physique. Ce dernier donnerait envie à nombreux hommes de la serrer dans leurs bras. Cette « couguar » appartiendrait au pays nommé France.

Soudain, sans savoir pourquoi, ma pensée s’arrêta sur une femme.

 

***

 

Cette demoiselle courrait seule au centre d’une route qui traversait un quartier aisé américain. Les demeures reflétaient la richesse du lieu au travers de leur grandeur et de leur pelouse parfaitement entretenue situées en dessus des fenêtres. De chaque côté de la rue, on pouvait voir d’abord une rangée d’arbres à tronc grisâtre plantée sur une étroite bande d’herbe. Ces végétaux pleuraient l’été passé, couvrant ainsi le sol de grosses larmes orangées. Puis notre regard tombait sur un trottoir.

L’automne fessait planer un agréable parfum de feuilles en décomposition. L’humidité et la fraîcheur de l’air tonifiaient chaque personne qui mettait leur nez hors de chez eux. Ce fait se voulait être en contradiction avec la mort de la nature. Tous les végétaux crevaient en produisant une magnifique révérence colorée. Malgré la saison, le soleil illuminait en continu la ville, dans un silence presque absolu. Seuls les oiseaux n’ayant pas encore immigré créaient par leurs chants un agréable font sonore propice à la relaxation.

Halloween laissait encore des traces derrière lui par l’intermédiaire des décorations platées sur deux ou trois pelouses. L’atmosphère de cette fête venait juste de disparaître, sûrement grâce à l’astre journalier. En effet, cela faisait une semaine que la pluie n’avait cessé de tomber, entraînant avec elle la baisse du moral des habitants. Cependant, le soleil redessina un sourire sur la majorité des lèvres.

 

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La jeune femme possédait un visage sculpté par un surplus de friandises. Sa forme ne se voulait pas être totalement ronde, comme les personnes en sur poids. Il possédait simplement quelques formes légères au niveau des joues. Elles lui donnaient un air chaleureux. Contrairement à ses yeux noirs légèrement allongés. En effet, ils plongeaient les personnes vues dans une certaine froideur. Son regard exprimait une dureté sûrement à cause de difficultés ou de drames rencontrés durant sa vie. La tristesse et le bonheur semblaient totalement absents, seule une grande force de caractère y régnait. Ces yeux se trouvaient être voisins de deux fins sourcils très bien épilés et d’un front un peu trop large. Le reste du visage se composait d’un petit nez légèrement écrasé et d’une bouche à lèvres très fines. Son sourire dessinait deux rides d’expression en forme d’arc de cercle sur ses joues. Elles lui donnaient un air chaleureux et enfantin, tout en fessant ressortir ses pommettes.

Une apparence gothique naissait d’un subtil maquillage sombre. Cela ne ressemblait pas aux peintures des adolescentes en mal de vie et fan de métal, musicalement parlant. Concernant Jennifer, la femme en question, cette parure coloriée ne possédait rien de grossier. Tout était dans la finesse et se concentrait autour des yeux. Un noire profond fessait ressortir les deux miroirs de son être, en durcissant encore plus son regard. Une peau blanchâtre mettait en valeur cet artifice.

Sa chevelure couleur corbeau lui descendait jusqu’à sa poitrine. Lorsqu’aucun élastique n’attachait ses cheveux (en occurrence, ce jour-là, ils se renfermaient dans une queue de cheval qui commençait en haut de son cou. Cette coiffure lui mettait en valeur chaque trait de son visage), une ligne blanche parfaitement droite se formait naturellement au centre du crâne. Sa toison descendait d’abord en ligne droite, pour ensuite onduler, et ainsi faisait naitre une chose brouillonne comme une rivière agitée.

Les hommes, qui la croissaient dans la rue, ne se retournaient pas automatiquement vers Jennifer. Cependant, lorsqu’une personne masculine prenait la peine de poser son regard sur son visage, elle pouvait se sentir transporter soit par ses yeux, soit par ses traits physiques.

Son corps ne répondait pas aux règles des magazines. Il était de petite taille, c’est à dire environs un mètre soixante, et très légèrement enrobé au niveau des hanches. Le reste semblait être sculpté par de nombreux exercices physiques. Un pull moulant noir mettait en valeur son ventre plat, ainsi d’une poitrine ferme. Elle donnait l’impression d’être plutôt au-dessus des normes.

 

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Jennifer transpirait dans son survêtement couleur corbeau, malgré la fraîcheur ambiante. Elle aimait faire du sport, particulièrement de la danse classique. Deux fois par semaine, la jeune femme se rendait au sein d’un club qui se trouvait parmi le plus vieux bâtiment de la région. Le sol appartenant à la pièce se couvrait d’un parquet clair. La lumière naturelle se reflétait sur lui et dans les glaces disposées de chaque côté du lieu, révélant ainsi chaque petit détail, comme l’étrange ballet silencieux réalisé par les milliards de particules de poussière en suspension.

Toutes personnes entrantes en ce lieu étaient surprises par les immenses vitres qui leur fessaient face. Elles s’encadraient d’un vieux bois foncé. Ces carreaux lassaient voir un très beau paysage urbain. Il se composait de quartiers huppés séparés par des pairies et des bosquets aux couleurs automnales. Sans aucune explication spécifique, devant le paysage, on ressentait une impression de future. Peut-être, cette sensation venait des rayons du coucher de soleil qui fessait apparaitre une sorte de dôme parfaitement transparent. À l’intérieur d’une imagination fertile, ce dôme servait à protéger les habitants de la puissance solaire et de la pollution. Cette ressentît tranchait nettement avec la vieillesse du lieu. La guerre de Sécession résonnait encore dans les murs. À cette époque, le bâtiment avait servi de prison.

Devant les immenses miroirs se trouvaient des barres cylindriques servant aux danseuses à faire des échauffements.

Jennifer commença la danse à l’âge de dix. Elle suivit une amie. Les fillettes aimèrent tout de suite ce sport, malgré les douleurs musculaires engendrées par les étirements. Lorsque la musique se mettait en route, elles se plongeaient dans un autre monde. Leur esprit se vidait pour faire place à un bien-être, certes temporaire, mais tellement bon, surtout après une journée difficile à l’école (évidemment, le thème « difficile » était à mettre dans le contexte enfantin). Jennifer possédait une grâce naturelle. Ses mouvements se fessaient en toute légèreté, un peu comme ceux d’une plume dans l’air. Sa professeure n’avait jamais vu une fillette aussi douée, et pour temps cela faisait vingt années qu’elle enseignait. Des fois, la dame prenait la petite dans le cours supérieur pour la montrait en modèle (notre héroïne en était très fière). Plus tard, Jennifer commença les compétitions dont elle finissait toujours en haut du classement. Des récompenses en tout genre remplissaient sa chambre. Cependant, malgré son très haut niveau dans ce sport, sa mère et son père ne la poussèrent jamais hors de ses limites et privilégièrent toujours les études, comme tout bon parent. Aucune rivalité n’existait entre les meilleures amies (vu la différence de niveau, Mélanie, l’amie, aurait vite abandonné). Pour elles, c’était un simple jeu.

Par la suite, la scolarité demanda de plus en plus de temps. Par conséquent, les copines arrêtèrent temporairement la danse.

 

Jennifer possédait sa propre salle de danse chez elle (la femme continuait à se rendre au club uniquement pour garder un contact humain). La pièce s’étalait sur tout le premier étage de la demeure. L’ensemble des autres pièces se trouvait évidemment au second niveau. Le premier étage ne comportait aucune séparation. Une immense baie vitrée laissait entrer une forte lumière naturelle. Sur le mur de droite, formé par des glaces, la femme avait placé la traditionnelle barre d’étirement. Aucun meuble ne venait restreinte les mouvements de la danseuse dont ses pieds glissaient et sautaient sur un parquet imitation jeune bois appartenant aux tons clairs. Pour éclaircir encore plus l’endroit, les murs furent mis en blanc. Durant les jours ensoleillés, la femme pouvait s’exercer parmi un bain fait d’une lumière instance, sans aucune chaleur étouffante grâce à la climatisation. Durant les exercices physiques, son corps se couvrait d’une brassière grise et d’un pantalon « TREGGING » noir en matière synthétique très élastique. Elle pratiquait la danse chaque jour, espérant de se maintenir à son plus haut niveau et ainsi continuait à remporter des concours qui lui permettait de gagner de l’argent. Les sommes en jeu n’étaient jamais importantes, mais leurs accumulations créaient un salaire convenable.

 

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Malgré la pratique de la danse classique, Jennifer possédait un côté « garçon manqué ». La jeune femme aimait de temps à autre boire une cannette de bière devant un match baseball. De plus, elle ne portait pas toujours des vêtements très féminins. Durant ses quelques rares journées de repos, elle s’habillait d’un gros survêtement gris qui lui donnait l’apparence d’un boxeur. Le fait d’avoir quelques caractéristiques masculines ne retirait rien à son charme. Ils ne la rendaient pas « femme homme » ou pour certains esprits étroits une homosexuelle jouant le rôle de l’homme dans un couple. Cette femme arrivait à faire naturellement ressortir ses traits féminins même quand la situation ne s’y prêtait pas. La danse classique lui donnait peut-être une grâce résistant à toutes épreuves.

 

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Son caractère possédait aussi un côté masculin au travers de sa force. Elle ne montrait jamais ses sentiments. Une carapace empêchait les personnes de voir à l’intérieur d’elle. Cela ne lui donnait pas un aspect de froideur ou de distance. Elle aimait le contact humain et les relations amicales. Cela se voyait à son nombre d’amis. Jennifer pouvait compter sur eux dans les coups durs pour lui remonter le moral au tour d’un verre dans un pub irlandais. De plus, son côté « bonne vivante » lui donnait automatiquement le titre de leader du groupe. Les personnes l’invitaient à leurs fêtes afin d’être sures d’avoir une bonne ambiance. Pour ce faire, Jennifer ne buvait pas une importante quantité d’alcool (toute façon, la haute compétition de son sport l’interdisait toutes formes de drogues), comme la majorité des jeunes son âge. Son tempérament surfaisait amplement.

 

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On pouvait se demander pourquoi mon imagination s’était arrêtée sur cette femme. Elle était loin d’être parfaite. Peut-être notamment que sa banalité m’attirait. Banalité ! Mais saupoudrée de quelques originalités, comme chacun entre-nous.

Cette attirance sera à jamais inexpliquée.

Des vacances à l’ancienne

Des vacances à l’ancienne

Dorian regardait, assis sur la terrasse de la maison, un magnifique paysage bourguignon. Ce visuel se composait de collines pas très hautes couvertes soit par des bois sombres soit par des champs colorés avec un jaune très clair, limite éblouissant. Entre deux coteaux se trouvaient des pâtures où parfois des vaches broutaient paisiblement dans l’air chaud du mois août. Ces zones d’herbes se délimitaient avec des filles barbelées non visibles à cette distance. L’ensemble des couleurs de ce décor respirait la gaieté, tout comme ce moment de l’année. Au loin, une route peu fréquentée zigzaguait sur les différentes collines. Elle représentait l’unique activité humaine. De temps à autre, un nuage passait rapidement devant le soleil, produisant ainsi une ombre qui courait sur cette nature.

Le garçon avait treize ans. Il possédait une chevelure châtain claire. Elle lui couvrait ses oreilles et son front. De jolies bouclettes rendaient cette coiffure brouillonne et lui donnaient une allure de skateur, tout comme ses habille : un t-shirt trop large décoré d’une jolie surfeuse, et un baggy bleu claire lui descendant en bas des fesses laissant apparaître un caleçon à grosses fleurs rouges d’Hawaï sur un fond vert. Son visage semblait être bloqué entre l’enfance et l’adolescence. Ses joues étaient encore rondes (sa silhouette aussi) et couvertes de taches de rousseur. Cependant, à présent, il y avait quelques boutons à pointe blanche. Son regard ressemblait fortement à celui d’un chat : yeux verts en amande. Son nez, légèrement trop épaté, lui donnait un charme pour l’instant encore enfantin. Sa bouche pulpeuse apportait une touche de féminité.

La joie dominait ses sentiments, car le lendemain il partait en vacances dans le var. Cette année, son père avait eût la bonne idée de proposer au reste de la famille des vacances à l’ancienne, loin des nouvelles technologies. Ils acceptèrent avec plaisir, surtout Dorian qui se voyait déjà vivre de grandes aventures exactement comme dans les livres de Pagnol. De plus, il ne ressemblait pas à la quasi-totalité des enfants de son âge. Le jeune garçon n’aimait pas passer des dizaines d’heures sur un ressaut social ou devant un jeu vidéo. Il adorait se promener seul dans la nature pour découvrir de nouveaux animaux ou de nouvelles plantes, en général, car parfois il partait dans des aventures imaginaires. À l’école, il possédait quelques amis, tous des rêveurs comme lui. Ils discutaient principalement de leurs livres lus.

Dorian alla finir ses derniers préparatifs pour le voyage.

 

Le repas du soir se déroula au crépuscule. La famille se trouvait au centre du salon qui se voulait être moderne au travers de ses couleurs : fuchsia et gris. Des lampes électriques enfoncées dans le plafond diffusaient une douce lumière. Elles créaient des points lumineux sur les grands carrelages noir anthracite. À gauche de la table couverte par une plaque en verre, se trouvait un escalier sans rambarde et menant aux chambres. Face à la première marche, une petite fenêtre laissait voir le même paysage qu’on pouvait admirer sur la terrasse. En dessous de l’escalier, une ouverture en demi-lune avait été faite dans le mur. Elle donnait vue sur la cuisine.

Tout de suite après le repas, ils allèrent se coucher dans une bonne humeur générale.

 

À cinq d’heure du matin, Dorian s’installa sur le siège passager pour au minimum les six heures avenir. Il regardait paisiblement les lumières des villes encore endormies au sein de cette belle nuit d’été. Les routes ne s’encombraient pas encore avec les traditionnels bouchons estivaux.

Dorian sombra dans un profond sommeil une heure après le départ et se réveilla seulement dix minutes avant d’arriver à destination.

Dans son regard embué, des vignes parcouraient des collines dont leur sommet était formé par des roches apparentes. Entre deux vignobles, des oliviers ombrageaient le sol qui se couvrait avec de gros cailloux.

La voiture longeait un profond ravin contenant quelques arbres brûlés. À l’opposé, un mur de roche donnait l’impression d’être poussé vers le vide. Après cinq minutes à se faire balloter à cause du mauvais état de la route, la famille arriva dans l’impasse où se trouvait la demeure des vacances. C’était une imposante maison de forme cubique. Elle possédait cinq fenêtres réparties sur deux étages. Chacune s’occultait avec des volets composés par lamelles en bois peint en blanc, tout comme la totalité des murs. Cet ensemble se voulait être très propre. La porte apportait quelque chose de marin au travers de son bleu foncé. Cette entrée ne comportait aucune marche. Elle était devançait par une avancée en béton d’une largeur d’une dizaine de centimètres. Quelques cailloux s’y trouvaient. À gauche de la porte, une porterie en forme de cigale multicolore apportait une gaieté visuelle. Les tuiles rouge sang du toit tranchaient nette avec le bleu du ciel. Cette habitation s’entourait par les éléments suivants : derrière et à droite, à cinquante mètres des murs, on pouvait admirer un empilement de rochers qui empêchait de voir l’horizon. À gauche, un vertigineux ravin devançait une série de collines habillées de vignes. Devant, une place couverte de graviers blancs permettait aux voitures de se garer. Aucune barrière ne la fermait. En son centre, une cabane en bois faisait office de toilette.

Cette maison appartenait à un couple d’amis. Ils étaient partis en vacances à l’étranger et avaient seulement demandé de sortir les fleurs, puis s’en occuper.

La famille descendit les valises et pénétra dans la bâtisse.

La fraîcheur du lieu impressionna Dorian. Le contraste entre la chaleur étouffante de l’extérieur et la fraîcheur de l’intérieur donnait la sensation d’entrer dans un frigidaire. La pénombre avait élu domicile. Trois traits lumineux passaient par des trous dans les volés, et formaient des cercles lumineux sur le mur d’en face. Une forte odeur de renfermer força la famille à ouvrir la totalité des fenêtres pour créer un courant d’air. En même temps, la lumière dévoila l’ensemble des pièces. Tous reprenaient le style du début du vingtième siècle. La cuisine comportait un poêle à charbon, la salle à manger possédait uniquement des meubles taillés dans un vieux bois, et chacune des chambres renfermait uniquement un lit et une garde-robe. Les autres endroits étaient fermés à clef. Il n’y avait pas de salle de bain, on pouvait se laver soit avec une bassine dans la cuisine soit sous une douche qui se trouvait à l’extérieur, à côté des toilettes.

 

Trois jours après son arrivée, Dorian décida d’aller explorer les environs. Il prépara son sac avec des provisions : une boussole, une carte, un couteau suisse et plusieurs autres outils. Après les traditionnelles recommandations de sa mère, il prit un étroit chemin terreux montant une colline. Il se bordait de hautes herbes complètement jaunies par le soleil. Les cigales chantaient le bonheur du sud dans une chaleur déjà écrasante. Les grosses chaussures de marche du jeune garçon faisaient craquer les cailloux jonchant la terre complètement sèche, réduit presque en état de poussière.

Notre héros se sentait complètement en vacances et dans son élément. Le bonheur régnait parmi son esprit.

À midi, il s’arrêta dans une plantation d’oliviers pour se restaurer à l’ombre. Il sortit de son sac un sandwich au jambon et une bouteille d’eau fraîche. En guise d’entrée, Dorian se prépara une omelette avec des œufs d’oiseaux récemment ramassés. Pour se faire, il alla s’assoir à côté d’une grosse pierre plate se situant en plein soleil. Regarda si elle était bien brûlante, puis la nettoya à l’aide d’un chiffon sec. Le cuisinier la saupoudra de poivre et de sel. Cassa les six œufs sur la plaque de cuisson naturelle. À leur contact, le liquide transparent se transformait en chose solide blanche, dans un léger bruit de crépitation. Une fois la totalité des cotyles fut vidée, le garçon déversa un peu d’herbes de Provence sur l’omelette. À la suite de ce bon repas, il décida de faire une petite sieste avant de reprendre la route.

 

Vers quinze heures, Dorian passa devant une veille demeure totalement en ruine et envahi par la végétation. Elle était haute, mais pas large. Elle ne possédait ni de fenêtres et ni de porte. Les murs extérieurs se faisaient totalement couvrir par de hautes plantes vertes, tout comme le parterre du devant. Aucune barrière ne gardait cette habitation.

 

« On raconte dans la région que cette demeure est hantée par un homme qui vivait au moyen âge et qui manger les enfants pour, selon lui, gardait sa jeunesse éternellement »

Ces dires effrayèrent Dorian. Il fit un demi-tour si rapidement qu’il faillit tomber. L’aventurier vit un vieil homme assis sur un banc en pierre. Cette assise formait un toit pour de hautes herbes. Sa peau avait été vieillie prématurément par le soleil. De nombreuses taches plus foncées parsemaient son visage, ses bras, ses mains et ses jambes. Ses mains possédaient de grosses veines bleues. Le temps avait creusé des ruisseaux asséchés dans son visage et blanchit ses cheveux coiffés à l’arrière comme les anciens rockeurs. Deux yeux bleus regardaient tendrement l’enfant. Le vieillard portait un débardeur blanc et un short vert uni. Il se recroquevillait sur une canne maintenue par ses deux mains posées l’une au-dessus de l’autre. La deuxième extrémité du bâton se trouvait entre ses pieds protégés par des sandales en cuir marron, et posait sur de gros cailloux.

« Je suis désolé d’avoir fait peur mon petit, ce n’était pas de tout mon but »

« Ce n’est pas grave monsieur. Je pensais juste que j’étais seul »

Les deux individus discutèrent à propos de la maison durant dix minutes, puis Dorian reprit son chemin en pensant qu’il allait sûrement revenir ici durant une nuit pour visiter la demeure. Il aimait tout ce qui touchait au paranormal, même s’il ne croyait pas au fantôme. Ces phénomènes lui procuraient des frissons. Le jeune garçon visitait régulièrement des lieux soi-disant hantés, mais il n’avait jamais vu de choses inexpliquées à ce jour.

 

Vers dix-huit heures, le ciel se couvrit d’un énorme nuage noir, assombrissant fortement la luminosité. On se croyait au crépuscule d’un jour pluvieux. Le vent se souleva rapidement. La végétation morte vivotait et parfois venait frapper le visage de Dorian. Le marcheur se trouvait sur un étroit chemin terreux. Il serpentait une haute colline. Le randonneur rechercha, en courant, un endroit pour s’abriter de la future pluie qui, à juger la noirceur et la grosseur du nuage, allait être forte. Dans un virage, il vit un renfoncement dans la paroi. Le randonneur sortit sa lampe de poche, ensuite éclaira l’endroit. C’était une sorte de petite grotte très sombre. À peine entré, son téléphone portable (sa mère l’avait obligé à le prendre pour plus de sécurité) sonna. Évidemment, c’était sa maman qui l’appelait, car, à la vue de l’orage, elle s’inquiéta pour lui. Après l’avoir rassuré, il s’assit sur un rocher, au bord de la caverne.

À l’extérieur, la pluie formait un rideau presque opaque. On ne voyait plus les collines qui formaient une profonde gorge. L’eau refroidissait le sol, en produisant une agréable odeur transportée par un violent vent. Il hurlait, donnant un côté sinistre à la scène. Des feuilles et des petites branches passaient et repassaient devant la grotte. Toutes les dix secondes environ, un éclair mettait en valeur chaque élément du paysage durant une centaine de millisecondes, puis un vacarme montait rapidement dans la grotte. La chaleur avait totalement disparu pour laissait place à une fraîcheur appartenant à une soirée printanière. Cette sensation était renforcée par les parois. Dorian frissonnait assis, les bras croisés, toujours sur la même grosse pierre. Il regarda autour de lui et constata qui avait de nombreux branchages à même le sol. Il les ramassa pour former un tas. Ensuite, il réalisa un cercle sur le sol à l’aide de grosses pierres. Plaça le bois en son centre. Sortit quelques vieux journaux de son sac et les mit en boules sur le bûché. Pour finir, le nouvel homme des cavernes gratta une allumette et enflamma une boulette. Aussitôt, une flamme naquit. Elle grandissait fur et à mesure qu’elle se nourrissait. Son évolution s’accompagnait de craquement et d’étincelles. Le vent poussait vers le fond la fumée blanchâtre. Dorian respirait l’air frais, tout en profitant de la chaleur de son feu. Il avait l’impression d’être enfermé dans cocon lumineux.

Une demi-heure après, le soleil réapparut, ainsi que la chaleur. Le jeune garçon prit la route du retour dans une nature détrempée. La végétation se décorait de colliers en perles liquides qui brillaient au soleil. Les trous dans la route étaient remplis d’eau. Elle renvoyait l’image d’un ciel encore nuageux.

En arrivant à la maison, il vit ses parents assis sur des sièges blancs et en train de boire un verre de rosé glacé. Ils l’accueillirent avec un sourire.

 

Deux nuits plus tard, Dorian décida d’aller visiter la demeure soi-disant hantée, en cachette (afin de ne pas inquiéter inutilement sa mère). Pour se faire, il se fit un support de descende en nouant les draps entre eux. L’Attacha fermement à l’armoire en bois massif qui pesait une centaine de kilos. Le jeune garçon descendit la façade en rappelle, comme il avait appris dans son club d’escalade.

À présent, l’aventurier marchait dans la nuit, entouré par des cris d’animaux nocturnes. Dorian ne comprenait pas la peur de certaines personnes dans une situation semblable. C’est juste des chouettes ou des grenouilles, et non des monstres assoiffés de sang. Une légère brise faisait un peut bouger ses cheveux et descendait la température de deux ou trois degrés. Il avait hâte d’entrer au sein de la maison pour ressentir la traditionnelle peur lorsqu’on est face à l’inconnu.

Le chasseur de fantômes arriva devant le lieu-dit. La lune éclairait d’une lumière blanchâtre la bâtisse. Il pénétra dans les hautes herbes qui devançaient l’entrée. Il voyait à peine l’entrée. Arriva avec difficulté dans l’endroit voulu. Une forte odeur de moisi l’écœura presque. Sa lampe de poche balayait de gauche à droite les éléments suivants : un escalier troué, un placard sans porte, un couloir fini par lumière blanche, et une porte cassée encadrée par un mur couvert avec un papier peint blanc parsemé de minuscules fleurs bleues. Dorian fut naturellement attiré par la source de lumière. Le garçon avança vers elle, tel un zombie. Pour aucune raison apparente, il se sentait hypnotisé. Traversa une cuisine insalubre sans même y faire attention, puis, en passant par une porte située à droite d’un évier, arriva dans une serre collée à la maison. Les plantes sauvages envahissaient l’endroit. La majorité d’entre elles montait jusqu’au toit en verre qui laissait passer les rayons de la pleine lune. Une chaude odeur de terre réveilla un peu Dorian. Il avança de quelques pas pour mieux apprécier l’endroit. Des feuilles lui caressaient les joues, tout en laissant un peu d’humidité. Soudain, entre les plantes, il aperçut une petite sphère bleue qui semblait voler. Il écarta rapidement le feuillage. En effet, une chose lumineuse se trouvait à quelques mètres de lui. Elle s’amusait avec des insectes. Rempli de curiosité, Dorian s’approcha doucement d’elle. Le point lumineux le vit et aussitôt il vint tournoyer autour de sa tête. Le jeune garçon commença un mouvement de recul, mais l’entité lui fit comprendre qu’elle n’était pas dangereuse, grâce sûrement à ses légers sifflements très mélodieux. Elle le frôlait en lui procurant une douce chaleur.

Dorian était presque sûr qu’il se trouvait devant à un phénomène paranormal et qu’il devait, par conséquent, en profiter au maximum. Il la regarda attentivement pour voir si ce n’était pas un insecte. Il constata que cette chose volante était transparente et parfaitement ronde. Par conséquent, ceci ne pouvait pas être un être vivant. Elle continua à tourner autour de sa tête pendant une dizaine de secondes encore, puis s’éloigna rapidement, en produisant un fort sifflement. Le garçonnet se mit à courir parmi la végétation pour le suivre. Des épines lui éraflèrent les mollets et firent couler quelques larmes de sang. Étant absorbé par le surréalisme de la scène, il ne sentait pas la douleur. Subitement, les plantes cessèrent de lui cachaient la vue. Il se trouvait au centre d’un cercle couvert de terre sans aucune végétation. La sphère bleue fit trois petits cercles, puis pénétra le sol. Dorian tapa avec son pied, de façon irréfléchie, à l’endroit même où elle avait disparu. Un bruit métallique se fit entendre. Il éjecta un peu de terre avec sa chaussure. Une plaque métallique apparut à la lumière blanchâtre. Durant qu’il enlevait le reste de la terre avec ses mains, il découvrit une poignée. La tira et la trappe se souleva facilement. Un trou apparut avec l’entité bleue au fond. Elle éclairait faiblement un sol boueux. Grâce à sa lampe, il découvrit une échelle attachée à la paroi. Toujours sous l’effet de la découverte, il descendit par la trappe avec prudence. Une fois en bas, il fit un demi-tour sur lui-même, tout en recherchant son étrange guide. Le faisceau lumineux éclaira une vaste pièce comportant deux grandes tables en bois, et de nombreuses étagères remplies de livres dont leur couverture était tous en cuir. L’air se saturait d’une odeur de terre sèche. Cela était presque suffocant. De plus, la chaleur rendait la situation plus pénible la situation. La lumière bleue se trouvait entre les tables. Elle resta immobile pendant une dizaine de secondes, puis se mit à vivoter et à émettre des sons aigus devant une armoire, comme pour désigner une chose précise. Dorian comprit le message, sans même savoir comment. Il avança vers les livres et naturellement, en prit un. Son volume était semblable à celui de la bible. Le futur lecteur le posa sur l’une des tables. En le feulant, il vit des schémas représentant l’anatomie des enfants. L’histoire du vieillard lui revint en tête. La peur le gagna. Il réalisa que cette chose agréable à la vue était peut-être l’esprit du monstre tueur d’enfants. Ses jambes tremblaient, tout en emmenant le reste du corps vers la sortie. La lumière bleue se posa sur une page et ne bougea plus, comme si elle voulait montrer sa non-violence. Le garçon arrêta nette sa fuite. Avança avec prudence vers la table, en pensant que si les choses tournaient mal, il aurait qu’à s’enfuir, en espérant tout de même que les portes ne se ferment à clef toute seule devant lui. Il lut à voix basse le texte mis en valeur par son nouvel ami. C’était des instructions pour opérer un jeune patient d’une tumeur au cerveau. Il tourna rapidement les pages et constata que ce livre avait pour thème les opérations d’enfant. Le garçon alla prendre d’autres livres sur les étagères. Tous possédaient le même sujet que le premier. Dorian compris que l’homme qui vivait ici opérer les enfants malades et ne les faisait pas mourir par sa propre volonté. Il semblait être sur point d’essayer de dialoguer avec le fantôme, mais il disparut. Notre jeune héros regarda en tous sens pour le rechercher. La pièce était totalement vide. Plus d’armoires, ni de tables. Il se trouvait au sein d’une sorte de cave. Toujours à la recherche de l’esprit, le chasseur de fantômes remonta dans la maison et parcouru chaque pièce, en vain. Il se mit à penser qu’il venait être victime d’une hallucination, sûrement à cause d’un manque d’oxygène dans le trou. Ou un phénomène paranormal venait se dérouler devant ses yeux. Il ne possédait aucun moyen de le savoir, par conséquent il lui restait plus d’aller se coucher en repensant à ce qu’il venait se passer.

 

Deux jours après cet évènement, Dorian demeurait toujours perplexe. Il ne savait pas si cela c’était vraiment passer. Évidemment, il pouvait y retourner pour avoir le cœur net. Cependant, une légère peur l’empêchait de s’y rendre. Le garçon se disait que cette chose avait été gentille, mais la prochaine fois son attitude ne serait peut-être pas la même. Il avait fini par conclure qu’il fallait laisser une part de mystères dans la vie.

 

Ce soir-là, la famille se prépara à une bonne soirée. La mère s’occupa de la table et de la décoration. Elle avait trouvé dans un carton des guirlandes électriques composées de grosses ampoules diffusant une lumière blanche. Elle les attacha à des arbres en faisant passer au-dessus de la table de camping où ils allèrent manger. La lumière électrique combinée avec celle de la lune produisait un dôme qui repoussait les ténèbres, mais pas les moustiques. Cela formait une atmosphère de bal musette d’après-guerre. Pendant ce temps, le père et son fils préparaient le barbecue pour les grillades, composées de merguez, de côtes de porc épissé, et d’andouillettes. Le feu était alimenté par du bois. Aussitôt la nourriture posée sur la grille, une agréable odeur, propre à cette situation, enveloppa la famille. La fumée s’élevait à la verticale et formait un petit nuage au niveau du deuxième étage de la maison.

La table fut recouverte d’une nappe rouge qui mettait en valeur les assiettes en carton dorées et les verres ballons à reflets bleus. Quelques bougies rondes posées dans un récipient rempli d’eau voyageaient tels des radeaux sans but. Des pédales de fleurs roses comblaient le vide.

Ils dînèrent dans la bonne humeur. Tous riaient, racontaient des blagues et surtout mangeaient avec délice. Ce somptueux moment se termina par la grillade de chamallows.

 

               Le lendemain, le trio plia bagage et reprit la route, direction la demeure familiale. Durant le trajet, Dorian repensa à ses merveilleuses vacances avec nostalgie et un peu de perplexité. Dans trois jours, il pourra raconter tout cela à ses amis de classe.