person reading book on brown and beige textile

Des millions d’étoiles brillent au-dessus de ma tête, au sein d’une nuit éclairait par la pleine lune se reflétant dans les nombreux trous d’eau qui trempe mes pieds tout la journée. Ces dernières se résument simplement à une peur constante de la mort. Suis accompagné par des dizaines de rats me servant parfois d’amis durant mes longes garde, parfois de nourriture de fortune. Ils passent sur mon côté en poussant des petits cris fortement aigus. Je guette le front ennemi avec ma lunette de fusil, à la recherche d’une cible potentielle. Tout est calme, pas un seul mouvement, pas de bruit ni de lumière, juste des barbelés se balançant au grès d’une légère brise fraîche. Les forts protégeant les mitrailleuses lourdes se dressent solidement parmi la pénombre totale. Mais au fait, si mon canon vise un soldat, serai-je capable de tirer sachant que lui aussi il a une vie avec un passé, un présent et un futur ? Oui pour sauver ma vie ou venger un ami, sinon dans une autre situation je ne pense pas être capable, car la bête noire en moi n’est plus assez forte. L’aire se sature d’une odeur mêlant celle de la terre mouillée avec celle provenant des cadavres en décomposition, l’habitude nous empêche d’avoir de hauts cœurs. Soudain, une dame brune apparaît dans mon viseur. Ma femme, Saïa, est là, présente, et si authentique malgré la connaissance de sa non-existence réelle. Elle danse, entouré d’une lumière forte, en faisant volait légèrement sa longue robe blanche à fleurs bleues. Cet ange est tellement gracieux, tellement magnifique, tellement souriant que je veux la rejoindre au plus vite en me moquant des balles ou des mines. Une seule envie me domine : valser avec la mère de mon futur enfant. Oui, je vais être papa, moi le rebelle, le dur à cuir, le dépourvus de sentiment. Saïa m’a complètement transformé en une chose bouillonnant d’amour et de faiblesses, comme le fait d’avoir constamment peur pour notre futur bébé bien que je ne l’aie jamais vue jusqu’à présent. Vous être tous les deux mon avenir.

Le paysage sorti tout droit de l’enfer disparaît en une fraction de seconde, pour laisser place à une immense plaine verte vallonnée surplombée par un infini ciel bleu taché uniquement par le soleil qui enveloppe notre couple avec sa douce chaleur. Nos corps enlacés valsent au rhyme du vent animant l’herbe comme une mer sans rivage. Nos regards sont perdus l’un dans l’autre, sans aucune pensée, seulement des sensations agréables. Dépose un tendre baiser sur ses lèvres légèrement humides, en fermant mes yeux. Son vendre rond effleure le mien, j’ai l’impression de caresser mon bébé.

Au loin, des détonations retentissent sans me perturber ni m’apeurer, puis des cris reprenant mon prénom. Je m’en fiche de tout ce boucan, le bonheur de l’instant me comble totalement et l’enfer est devenu un paradis, mon paradis d’où je vais regarder ma femme joué son rôle de mère avec notre fils, Jackson. Petit homme, je ne pourrais pas te connaître, te voir grandir, te faire faire tes premiers pas, te nourrir ou t’aimais tout simplement. Suis vraiment désolé mon ange, mais papa était obligé de partir au front sous les ordres de vilains messieurs qui reste derrière leur bureau toute la journée et chaque soir embrasse leurs enfants avant qu’ils aillent au lit. Saïa, ma femme, soit forte pour notre futur petit amour. Ne soit pas anxieuse, je te connais parfaitement, tu seras une très bonne mère très attentionnée. Je t’aime ma puce et espère que tu me pardonneras une fois ton deuil terminé, puis vu ta jeunesse, n’existe pas à te remarier pour ton bonheur et afin d’offrir une figure paternelle à Jackson. Je serai toujours présent au travers de lui et de tes souvenirs. Ne noie pas trop tes douces joues, fais-les plutôt creuser par des rides rieuses.

Au revoir mes amours, je vous aime.

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