Des roulottes en bois coloré par des tons très vifs longeaient, sur un chantier poussiéreux et jonché de cailloux souvent expulsés par les grandes roues qui fessaient voltigé la poussière, un lac étincelant au soleil de midi. Cet astre enveloppait ce lieu d’une intense chaleur. L’eau se froissait avec des petites vagues mourant sur des pierres où des têtards réalisaient leurs premiers battements queue, mais au pare avant elles naissaient d’une légère brise d’été qui fessait peu mouvoir les feuilles des arbres bordant le chemin et arborant tout un large éventail de vert très gai. À leur pied, des touffes d’herbes servaient comme abri aux criquets. Ils rendaient le calme totalement inexistant. L’étendue liquide s’entourait, à environ cinquante mètres du rivage couvert de gros cailloux brûlants, de collines peu hautes entièrement submergées par une unique forêt. Parfois, elle se retirait pour cause d’un ancien éboulis.

Parmi ces gitans se trouvait une jeune fille assise sur l’avant d’une roulotte possédant un toit vert et tirée par un cheval de trait, plus précisément un Ardennais. On pouvait estimer son âge à une vingtaine d’années vu son visage juvénile qui reflétait le calme, mais s’endurcissait avec des traits légèrement masculins. Sa tête, un peu trop allongée, s’entourait d’une chevelure frisée couleur noir corbeau descendant jusqu’au milieu du dos telle une cascade agitée. Elle possédait des yeux marron lançant un regard confiant et animé d’une grande joie de vivre, comme si elle avait vécu l’enfer.

En effet, Sarah, la jeune femme, venait de vivre trois ans dans camps d’extermination au fin fond de l’Allemagne. Durant la première année, ses parents vécurent en sa compagnie avec une cinquantaine d’autres détenus sous le même toit, dans des conditions de vie totalement insalubre. L’exemple le plus significatif étant certainement les cinq seaux servant de toilette.

Pendant une journée hivernale, sa mère et son père furent amenés au four crématoire, car les soldats nazis avaient eût l’ordre de libérer des places pour les nouveaux arrivants. Sarah dormait encore quand cela arriva. À son réveille, elle comprit immédiatement la situation et transforma aussitôt sa tristesse en carapace en but de se protéger de son environnement, si bien que, le jour où les nazis vinrent la chercher pour lui faire pendre sa dernière douche, elle proposât ses services charnels. Évidemment, les hommes acceptèrent, car cela faisait trois mois qu’aucun rapport sexuel avec une femme ne leur fut proposé (dans les moments pareils, les hommes oublient facilement leurs idéaux). Grâce à ce fait, la fille évita durant deux ans la mort en se prostituant, non pas par raison pécuniaire, mais simplement pour prolonger sa vie de quelques semaines. Parfois, elle devait subir des viols collectifs plusieurs fois en une seule journée, entre les murs des bureaux des officiers. Durant les jours extrêmes, les responsables du camp fessaient intervenir des chiens ou des objets insolites. Chaque fois, Sarah partait dans des mondes imaginaires pour diminuer sa douleur physique, mais surtout mentale. Le plus souvent, son univers se voulait être une forêt tropicale parmi lesquelles elle se promenait en compagnie divers animaux. La jeune femme discutait logement avec eux au sujet de la sauvagerie des êtres humains.

Par ses pratiques, l’adolescente attira rapidement la colère des autres détenus qui essayaient de faire de même avec leur corps, même les individus masculins. Leurs efforts restaient vains, seule Sarah détenait, grâce à sa beauté naturelle, ce rôle lui offrant nombreux privilèges, comme le fait de pouvoir prendre plus de douches ou d’avoir un peu plus de nourriture.

En 1945, l’armée américaine libéra le camp. La jeune femme libre décida de sillonner la France en compagnie d’un groupe de gitans.

 

Elle admirait le lac entre les troncs d’arbres, en profitant au maximum de l’instant présent, au travers de petits moments plaisants, à l’identique de la population française qui sortait tout juste de six horribles années rythmées au vacarme des bombardements, à la vue des cadavres déchiquetés par les mitrailleuses, aux arrestations sommaires et à la famine. Concernant ce sujet, de son côté, après sa libération, notre héroïne prit vingt kilos en redécouvrant le plaisir gastronomique. Sa silhouette trahissait se fait. Cependant, le détail le plus révélateur était certainement son corset rouge en dentelle qui possédait un décolleté très bien rempli, même trop vu que la partie haute des seins passait au-dessus de la limite du vêtement. Ses jambes se dissimulaient sous une longue robe noire décorée par une grosse rose rouge située au centre.

 

Le petit groupe arriva sur la place principale d’un petit village pittoresque typique au sud de la France. Par chance, aucun dommage durant la guerre ne l’avait défiguré. L’endroit où ils se trouvaient s’encadrer de platanes offrant une ombre fraiche aux éventuels joueurs de pétanque appartenant tous au troisième âge. Une petite église blanche se dressait à l’extrémité. Tout était si calme, seuls les oiseaux osaient perturber la période de la sieste respectée par tous les vieux du village. Ce moment de la journée mettait le temps à l’arrêt : les ruelles étaient vidées de leurs activités, les magasins baissaient rideau, les terrasses des cafés offraient des terrains de jeux à des chats libres accompagnés par une légère brise. Et, si par hasard ou plutôt par chance, on rencontrait un individu au détour d’une étroite rue, l’impression que nous aurons ce serait de voir une femme ou un homme totalement apathique pour cause de forte chaleur.

Aussitôt, les chevaux à l’arrêt, la moitié des personnes de sexe masculin monta la scène pour les futures représentations et l’autre moitié s’occupa des animaux. Pendant ce temps, les femmes préparaient le repas dans une roulotte prévue à cet effet. Une heure après, tout le monde se rassembla au centre de la place, en formant un large cercle composé uniquement par des musiciens hommes. Les dames s’exerçaient, au centre, à leur danse traditionnelle pour les différents spectacles à venir. Sarah dansait à part du groupe, dans une sorte de transe lui faisant fermer les yeux et sourire à peu bêtement comme si elle était simple d’esprit naturellement ou artificiellement. Ses mouvements gracieux trouvaient existence dans la lenteur même.

Non loin de là, un jeune homme habillait d’une chemise à carreaux rouge et d’un jeans délavé revenait de la pêche. Il portait une casquette grise et blanche à six côtés, avec une courte visière. Elle était en équilibre sur une touffe de cheveux bruns mal peignée. Son visage juvénile portait une fine barbe parsemée sur les joues gonflées par un surplus de nourriture, et autour d’une bouche un peu plus grosse de la moyenne. Pierre n’avait que seize ans, mais sa taille lui en donnait au moins vingt. Cette particularité était propre à sa famille qui était les seuls fermiers de la région. Les habitants du coin n’hésitaient pas à faire plusieurs kilomètres pour acheter diverses denrées alimentaires totalement naturelles, évidemment. Le père, un homme possédant une musculature digne d’un bœuf, travaillait chaque jour été comme hiver aux champs, pendant que sa mère, une petite grosse femme aux cheveux courts et frisés portant uniquement de longues robes à pièce unique très large et recouverte d’un tablier blanc immaculé de taches de sangs d’animaux, s’occupait avec son fils des bêtes.

Pierre, le jeune homme, était timide. À l’école, la solitude l’accompagnait toujours, non pas par obligation, mais par volonté. Il s’amusait avec la nature en l’observant, en l’apprenant et en la protégeant. Quelques filles l’avaient déjà fait chavirer son cœur. Chaque fois, il n’avait pas osé aller les voir pour faire leur connaissance. Cependant, depuis à certains temps, il se sentait attirer de plus en plus par eux, surtout par l’envie de les toucher, de les caresser et de les embrasser.

En montant la pente menant à la place, Pierre vit Sarah en train de danser. Tout de suite, une chose non habituelle se passa en lui. Il la trouva très belle dans sa longue robe blanche qui mettait en valeur son teint brun, tout en cachant ses formes. Il resta dix minutes à l’observer d’un air rêveur. Puis, reparti en direction de la demeure familiale.

 

Le jeune homme arriva devant une ferme organisée au tour d’une cour intérieure devancée par une arche taillée dans un mur en pierre rouge. Une terre sèche et complètement craquelée pour cause de grande sécheresse couvrait le sol, tout comme les nombreuses fientes provenant des poules et des coques qui se promenaient selon leur grès.

Le jeune homme quitta l’odeur des animaux pour la senteur d’un ragoût de carotte préparé par sa mère en hâte, entre deux nettoyages d’étable. La cuisine était décorée par des photos en noir et blanc d’un jeune homme à peine plus vieux que Pierre.

« J’espère que tu as pris plein de poisson »

« Oui maman, vingt-cinq belles truites »

« Magnifique mon fils, j’irai en vendre demain aux bohémiens. Au fait, à propos d’eux, ce soir, lorsque ton père revendra des champs, on ira voir leur représentation pour nous détendre un peu »

La joie ressentît par Pierre figea un bête sourire sur ses lèvres. La femme surprise, car cela fessait des années qu’elle n’avait pas vu son fils heureux, s’exclama :

« Mon fils, ça va ? Tu as l’air tout con, d’un coup »

« Suis juste content pour ce soir »

Le garçon passa son après-midi à s’occuper des vaches comme d’habitude. Cependant, cette fois, l’attention ne paraissait pas être au rendez-vous à cause d’une inconnue danseuse monopolisant son esprit échauffé d’adolescent désireux de coucher avec une fille.

 

Le soir venu, la famille se rendit sur la place du village décorée pour l’occasion avec des guirlandes électriques à grosses ampoules blanches reliant les arbres de chaque côté du lieu, créant ainsi un plafond lumineux sous lequel été disposé devant une scène des bancs en bois pour les spectateurs déjà nombreux. Il régnait une atmosphère festive au travers d’une agréable odeur mêlant la pomme d’amour, la barbe à papa et les diverses friandises. Même les criquets s’invitaient au rendez-vous par leur chant caractéristique du sud de la France.

Pierre posa à peine ses fesses sur le banc du dernier rang qu’une petite explosion retentit au centre de la scène, produisant une opaque fumée blanche servant à faire office de rideau éphémère pour l’apparition d’un homme moustachu au charisme artificiel et sur joué. Il incarnait le rôle de présentateur pour les différents numéros de la soirée réalisés par les saltimbanques composés d’acrobates, de jongleurs, de cracheurs de feu, et de clown. Puis, vient le tour des danseuses accompagnées par leurs musiciens installés à gauche de la scène pour laisser toute la place aux femmes. Évidemment, Sarah était présente. Elle tourbillonnait, sautillait et valsait avec légèreté et grâce.

Pierre n’avait d’yeux que pour elle. Il admirait sa féminité, tout en imaginant être à ses côtés. À la suite du spectacle, l’adolescent décida de prendre son courage à deux mains et d’aller rencontrer la jeune bohémienne pour faire sa connaissance. Il se présenta face à sa roulotte, gravit les trois marches, puis frappa à la porte. En redescendant le petit escalier, la porte s’ouvrit et en relevant la tête, il la vit se tenir sur le seuil de la porte. Derrière elle, on apercevait des bougies posées sur une commode. Sarah pris la parole :

« Bonjour jeune homme, c’est pourquoi ? »

« Je vous ai vu danser et je vous ai trouvé très belle donc je souhaite faire votre connaissance »

« Merci pour ce compliment, mais ne me vouvoie pas, car cela me vieillit. Rendre donc, on va boire un verre »

Sarah parlait d’une voix grave, non pas comme un homme, car il avait toujours une grande féminité parmi sa voie, mais plutôt comme une chanteuse de jazz. Cette particularité lui donnait un côté suave.

Les deux jeunes personnes rentrèrent dans la roulotte fortement décorée avec des dessins de grosses fleurs multicolores. Ils s’assirent sur une banquette encadrant une table où était posée une bouteille de vin rosé à moitié vide. D’abord, la discussion eut pour sujet les présentations simples, puis vient le tour de leur passé pour tant court, mais si chargé, on pouvait dire qu’ils ont vécu une vie entière en quelques années seulement. Ce moment plaisant se termina vers une heure après minuit par la promesse faite par Sarah de revoir Pierre, le lendemain.

 

La semaine commença par un premier baiser sur la bouche au cours d’une promenade autour du lac. C’était le premier la première fois pour Pierre, cela lui fit sentir homme.

Les jours suivants se résumaient pour la femme comme suit : balades main dans la main, répétitions et représentations. Le vendredi matin, Sarah donna rendez-vous à son petit ami au bord du lac sur le ponton à vingt-trois heures.

 

Pierre arriva à l’heure dite devant le ponton où Sarah l’attendait habillée uniquement d’une longue robe blanche et d’une paire de grosses chaussures noir montant jusqu’au milieu de ses mollets. Malgré la nuit, qui apportait quelque chose un peu féérique au travers des centaines de lucioles illuminant le lac et des grenouilles répondant aux criquets dans une symphonie improvisée, le jeune homme aperçût que sa copine ne portait rien en dessous de sa fine robe. Il avança vers elle tout en se concentrant, pour se calmer, sur la nature endormie non pas seulement par l’heure tardive, mais également par la chaleur qui était encore étouffante malgré l’absence du soleil. Sarah comprit, aux premiers mots de Pierre, que ce dernier subissait un grand stress sûrement à cause ce qu’il allait se passer. Elle lui proposa d’enlever ses chaussures afin de tremper leurs pieds tout en discutant de choses et d’autres. Après dix minutes de dialogue ennuyeux, notre héroïne se leva, et d’un geste d’une fluidité presque surnaturel enleva sa robe. Ensuite aida Pierre, qui semblait être complètement stupéfait par la rapidité de la scène, à se mettre debout à son tour. Le garçon ne servait pas quoi faire face à tant d’inconnu. Une ferme poitrine généreuse lui donnait envie de les prendre en plaine et de retrouver des sensations connues lorsqu’il avait cinq ans. Sarah comprit son envie grâce à son regard soutenu. Elle avança, pris les mains masculines, puis les plaça délicatement sur ses seins en disant :

« N’ai pas peur, fait ce que tu as envie »

À ces mots, Pierre prit les deux seins en même temps, et les palpa comme quand il le fessait avec un fruit pour voir sa maturité. La fille se mordit distraitement sa lèvre, empêchant ainsi un léger rire moqueur de sortir et, par la même occasion, de frustrer le jeune homme effectuant de son mieux malgré le fait qui se sentait gêné, car une forte pression déformait son pantalon au niveau de sa braguette. Cette pression, il la connaissait bien. Chaque fois qu’il rêvait d’une femme en maillot de bain, elle venait le perturber dans son sommeil, puis lui donnait un bien-être sans semblable, et finalement lui mouillait son pantalon de pyjama. À cette pensée, Pierre s’empressa de dire avec une certaine gêne dans la voie :

« Quand mon pénis est tout dur, comme en ce moment, je finis toujours par pisser et je ne veux pas le faire sur toi »

« Gros bêta ! Ce n’est pas de la pisse, c’est du sperme »

« C’est pour faire les bébés ? »

« Exactement »

« Mais, on va être parents ? »

« Non, ne t’en fais pas, je prends des potions pour ne pas être enceinte »

Sarah retira la chemise avec grande difficulté pour cause de raideur. Elle cola sa poitrine sur son torse nu, tout en l’embrassa langoureusement sur la bouche et dans le cou. Le garçon était gêné avec ses mains, il ne servait pas où les mettre, une fois sur le dos, une fois sur fesses rebondies, mais pas trop longtemps de crainte de mouiller son pantalon.

Sarah abaissa en même temps le jeans et le slip. Aussitôt, un pénis tendu au maximum vint rebondir sur le bas ventre du garçon, en produisant un très léger bruit, à peine audible. La jeune dame pensa, dans un premier temps, à pratiquer une fellation, mais elle se ravisa en réfléchissant que pour son compagnon c’était sûrement sa première relation sexuelle, et donc, elle allait avoir une mauvaise surprise. La gitane demanda à l’adolescent de s’allonger sur la couverture qu’elle venait d’installer au bout du ponton.

Une heure plus tard, le nouveau Pierre était étendu dans son lit rêvant déjà d’un magnifique mariage.

 

Le lendemain matin, vers huit heures, Pierre se rendit, comme chaque jour de la semaine, sur la place du village pour rendre visite à sa bienaimée. Cependant, cette fois, une mauvaise surprise l’attendait. En effet, les gitans étaient en train de démonter la scène et d’attacher les chevaux aux roulottes. Le jeune garçon avança d’un pas assuré vers Sarah qui rangeait ses vêtements dans grosse male en cuir marron. À sa vue, elle se sentit gêné et décida de prendre les devants :

« Bonjour Pierre, vient dans ma roulotte, on doit parler »

« Oui, je te comprends, ce n’est pas facile pour toi de quitter tes amis. Cependant, j’ai une surprise, tu peux venir vivre chez mes parents, ils sont d’accord »

Sarah sourit timidement.

« C’est très gentil. Cependant, je n’ai aucune envie de quitter mon groupe, c’est ma famille »

« Pas problème, je viens avec toi. Laisse-moi juste le temps de pendre mes affaires »

« Tu es mignon ! Pierre, tu es un garçon adorable et je suis sûr qu’un jour, tu trouveras une fille digne de ton amour, car pour moi, tu étais seulement une aventure amoureuse d’une semaine, comme les autres hommes que j’ai rencontrés dans d’autres villages, à la différence près, tu es nettement plus respectueux que les autres. Quand je reviendrai ici, viens me voir, on passera encore de bons moments ensemble »

« Je croyais qu’on allait se marier »

Sarah émit un léger rire.

« Cette réaction est normale, car je suis ton premier grand amour. Ne t’inquiète pas, un jour, tu trouveras ta femme. À présent, il faudrait mieux que tu partes, car les séparations les plus courtes sont les moins douloureuses »

Sans même laisser Pierre répondre à cette douloureuse phrase, Sahara partit s’enfermer dans sa roulotte, évitant ainsi une longue confrontation avec son ex temporaire petit ami. Ce dernier resta seul au milieu de la place, complètement abasourdi par la rapidité de la scène qui venait se passer et où il était un simple spectateur. Tout se mélangeait dans son esprit : plus d’avenir, plus de mariage, retour à sa solitude et… il courut en larmes vers sa maison, complètement perdu. Son sang cognait sur ses tempes, ce qui lui donnait un mal de crâne épouvantable accentué par la luminosité du soleil qui fessait briller ses larmes sur ses joues rougies par l’effort physique. Il ne réfléchissait même plus, il voyait juste ses rêves brisés. Un rêve certes absurde pour n’importe quelle personne hors de cette scène, mais tellement réel pour Pierre qui n’avait jamais connu l’amour auparavant et qu’aucune fille ne s’était intéressée à lui. En seulement une semaine, une femme lui avait fait découvrir le monde du « couple » avec toutes ses sensations, aussi bien sensuelles que sexuelles.

Il arriva à la ferme où sa mère ramassait les fientes de poules pour ensuite s’en servir comme fumier. Le garçon se dirigea vers une grange servant à entreposer le foin. Monta à l’étage le plus rapidement possible, car sa génitrice le suivait pour avoir plus d’informations, même si elle pensait savoir l’origine de la tristesse de leur fils. Dès que Pierre arriva sur le plancher, il ferma à clef la porte derrière lui, puis poussa contre cette dernière un énorme sac de grain.   À peine cinq secondes plus tard, sa mère tambourinait en criant :

« Ouvre-nous, ne fais pas de bêtise pour une fille qui ne mérite pas ton amour »

Être deux sanglots, Pierre leur répondit :

« Comment tu le sais que c’est à cause de Sarah ? »

« Moi et ton père, on a été jeune avant toi, on a eu également des déceptions amoureuses donc on sait que c’est très douloureux, mais on arrive toujours à surmonter ce mauvais moment avec le temps, fait nous confiance. À présent, ouvre-moi la porte s’il te plaît »

La femme eut comme réponse une série de sanglots.

L’homme effondré avança sur des planches craquantes vers le côté sans mur de la pièce qui servait à faire monter les ballots de paille à l’aide d’une poulie et d’une corde. Cette ouverture donnait sur des champs de lavande entre coupés par des pelouses brûlées par le soleil. Il plaça ses pieds au bord du vide et regarda le sol qui se trouvait à vingt mettre en dessous de lui. Les pleures redoublèrent à quel point cela ressemblait à de la folie qui déformait son visage en lui fessant faire des grimaces ridicules. Folie, oui, car il ne pensait plus, il voyait uniquement sa rupture, sa fin de sa courte de vie de couple, et une seule question accaparait son esprit : pourquoi continuer de vivre sans elle ?

Pierre mit son poids vers l’avant, en disant à voix basse cette phrase :

« Sarah, je t’attends là-haut »

Son visage heurta violemment, en produisait un bruit semblable à l’éclatement à une grosse pastèque, la dalle de béton qui se trouvait en dessous et qui fessait face à une pelouse. Elle se fit éclabousser par des jets de sang ce qui eut pour effet de créer des gouttelettes rouges aux côtés des perles de rosée. Cet ensemble de perles brillait au soleil. Pierre formait une croix parfaite, car les jambes étaient droites et serrées l’une contre l’autre, et les bras s’écartaient du corps. Une mare de sang s’était formée autour de sa tête tournée face contre terre, donnant l’impression d’être enfoncé dans le béton. La mère accourut à ses côtés, puis s’agenouillât auprès du corps inerte en pleurant.

 

À moitié dissimulée derrière le mur d’entrée de la cour, Sarah regardait avec des yeux remplis de joie la scène pour temps terriblement tragique. Elle prenait un grand plaisir à voir Pierre mort, ou tout au moins en train de mourir, comme face à un très beau paysage. Elle devait effectuer un effort permanent pour ne pas s’approcher de la scène pour voir plus de détails et ainsi augmenter son plaisir tellement malsain pour une personne hors de son passé. En effet, les viols subits l’avaient fait haïr tous les hommes et par conséquent à se venger. Cependant, comme elle était maligne, elle n’avait pas opté pour le meurtre avec application directe, mais pour une assistassions au suicide indirect. Pour se faire, chaque fois qu’elle arrivait dans un nouveau village en compagnie de sa troupe, elle repérait rapidement un adolescent isolé et fragile psychologiquement, puis le draguait et se mettait en couple avec pour enfin se séparer de lui et le faire souffrir jusqu’au suicide. Généralement, le final était plus long à venir (elle devait revenir quelques jours après sa rupture pour contempler son travail), mais elle savait très bien qu’avec Pierre, cela allait être nettement plus rapide qu’en temps normal, car l’adolescent était encore fortement attristé par la mort de son grand frère durant la guerre.

Sarah partit tout sourire avant l’arrivée du médecin, laissant derrière elle, une onzième famille dans un deuil matinal.

 

Par la suite, Sarah continua sa tournée meurtrière jusqu’à sa vingtième victime, dans un village du nord de la France où elle trouva une compagne de son âge nommée Émilie et qui avait également subi des viols durant la guerre. Peu de temps après, elles décidèrent d’enlever un garçonnet de quelques mois pour l’élever loin de la civilisation dans les Pyrénées. Leur éducation se concentra uniquement sur le respect des femmes. Comme cela, elles espéraient créer une génération d’hommes parfaits, ou plutôt des « hommes-femmes ».

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